Mercredi

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Lorsque Mardi s’acheva, les phloxes se rassemblèrent de nouveau auprès de la Communion Impériale. Puis, l’Empereur conceptualisa, le Prince parla, le Souffle actua, l’écorce de Hupohélios se déforma dans d’infimes proportions et les continents et les îles émergèrent, aussi secs que s’ils n’avaient jamais été ensevelis sous trois kilomètres d’eau.

L’Empereur conceptualisa derechef, le Prince parla de nouveau, le Souffle actua encore, et voici, une quantité colossale d’information fut copiée depuis le monde de Père Adam et Mère Ève et une végétation d’une luxuriance et d’une diversité que seuls les phloxes fidèles peuvent encore imaginer de nos jours apparut.

Les phloxes apportèrent leurs propres touches aux massifs montagneux que l’Empereur avait érigés et aux vallées qu’Il avait abaissées, aux sylves qu’Il avait fait pousser et aux bassins océaniques qu’Il avait emplis. Hydros, Ardent de l’eau, utilisa son pouvoir sur cet élément pour sculpter de profondes et vastes cavernes sous les montagnes, véritables cathédrales souterraines, propices pour s’abriter, bâtir et chanter. Atlas, Ardent de la terre, qui admirait chez l’Empereur la multiplicité dans l’unicité, creusa des vallées et des fosses dans les fonds marins pour y varier le relief. Lélantos, Ardent préposé aux vents, envoya son affidé Boréas, phloxe du vent du nord, sculpter les arêtes des montagnes les plus élevées, inspiré par la justice infaillible de l’Empereur.

Bien sûr, les phloxes collaboraient parfois sur certains aspects de ce projet plutôt que de tout faire chacun dans son coin, pour ainsi dire. Par exemple, Hydros, Pyrrhos et Austèr – phloxe du vent du sud – unirent leurs efforts pour amener l’eau des océans au sommet des montagnes et couvrir ainsi les domaines d’Ouréa l’Ardent d’une blancheur aussi immaculée que pérenne. De même, Atlas et Hydros s’associèrent pour faire jaillir des sources et creuser des cours d’eau avec l’aide généreuse de Cratos, Gardien des Trésors de la Puissance, et selon les indications d’Attis.

Ce dernier nageait dans un tourbillon de bonheur auquel l’angéliquement belle Khara, Gardienne des Trésors de la Joie, n’était peut-être pas étrangère, elle qui avait le pouvoir d’inspirer le sentiment dont elle était la dépositaire aux cœurs de toutes les créatures. Oui, avec quelle joie il suivait les ordres de Héosphoros dans l’arrangement des végétaux de toute sorte à faire pousser : un champ d’orchidées par-ci, un bois d’érables par-là, quelques eucalyptus de-ci, des champignons parsemés aux bons endroits d’une forêt de-là, peinturlurer de lichen tels rochers, faire pousser des laminaires le long de tel plateau océanique, il connaissait la plus belle joie qu’une créature pût éprouver : celle de faire ce pour quoi on est fait au moment opportun et à l’endroit où on doit se trouver. Ce fut la plus belle période de son existence, celle dont le souvenir devrait lui redonner courage et espoir lorsqu’il témoignerait encore et encore de l’horrible dévastation que les humanoïdes infligeraient à la vie végétale, et ce, de manière très disproportionnée à leurs besoins.

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