Le Matin Brisé
Le matin s’était levé en silence, comme un visiteur discret qui n’osait pas déranger. La neige couvrait le monde de son manteau blanc, les arbres craquaient doucement sous le poids de la glace, et le feu dans la cheminée de Liora s’était éteint depuis longtemps.
Elle était rentrée tard, ou tôt, selon comment on voyait les choses. Les pieds trempés, les mains gelées, la gorge nouée par le vent et les larmes qu’elle n’avait pas versées là-haut.
Mais maintenant, dans la solitude tiède de sa petite maison de bois, les larmes coulaient.
Elle était assise sur le vieux fauteuil près de la fenêtre, les genoux contre sa poitrine, une couverture autour d’elle, ses longs cheveux encore humides de la nuit. Devant elle, une tasse de thé refroidi. Autour d’elle, le silence. Dedans, le vide.
Elle pleurait sans bruit. Des larmes lentes, profondes, comme si son cœur laissait couler chaque souvenir, un à un.
La silhouette sur la colline… Était-ce vraiment lui ? Ou bien une illusion, un reflet de ses rêves dans les drapés lumineux du ciel ?
Elle n’en savait rien. Et c’était ça, le plus cruel. Le doute. Le manque. L’amour figé dans le temps.
Chaque aurore était comme une promesse incomplète. Chaque matin, comme aujourd’hui, venait lui rappeler qu’il n’était toujours pas là. Que ses bras restaient vides. Que son chant n’avait réveillé que les étoiles.
Elle prit la petite boîte en bois posée sur la table basse. À l’intérieur, un foulard. Le sien. Il le portait toujours, enroulé autour du cou, noué à la va-vite, avec ce petit nœud tordu qu’elle aimait tant. Elle le serra contre elle, enfouit son visage dedans.
Et elle murmura :
— Reviens-moi… Même en rêve… Reviens…
Mais le seul son fut le craquement du bois sous la neige, et le souffle du vent contre les vitres.
Elle resta ainsi longtemps, jusqu’à ce que ses larmes sèchent. Et, lentement, elle leva les yeux vers le ciel pâle du matin. Même sans les aurores, elle savait qu’il était quelque part là-haut.
Et ce soir, elle remonterait à nouveau. Parce qu’aimer, pour Liora, c’était attendre. Et chanter. Encore. Et encore.
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