Épilogue

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Prendre la route. Augurer des jours heureux. Tourner dans le sens des aiguilles du monde. Ou dans le sens inverse. Épuiser sa liberté. S’approprier le temps, l’espace, et tout rendre à la société. Passer le témoin, laisser la place aux autres, et partager la joie d’avoir été pris par la route.

Raconter la sensation de se sentir flèche. Filer, fendre l’air, viser une trajectoire : on est devenu flèche. Avouer, sans baisser le regard, que le retour n’est pas forcément cible. On n’a pas tapé dans le mille. La flèche a simplement décliné sa course avant de se planter mollement dans le sol normand. Maintenant, ce sont d’autres routes qui commencent, d’autres flèches qui s’élancent, d’autres projets qui vont mûrir et se poursuivre – une vie.

Je me demande s’il est nécessaire d’avoir soif, au moment de revenir à la source, à la case départ. Il faudrait d’abord éteindre les phares, et ne plus rien y voir. Couper le contact, et fermer la portière du fourgon, comme on ferme une parenthèse. Ressentir la plénitude et la viduité du retour. S’allonger dans son lit, sous ses draps d’enfant, baisser pavillon, et dormir tout son soûl. Défaire ses valises, arrêter le mouvement. Pendant quelques jours, on ressent toujours le mouvement malgré la nouvelle immobilité. C’est comme une persistance rétinienne, une habitude à perdre. Et puis, quelques jours plus tard, on ne bouge vraiment plus, c’est fini.

***

Durant ce voyage, le temps aura précipité son cours, et la route, incontournable, aura laissé son empreinte en nous, comme un pied posé sur le goudron brûlant. Nous avons fait des kilomètres, et nos chaînes, à nos pieds, sont désormais plus longues, plus élastiques. Si nous étions restés à Paris, nous n’aurions fait que le trajet qui nous séparait du travail.

À la fin, la mort dans l’âme, nous avons fait notre longue traversée de la France. Bruxelles, Argentan, six heures de voyage, une broutille. Dernier café serré, derniers feux de la gazinière. Derniers podcasts, dernières chansons, dernier seau de pisse balancé dans un caniveau. Dans l’Orne, après Nonant-le-Pin, nous avons mis une chanson d’Orelsan, pour nous persuader de quelque chose. Nous avons d’abord chantonné d’une voix triste, en n’y croyant pas trop. Après un silence un peu trop collant, nous l’avons remis, cette fois en glorifiant le refrain comme deux enfants de chœur en pleine exaltation devant l’absolue vérité d’un psaume.

« Au fond, j’crois qu’la Terre est ronde

Pour une seule bonne raison

Après avoir fait l’tour du monde

Tout c’qu’on veut, c’est être à la maison. »

Peut-être. En attendant, pendant ce trajet de six heures, nous avons connu toute la gamme des sentiments. Même l’euphorie, même le cafard. À la fin, malgré la froidure de l’hiver arrivant, malgré les nappes de monoculture intensive, malgré l’inquiétante absence d’insectes écrasés sur notre pare-brise, malgré tous les SUV et tous les ravis croisés sur la route, nous avons senti l’espoir s’ancrer dans nos têtes, il a détendu tous ses membres, il a mis ses pieds sur la table, à l’aise, comme à la maison. Nous y sommes, à la maison. La France. Le drapeau tricolore qui claque au-dessus des mairies. La boulangerie pleine à craquer. L’église au milieu du village. À revoir de près cette gueule familière et sympathique, il nous prend des envies sincères de réintégrer le pays, de le remettre à notre goût. Nous voulons changer quelque chose à la France – ou devrais-je dire : nous voulons nous changer dans la France. Je me souviens d’une phrase lue en Turquie, à Konya, lors de notre visite du mausolée de Rûmî. Le poète soufi disait : « Hier, j’étais intelligent et je voulais changer le monde. Aujourd’hui, je suis sage et je me change moi-même. » Six cents ans plus tard, Léon Tolstoï aura dit peu ou prou la même chose : « Chacun pense à changer le monde, mais personne ne songe à se changer soi-même. » Pensées recyclées fameusement par le Mahatma Gandhi, de façon plus efficace et plus lapidaire : « Sois le changement que tu veux voir dans le monde. » D’infimes nuances, pour dire que l’homme précède le système et le détermine. Une idée que je porte en moi depuis peu, alors qu’hier je la raillais, refusant que la responsabilité du changement pesât sur mes frêles épaules (et non sur celles, si larges, des entreprises et des gouvernements). Mais qui donc est responsable ici-bas ? Nous autres consommateurs, ou ceux qui nous façonnent ? C’est, du reste, un peu l’histoire de l’œuf ou la poule, et ces discussions me semblent aujourd’hui terriblement vaines. Ce qui m’importe, au fond, tient tout entier dans cette question : suis-je à la hauteur de l’enjeu ? La nuit, quand je lève les yeux, les étoiles brillent sans relâche et m’insufflent de l’espoir. Dans le lacis du ciel, eau dormante, elles ne connaissent pas les outrages du temps, fantastiques, indétrônables, ô vénérables doyennes que j’aime à contempler pour ce qu’elles sont : des puits de vertus, d’où je tire force et courage. Pour nous autres qui filons sans laisser de trace, humains si fragiles, éphémères, et dont les vies se consument comme des météores, est-ce alors si difficile de changer nos petites et médiocres habitudes ? Il faudra, c’est sûr, en découdre avec soi-même, avec ses désirs. Obéir à une autre grammaire, adopter un nouveau mode de vie. Se mettre en règle avec la nature, en définitive. Tout biffer, tout réécrire, ensemble.

Autre chose entendue sur le chemin du retour, à la radio : une fable amérindienne. Un vieil Indien Cherokee, voyant son petit-fils en colère, lui raconte une histoire afin de l’apaiser, celle d’une interminable bataille entre deux loups qu’hébergerait notre conscience. Le premier loup, mauvais, ne connaît que la colère, la jalousie, l’égoïsme, le chagrin, la honte, les regrets, la culpabilité, l’arrogance ; au contraire, l’autre loup n’est que joie, sérénité, confiance, espoir, humilité, compassion, générosité, bienveillance. Intrigué, le petit-fils lui demande : « Grand-père, lequel des deux loups gagne à la fin ? » Le vieux Cherokee sourit et répond simplement : « Celui que tu nourris ». Marie et moi écoutions attentivement la parabole, alors que défilait par la fenêtre un bout du nord de la Belgique. Je m’en souviens car le pays flamand était si plat que le ciel prenait toute la place, et c’est là, précisément, que je me suis dit que ces deux loups prenaient toute la place dans mon ciel, que cet âpre duel était permanent dans ma tête.

L’autre jour, j’ai relu les premières pages de mon carnet, pour repartir sur la route. Que de grognements poussés par mon mauvais loup ! Que de noirceur dans cet œil en fuite ! Ne dit-on pas, néanmoins, que c’est dans la plus dense obscurité qu’on perçoit le mieux la lumière ? Il me semble aussi que mon carnet, noir en son préambule, est traversé tout le long par une fêlure amère, et c’est par cette fêlure, au milieu de tout ce pessimisme ambiant, qu’une lumière vacillante essaie maintenant de se frayer tandis que nous avons mis le point final à ce voyage. Mon mauvais loup – ma colère – est fermement tenu en laisse, il s’est rabougri depuis que je ne lui donne plus la gamelle. Ma tristesse a perdu de la graisse, elle a fondu. La peur a changé de camp, je suis devenu maître de mes émotions, maître de ma bête. Ses crocs ne me chatouillent plus le mollet. La culpabilité, cause de tant d’inertie, ne me chasse plus de mes propres terres. Il n’y aura pas de croissance éternelle, il n’y aura pas non plus de descente aux enfers ; il y aura ce que l’humain voudra bien reconstruire, sans ressentiment ni même arrogance, avec humilité, bienveillance et générosité. La vie continue, les mâchoires se desserrent, et ce qui doit advenir adviendra. Marie et moi, tel un art de vivre, allons préserver les marges, et peut-être même allons-nous tenter de les élargir. Nous cramponner à ce brin d’herbe, et ne pas trop regarder vers le bas. Laisser mourir d’inanition notre mauvais loup. Jeter au feu les passions tristes, ou les noyer si le feu sur le feu ne fait qu’un plus grand feu. Malgré tout, la joie demeure envisageable ; elle est même en train de monter chez Marie, qui n’en peut plus d’attendre et qui veut maintenant prendre part, faire pousser des légumes, accoucher d’un gros puits de biodiversité. Marie ambitionne de devenir paysanne, pas exploitante agricole, mais paysanne. Elle insiste beaucoup sur ce point. Mais là-dedans, quel sera mon rôle, ou comment pourrai-je me rendre utile à la propagation de cette joie militante ? Il faut je crois partager les histoires, témoigner des initiatives, les amplifier par la sainte joie de l’écriture. Peindre à grands traits le projet de Marie, en raconter la genèse – ou comment l’idée s’est mise à germer. Rendre compte, écrire le voyage en tant que parcours intérieur, en tant que chemin vers la vocation. Je n’ai ni l’âme ni le corps d’un paysan ; si parfois j’en avais l’allure au détour d’un woofing, en raison d’un bronzage douteux, ou si même j’en ai glané quelque pratique auprès de Marie, ce n’était que par amour et par contagion. Dès lors, constatant mon inaptitude à l’activité paysanne, il a fallu me résoudre à l’éclairer, dans ce carnet, sous son jour le plus précieux. La narration, par un heureux concours, permet de relayer ce que l’auteur a peine à faire en pratique, et qu’il applaudit pourtant des deux mains. Si je suis plus à l’aise une plume à la main, d’autres ont le sentiment que la bêche ou le râteau qu’ils tiennent est bien plus léger que ma plume. L’essentiel étant qu’à la fin, nos desseins convergent en un point de résistance. Ainsi, le livre est à l’écrivain ce qu’un légume est à l’agriculteur : une récolte. Aujourd’hui, je choisis de partager le fruit de mon labeur, et de le vendre à la criée. Me voilà d’ailleurs à deux doigts de lancer à la cantonade : il est frais mon melon !

***

Les jours ont passé sur notre retour. Je n’en suis pas encore à lire du Blaise Pascal, mais de vieilles citations resurgissent de mes notes de voyage. « Toute la suite des hommes, pendant le cours de tous les siècles, doit être considérée comme un même homme qui subsiste toujours et qui apprend continuellement. » Blaise a fait le pari de croire en l’humain. Les phares du passé qui nous montrent les écueils. Le balisage des civilisations disparues. La navigation qui gagne en certitudes au fil des millénaires. Ce bon vieux Blaise. Aujourd’hui, la nuit n’est pas si noire, et des flammèches apparaissent en nombre. En dépit de notre inertie complète, il faut croire, dur comme fer, en l’être humain. Nous vivons une ère prérévolutionnaire. Et ce mur qui se dresse ici, ce mur que nous allons défoncer. Je devine, infailliblement, d’où viendront les premiers coups de bélier. J’en vois déjà certains dans nos écoles, en train de soulever leurs armes en mousse, en train d’apprendre à mettre à bas. En kimono, d’un coup de hanche, ippon. Le système actuel sous-estime gravement la force et la communion des jeunes générations, qui n’auront bientôt plus rien à perdre et renverseront tout. Générations têtues qui n’en démordront pas, qui ne lâcheront pas leur os, qui ne dénoueront pas leur étreinte avec le vivant – précisément car leur jeunesse est l’avatar le plus puissant de la Vie, chaque pulsation tambourine en eux comme un magnifique instinct de survie, comme un bâton de dynamite. Ils se tiennent déjà vent debout, la colère chevillée au corps, au cœur, prêts à cracher feu et flammes, ils s’organisent et se déploient, s’agglomèrent et se multiplient dans un charivari grandissant. L’école est menacée, délégitimée. Certains lycéens, dans les grandes villes bourgeoises, ne trouvent plus de sens à venir en cours, et font la grève tous les vendredis munis de pancartes désespérantes. « Désolé maman, je sèche comme la planète ». « Quand je serai grand, je voudrais être vivant ». Certaines pancartes ont l’élégance d’en rire. « Protégez la planète, c’est la seule avec du chocolat ». « La planète est plus chaude que mon copain ». Ma préférée, lapidaire, est comme une pierre lancée dans la tronche du système. « Je suis là parce que vous ne faites rien ». Les pancartes, avant la traînée de poudre. Bientôt, l’urgence empirant, la plupart auront la rage, à tel point qu’ils oublieront d’avoir peur. Durs au mal, sur le pied de guerre. Ils voudront subvertir, ils voudront piétiner ceux qui s’accrocheront encore au vieux monde. En retour, ils seront molestés, sans doute, et alors ? Plus violent sera le bâton qui s’abattra sur eux, plus acharné sera le combat qu’ils mèneront. Tout sentira le soufre. Alors ils allumeront les premières mèches, et nous autres grands frères serons là, je l’espère, pour entretenir ce climat défensif, pour sauver le climat tous ensemble.

« Comme la race des feuilles est la race des hommes.

Les feuilles, le vent les porte à terre, mais la forêt féconde

En produit d’autres, et le printemps revient »,

Disait Homère. N’ayons peur des fins de cycle, et laissons place au renouveau. L’ère de la déconsommation doit sonner ; nous ne pouvons plus jouer les apprentis-sorciers. Le capitalisme est un château branlant, un appareil exorbitant qui ne sait répondre aux lois naturelles de notre planète. Il faut brûler le pacte faustien qui consiste à vendre son âme au diable, à se mutiler soi-même afin de s’enrichir encore un peu. Si la terre est une maison dont la richesse est mesurée par la vie qu’elle héberge, et si nous carbonisons cette maison, nous serons pour ainsi dire à la rue. Sauf qu’il n’y a dans ce cas pas de rue, ni de trottoir ou de pont sous lequel prendre refuge. Par-delà l’atmosphère, il n’y a qu’un espace infini dépourvu d’oxygène, un désert intersidéral. On y crèverait tous – et c’est pourquoi nous devons réussir.

***

Bucéphale est parti. Vendu à prix coûtant. Nouveaux maîtres, nouveaux voyages. Et même un nouveau nom jeté à nos faces orphelines et penaudes. Nous avons décroché le gri-gri qui pendait du rétroviseur intérieur. Un talisman pour conjurer le mauvais sort. D’un air affectueux, Marie n’a pu réfréner un bonne route, Bucé ! tandis que je tapais une dernière fois le flanc de la carrosserie. Puis nous avons rejoint la maison familiale, où le soleil d’hiver entrait à flot par les fenêtres. Les nouveaux propriétaires du fourgon sont restés pendant de longues minutes à l’arrêt, sur le bas-côté de la rue. Nous les avons regardés dans leur nouvel habitacle, enthousiastes et fébriles, en train d’apprivoiser la bête ombrageuse et quelque peu farouche au démarrage. Et puis le moteur a timidement rugi, le fourgon s’est tourné face au soleil avant de s’élancer dans la rue silencieuse, et nous avons poussé un gros soupir aigre-doux qui mêlait beaucoup de sentiments contradictoires. Nos yeux secs ont scrupuleusement traqué l’imposant véhicule immatriculé dans le Calvados, jusqu’à l’encoignure de la rue. Un doux filet de fumée noire, expulsé du pot d’échappement, s’est maintenu brièvement dans l’air avant de s’évanouir, ainsi que nos soupirs, et nous avons tourné le dos à la fenêtre afin de revenir à nos moutons.

Nous. Marie et moi. Quand le vin est tiré, il faut le boire, et nous allons le boire franchement. Quelque part en France, où nous pourrons vivre à demeure, et tenter le tout pour le tout, sans trop présumer de nos propres faiblesses. Nous formulons des vœux : décroître, espérer, faire, en dépit de tout. Péter des murs quoi qu’il arrive. Les yeux cloués sur l’avenir, nous échafaudons des projets, nous bâtissons des châteaux en Espagne, ou des fermes en Normandie. Tout s’écroulera peut-être, et alors ? Aussi faut-il croire que tout est possible, et se griser, s’enflammer, brûler comme un astre imperceptible au-dessus du monde qui se décompose… et le reste appartient aux geignards.

Il fut un temps, sombre époque, où je faisais partie de cette joyeuse bande de geignards, et j’aurais volontiers pu regarder d’un œil morne la lente dégradation de nos sociétés depuis mon deux-pièces parisien, si Marie ne m’avait pas tiré de ma torpeur. À la place, je vais finir allergique au pollen, en train de me rouler dans l’herbe avec une marguerite au bout des lèvres. Accrochés aux murs de mon cerveau, d’immenses tableaux verts, et mon pinceau que j’ai trempé dans le pot cristallin du fantasme. Appliquée, Marie s’est d’abord astreinte à étudier les cartes, elle a listé le pour et le contre, elle a répertorié les cours d’eau, les nappes phréatiques impolluées, les anciennes forêts, les étendues pesticidées, les centrales nucléaires, les sites SEVESO, les départements les plus vulnérables au changement climatique, elle a superposé les cartes afin de nous révéler les grands gagnants de ses recherches – la Creuse, la Corrèze et le Puy-de-Dôme –, avant de se résoudre à tout balancer par la fenêtre, avant de conclure à l’impérieuse nécessité de choisir un endroit de cœur et de le réparer, quel que soit son état, comme on se répare soi, dans un ensemble indissociable.

Marie et moi, nous allons faire bon ménage. Un truc simple, au ras des pâquerettes, une vie placée sous le signe de la lenteur, un fier défilé de vaches maigres, une profusion de rien. La rivière entendue comme un doux murmure ; la forêt comme une basse continue ; la pluie battant le tambour sur le toit d’une chaumière ; et les rangs de laitues qui poussent en silence. On y serait heureux, ric-rac. On y roucoulerait de concert, en respirant des bouffées de vert frais, en nous enivrant d’une eau de source à se damner, dans un abêtissement bienheureux. Tout cela n’est-il qu’un mirage, ou le déploiement plausible et parfait de la réalité ? Suis-je aveuglé par une lumière trop artificielle, ou trop coruscante ? Ai-je omis les ombres au tableau du fantasme ? Il se peut. Mais je sais la matière et les couleurs que m’aura fournies cet exil volontaire en Europe. Aujourd’hui, je me sens plus épais, plus vivant, plus prompt à l’espérance, et j’en suis là de mes pensées. Précisément là, dans mon pays, en France, et nulle part ailleurs. La patrie d’origine est une rampe de lancement pour découvrir le monde ; c’est aussi le glas du parcours, la croix d’atterrissage. Entre les deux, la route est pour le moins déroutante, et conduit le voyageur à l’endroit même où le verbe est multiple : il démarre, il se tire, il cingle, il dérive, il avance, avance encore, il marque une pause, il recule les frontières, il change en profondeur, il tourne à gauche, à droite, il bifurque, il fatigue, il doit sauter quelques étapes avant de boucler la boucle et de s’arrêter tout au bout de la route, at home, et le voyage lui manque affreusement, comme une drogue, alors il repart en arrière à la faveur de l’écriture, de la relecture, il fait durer la distance et l’insouciance en ne bougeant pas de son fauteuil austère, il redémarre, il se retire, il dérive sur la page blanche, il avance en pensées confuses, il fait trop de pauses, il recule au début du livre, il change les kilomètres en paragraphes, il arrive à tourner les pages, il se disperse à gauche, à droite, il fatigue encore, il doit sauter d’autres étapes avant de boucler le livre au bout de lui-même, au bout de la route, au bout du vertige, et c’en est fini pour de bon.

Tout se résume à ce que l’on parvienne à l’endroit même où l’on s’attendait.

FIN

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