6 mai, École d’Aristote, près de Náoussa.

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Sentier champêtre au bout duquel on découvre une large esplanade. Une terre sacrée. Lieu fantôme où s’érigeait jadis un sanctuaire des nymphes qui devait son existence à la quantité de sources vives et de grottes naturelles alentour. Mais de ce nymphée, il ne reste aujourd’hui plus rien qu'un panneau explicatif.

C’est donc à cet emplacement que fut bâtie quelques siècles plus tard la célèbre école d’Aristote. Seul témoignage antique : un banc de pierres usé par le temps, peut-être aussi par les fonds de culotte du jeune Alexandre et de ses camarades princiers – je veux parler du futur Alexandre le Grand. Au départ, Alexandre a 13 ans tandis qu’Aristote en a 42. L’adolescent restera trois ans sur les bancs de l’école. Au programme : philosophie, poésie, mathématiques et sciences. Autour, le décor est sauvage, on entend le glouglou du ruisseau, le bruissement des vieux platanes. Un chemin s’enfonce dans cet univers bucolique, légendaire, où l’on aspire à philosopher selon les préceptes aristotéliciens : en se promenant.

Assis sur le banc de l’école, avec en guise de public un parterre épanoui de coquelicots, Marie et moi lisons à tour de rôle des citations d’Aristote. En voici quelques-unes qui me donnent après coup matière à réflexion :

 - "La nature ne fait rien en vain ni rien de superflu." Si j’étais une abeille, j’irais montrer à ce beau coquelicot combien son pollen ne m’est pas superflu… et sans le savoir, je l’aurais fécondé.

 - "La simplicité n’est pas un but, mais on arrive à la simplicité en dépit de soi, comme on approche le sens réel des choses." La simplicité : moyen le plus court vers soi-même. Sommation de revenir à l’essentiel, à la moelle de la vie.

 - "L’espérance est le songe d’un homme éveillé." Quelques mots-clés distillés par le philosophe ; un sublime songe, une espérance intime, un éveil collectif ; il faudra de tout ça pour que l’homme se survive à lui-même.

 - "Le commencement est beaucoup plus que la moitié de l’objectif." La germination de la graine exige la conjugaison d’un plus grand nombre de facteurs que la floraison de la plante.

 - "La colère est nécessaire ; on ne triomphe de rien sans elle, si elle ne remplit l’âme, si elle n’échauffe le cœur ; elle doit donc nous servir, non comme chef, mais comme soldat." On ne doit s’indigner qu’avec la tête. La colère, elle, ne sert que de levier pour se mettre en action. Mais sans levier, point de soulèvement des montagnes.

 - "La totalité est plus que la somme des parties." La synergie prévaut sur l’individualisme. Il vaut mieux concourir ensemble au même but plutôt que d’agir seul en concurrence avec les autres.

 - "Si un chemin est meilleur qu’un autre, faites en sorte que ce soit celui de la nature." Qu’il en soit ainsi.

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