11 mars.

Une minute de lecture

Il y a dans Le baron perché, roman d’Italo Calvino, un bel éloge de la désobéissance. Côme Laverse du Rondeau, jeune enfant et futur baron d’un fief situé quelque part au nord de l’Italie, décide un jour, envers et contre tous, de grimper dans les arbres et ne plus jamais redescendre. Y a-t-il plus grande liberté que celle de désobéir à sa particule, de quitter l’apparat d’un monde indésiré, d’en refuser les conventions pour aller vivre au plus près de la nature, dans les arbres ? Choisir le règne végétal au détriment de l’humain, voilà donc un acte audacieux. Seul dans sa tour ligneuse, le Côme adulte s’apercevra néanmoins qu’il ne peut se couper de ses racines, de son espèce, qu’il lui faut s’entendre avec sa communauté, mais d’en haut, du haut de sa forêt, sans toutefois la prétention que pourrait lui conférer cette hauteur – modeste sagesse inculquée par les ans, par les arts, par les arbres. Finissant par vivre en bonne entente avec ses pairs, le Côme âgé pourra désormais leur montrer ce qu’il est devenu dans les bois, ce qu’il est vraiment dans sa chair, ce que tous les hommes sont depuis la nuit des temps : de fragiles animaux, de pauvres enfants de la nature.

Cette après-midi, Guido passe encore le plus clair de son temps dans les oliviers, à tailler les branches superflues. Notre baron perché. Hier matin, ses parents sont arrivés de Livourne, des gens très différents, mais non moins charmants. Sa mère a cette allure de star sur le retour, lunettes Gucci quand il fait gris dehors, foulard en soie proprement noué ; son père expose sa bourgeoisie de façon plus discrète (pull en cachemire et col en V, tout de même). Hier soir, Guido et ses parents se sont franchement disputés, fusées de paroles en italien, nous avons filé à l’anglaise, par pudeur. Nous ne saurons jamais l’objet de leur querelle.

Désobéir aux autres, obéir à sa destinée, ne pas cesser de croire en son idée : Guido et Côme ont dû montrer beaucoup de caractère et de volonté pour choisir ce chemin, pour arracher leur clef des champs.

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