Un premier amour

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 Je me souviens de la première où je l'ai vu. Il a fait vibrer mon cœur, me faisait monter le rouge aux joues. Moi qui ne suis pas d'un naturel timide, j'étais fébrile chaque fois que son regard croisait le mien. Ce sentiment si puissant et beau qu'est l'amour, c'est ce que je ressens pour lui. Mon premier amour a fait grandir en moi un sentiment de peur. J'essayais de lutter contre ce sentiment au début, je ne voulais pas laisser l'anxiété prendre le dessus. C'était un drôle de sentiment, un sentiment de peur et d'angoisse qui m'envahissait. Ces nouvelles émotions m'intriguaient et me laissaient perplexes. Mais le bonheur était également présent et chassait ces sombres sentiments de mon cœur. Je ne demandais rien, je n'espérais rien. Le simple fait de le voir m'emplissait de joie. Je n'arrivais plus à penser correctement à ses côtés. Mon cœur prenait le dessus sur ma raison, comme une lutte à l'intérieur de moi-même. J'ai toujours été une personne rationnelle, mais il a tout chamboulé dans ma vie. Il a créé en moi un désordre et je ne savais qu'en faire. D'un côté, je voulais oublier, redevenir la personne que j'étais avant, mais ce sentiment est si beau et si tendre. C'est quelque chose qui vous berce, qui vous encourage, vous donne une raison d'avancer.

     Je le voyais de plus en plus souvent. Petit à petit, il s'était intégré dans mon groupe d'amis et j'avoue qu'il m'était difficile de cacher mon enthousiasme. Nous nous rapprochions, en tous cas, j'essayais. Ma raison me criait de m'éloigner et de prendre mes distances, que ce n'était pas une bonne idée, qu'il n'était pas la bonne personne... Mon cœur, au contraire, m'attirait vers cette personne, le réclamait. J'étais dans un combat contre moi-même où j'avais l'impression que je ne pouvais ni perdre ni gagner. L'une des issus auraient-elles une fin heureuse ? Je ne pouvais pas lire l'avenir, je ne pouvais pas le savoir. Mais ce sont les questions qui trottaient dans ma tête il y a quelques mois. Des tas et des tas de questions envahissaient mon esprit et m'empêchaient parfois même de dormir. M'aimerait-il un jour ? Avais-je mes chances ? Si c'était le cas, n'était-ce pas une mauvaise idée de me mettre en couple ? Ou était-ce une énorme bêtise ? Il accaparait mes pensées, jour et nuit, je ne pensais qu'à lui.

     Je me souviendrai toujours de cette douce nuit d'été. Celle où tous ces doutes s'évaporèrent, celle où les réponses à mes questions apparurent soudainement dans mon esprit. Ce qui a permis tout cela, c'est notre premier baiser. À ce moment-là, je savais que c'était lui et personne d'autre. Je savais que je l'aimais, que ce que je ressentais était bel et bien réel, que c'était puissant. Ma peau frissonnait au contact de ses mains sur ma nuque. Mon cœur s'emballait au moment même où ses lèvres ont frôlé les miennes. Un baiser si doux et puissant à la fois. Mes jambes sont devenues fragiles lorsqu'il a resserré son étreinte. Mon corps entier brûlait de passion pour cet être à qui je m'offrais à travers ce baiser. Mes mains cherchaient son contact, je le serrais également plus près de moi encore. Mes doigts passaient entre ses cheveux bruns en bataille, je sentais son cœur battre contre ma poitrine. Le mien chavirait et s'emballait. J'aurais voulu que nous restions ainsi pour toujours, que le temps s'arrête. Depuis cette nuit, chaque jour est de plus en plus beau. Notre relation s'est renforcée au fil du temps. Même si j'avoue qu'il m'était difficile de passer certaines étapes plus intimes. Une première fois que j'aurai pensé compliquée, je craignais de ressentir de la douleur. Il n'en n'était rien, il a su se montrer tendre et compréhensif. Un moment mémorable, qu'il a rendu romantique autant qu'il était possible. Cependant, une telle relation n'empêche pas quelques complications. Je l'aime, je l'aime d'un amour fou et je sais que ces sentiments sont réciproques. Je supporte les insultes qui se font de plus en plus nombreuses, celles que je n'entendais pas à la naissance de notre relation. Je les oublie par amour pour lui. Pour l'instant, je n'ai pas eu à subir de coups. J'espère bien que ça ne sera jamais le cas, mais je sais que rien ne m'empêchera de l'aimer. Je ne garde que le meilleur de notre relation et malgré ces petits accrocs, je l'aime toujours. Il est plutôt contradictoire de dire que je n'ai jamais cru à l'âme sœur, car c'est comme si nous nous complétions. Une véritable harmonie de cœur et de corps s'était installée entre nous et rien ne pouvais changer cela. Pas même ces comportements parfois difficiles. Je continue et je continuerai de l'aimer.

     Voilà le jour qui me faisait tant angoisser. Mes parents ont toujours voulu que je leur présente quelqu'un, pensant que c'était absolument nécessaire à mon bonheur. Je ne pense pas que l'amour soit essentiel au bonheur, mais je mentirais si je disais qu'il n'y joue pas un rôle. Lorsque je leur ai annoncé que j'allais leur présenter la personne qui a volé mon cœur, ils ont tout de suite posé un tas de questions. Ils semblaient presque plus heureux que moi de savoir que je suis en couple. Je leur ai donné le moins d'informations possible sur lui. J'ai peur qu'il ne leur plaise pas, qu'il ne soit pas à leur goût. Je préfère qu'ils le découvrent une fois qu'ils le rencontreront. Mon cœur s'emballe lorsque la sonnerie de la maison retentit. Je crie à mes parents que je vais ouvrir et me précipite vers la porte. Je ne sais pas si c'est l'angoisse de sa rencontre avec ma famille ou si c'est simplement l'amour que j'éprouve pour lui qui me précipite vers la porte. À peine puis-je le voir que je me jette sur lui. J'ai bien fait attention à ce que mes parents ne soient pas dans la même pièce. Il serre son étreinte autour de moi pendant que je lui offre mes lèvres. Même si cela fait plusieurs mois que nous sommes maintenant ensemble, ses baisers me font toujours autant d'effet. C'est un amour réel, un profond lien qui nous unit. Je dois assembler toute la volonté du monde pour m'éloigner de lui. Cela fait des semaines qu'il me demande de rencontrer mes parents. J'ai longtemps hésité, mais je sais que ça serait arrivé quoi que j'en pense. Autant le faire maintenant, mes parents ont le droit de savoir qui est l'être le plus cher à mon cœur. J'entends d'ailleurs la voix de ma mère derrière moi, saluant mon copain. Celle de mon père suit juste après. Ils s'approchent de lui, tout sourire et se présentent. Mon homme en fait de même. Je soupire de soulagement. Certes, il ne s'agit que du tout premier contact, mais il s'est bien passé et c'est déjà une bonne chose.

     Les présentations faites, nous nous installons à table pour dîner. Il propose à mes parents et moi-même toute l'aide dont nous avons besoin. Je souris en regardant cet homme pour qui je ressens un amour profond. Je sais qu'il ne fait pas ça simplement pour paraître poli et faire bonne impression. Il est d'un naturel gentil et généreux, c'est l'un de ses traits de personnalité qui me fait fondre. Au moment de manger, les conversations vont bon train. Mes parents constatent les nombreuses passions communes que nous avons lui et moi. Je lui ai fait découvrir certaines des miennes et vice-versa. Mes parents me jettent des petits regards complices tout en expliquant à mon copain qu'ils se disaient bien que j'avais bien changé depuis quelques mois. Depuis que nous sommes ensemble, je suis effectivement une personne plus confiante, je m'affirme. J'ai également une plus grande curiosité, le monde m'intrigue et j'ai envie de découvrir ce qu'il a à offrir. C'est un trait de personnalité qu'il m'a transmis. Notre relation n'est pas qu'un échange perpétuel d'amour. Nous partageons également nos passions, nos peines et nos joies. En bref, ce qui nous rend vivants. C'est le seul qui a réussi à m'offrir cela, la sensation d'être en vie. Celle où vous ne vous contentez pas d'exister, celle où vous profitez, celle qui vous fait ressentir tout un tas d'émotions. Il m'a transmis cette passion. Il n'y a qu'avec lui que je me sens réellement moi-même. C'est pour cette raison, que peu importe les difficultés que nous traversons et que nous traverserons à l'avenir, je n'aime que lui. Il m'a fait m'aimer et aimer la vie. Je l'entends subitement appeler mon nom. Ma main dans la sienne, je me rend compte que j'en avais oublié ce qui se passait autour de moi. Comme je le disais, il occupe mon esprit. Ma mère avait essayé de m'appeler à maintes reprises, mais je n'avais pas entendu. Je le vois lui et mes parents, me regardant en riant, me taquinant sur mon éternelle tête en l'air. Je ris de bon cœur avec eux.

     Nous l'accompagnons tous trois jusqu'à la porte. Il repart ce soir et bien que je le retrouve demain, mon cœur se serre toujours lors des "au revoir". Nous nous embrassons une dernière fois avant qu'il ne s'en aille. Lorsque la porte se ferme, mes parents me regardent en souriant. La soirée s'est bien passée mais je sais que si quelque chose les avait gêné ils n'auraient fait aucune remarque tant qu'il était là. Ils attendaient que nous ne soyons que tous les trois pour discuter. L'ont-ils vraiment apprécié ? Mon père me regarde et me prend dans ses bras. Surpris pas ce geste, je fonds en larmes. Ce dîner était fabuleux, mais je ne relâchais jamais mon attention, détectant le moindre signe qui pourrait trahir mes parents de leur déception. Il n'en n'est rien. Mon père caresse mon dos de ses puissantes mains. Je resserre l'étreinte, j'ai besoin de savoir que mes parents m'aiment. Certes, leurs avis n'auraient rien changé à mon amour pour lui, mais ils sont trop importants pour moi. Je ne voulais pas les décevoir, je sais que la rencontre d'un partenaire est un moment important. Après de longues minutes d'étreinte, mon père me prend par les épaules plongeant son regard dans le mien. Ma mère est juste à côté de lui, les larmes au bord des yeux, mais un sourire est tout de même visible sur son visage.

- Mon fils, tu pensais vraiment que nous étions comme ça ?

     Je ris nerveusement. À vrai dire, je pense que j'ai toujours su qu'ils auraient été tolérants, mais avec tout ce qui s'est passé, je ne savais plus quoi penser. Suite à toute ces insultes des passants, ces regards noirs comme si nous étions des criminels, j'ai commencé à angoisser. J'avais tellement peur que mes parents ne l'acceptent pas, qu'ils me rejettent. Ma mère m'enlace à son tour. Mes larmes ne s'arrêtent plus de couler, mais cette fois-ci, ce sont des larmes de soulagement. Je suis si fier, fier de mon copain, fier de moi et fier de mon couple. Peut-être bien qu'un jour, les gens ne nous regarderons plus. Peut-être bien qu'un jour, les autres comprendront que nous sommes comme n'importe qui, que l'amour n'est pas un crime et que nous sommes tous libres d'aimer.  

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