Chapitre 1/1
Samedi Écriture : Après des années passées sur une île déserte, vous êtes finalement sauvé.
Furieux, je démarrai mon vaisseau et mettait le cap en direction des étoiles. Tiens au hasard, celle-ci me paraissait pas mal. 130 années-lumière d’après Lidéb, mon assistante virtuelle, conçue par mes soins, comme la moitié de ce vaisseau.
Viré, ils m’ont viré, moi ! Les salopards, ils peuvent profiter de toutes mes découvertes maintenant, et pas un sou pour moi !
J’avais besoin d’être seul, le plus loin possible de l’humanité, quoi de mieux que l’espace entre les étoiles ? Si loin, si loin que mes communications ne captaient déjà plus rien venant de cette fichue planète V. La planète violette. Il faudrait qu’on arrête de les nommer d’après leur couleur, bientôt on passera à f00b0ac ou quelque chose du genre… Imprononçable, sauf évidemment pour les IA, nos nouveaux maîtres. Enfin non, leurs nouveaux maîtres, moi je refuse, je sais ce qu’elles ont dans la tête, j’en ai fabriqué quelque unes d’ailleurs. Je refuse de vivre sur ces planètes plus longtemps ! Je vais fonder la mienne, avec des casinos, des escortes et du whisky !
M’enfin, j’avais bien l’intention de revenir sur une planète de l’OPU avant de partir fonder ma propre colonie. Ce n’étais pas avec mon vaisseau BNDR34 et mon unique code génétique que j’allais faire une sécession propre et démarrer une nouvelle ère pour une partie de l’humanité… Les premières colonies se sont bien faites de manières illégales mais jamais seul !
Seulement voilà, j’étais furieux, perdu entre les étoiles à suivre un cap aléatoire. Et surtout, écroulé, ivre mort, endormis sur ma couchette. Dans cet état là et sans avoir préparé mon excursion spatiale, pas étonnant que je n’ai pas entendu Lidèb m’avertir.
Je ne me suis réveillé qu’après le crash. Lidèb avait fait de son mieux pour atterrir sans casse mais… Enfin, sortir d’hypervitesse et se retrouver devant une comète qui file à toute allure c’est un peu comme si un insecte traversait un spatioport les yeux fermés. Et paf sur le parebrise. Mon vaisseau, paf sur la comète.
Après avoir évalué les dégâts : moteurs principaux du vaisseau totalement détruits, sûrement une surchauffe lors de la tentative de Lidèb de contrôler l’atterrissage. Moteurs annexes, après quelques réparations, je pourrai sûrement m’en servir pour survivre plus sereinement, générer un champ de force par exemple ? Le reste de la structure du vaisseau, hum, comment dire ? J’ai eu de la chance de me trouver du côté tribord du vaisseau… Moi ? à priori en bon état, mais je ne sais pas toucher mes pieds avec mes mains, comme avant le décollage cela dit.
Ma combinaison n’est pas trouée, mon casque, désormais sur mes épaules, a pris le relai du champ de force et d’oxygénation de ma combi.
Où est-on, demandais à Libèd. Perdu, sur le dos d’une comète, me répondit-elle. Je n’ai pas les relevés astro de cette partie du ciel, l’hypervitesse a dû déconner et… Peut être dans le quadrant Z7 ? Entre Y9 et Z7, sûrement la meilleure estimation que je puisse faire. En direction du centre galactique. Me voilà bien avancé pensais-je. Perdu dans l’univers, personne ne pouvant me retrouver, aucun moyen de réparer les moteurs principaux…
Assis sur ma comète, je laissais mon regard se perdre quelques minutes. Puis j’établissais un plan d’action : quelles sont mes ressources, quelles sont mes priorités ?
Premièrement : assurer une survie à moyen-long terme, le court terme étant assuré par la combi. Il fallait que j’utilise les moteurs annexes pour générer un champ de force, l’univers est froid en cette saison…
Moteurs annexes branchés sur les électroforceurs du vaisseau, j’appuyais sur le bouton d’allumage. Magique ! Un super champ de force dans lequel je pourrai habiter sans risque, comme une maison dont les murs étaient transparents. Avec encore quelques réglages j’ajouterai une coloration et une opacité, je pourrai même faire des meubles, un étage, des pièces, des murs, tout en en seul matériau : le champ de force de Corde.
Toit, température, habitation OK.
Ensuite, nourriture ? Il me reste quelques réserves mais pas grand-chose… si je trouvais quelques graines ou quelques brins d’adn bien conservés dans la nourriture, je pourrais faire pousser de quoi manger en un temps accéléré. Ce fut fait. Quelques graines de maïs retrouvées dans… Enfin bref, une fois mise en place dans l’incubateur et celui-ci placé dans une sorte de glacière gravitationnelle, il ne fallut qu’une journée pour avoir du maïs au repas.
7 jours s’étaient écoulés, j’avais désormais une habitation, du maïs, une IA pour me tenir compagnie et m’empêcher de devenir fou. L’eau commençait à manquer, je la recyclais bien sûr, comme on me l’avait appris au permis de pilotage interstellaire, mais il fallait que j’explore cette comète et y trouve de la glace. Peut-être même quelques bactéries, qui sait, un tour dans la glacière gravitationnelle et la déformation de l’espace et du temps donnerait à ses bactéries quelques millions d’années pour se développer et devenir des petits animaux ? Pour moi ça ne prendrait qu’un mois à attendre. Il faudrait que j’agrandisse la glacière cela dit… Sinon ce sera un steak de fourmis.
La comète mesurait 10km de long, de forme cylindrique, son rayon avoisinait les 2km. Son sol dégageait une certaine chaleur, étrange. Son champ d’attraction gardait prisonnier des particules métalliques du vaisseau, une opération chimique qui a dû s’opérer lors du crash les avait rendus bioluminescent, assurant une sorte de cycle jour-nuit sur la comète.
Cette comète ne manquait pas de surprise, ni de ressources. De la glace, des bactéries, joie !
Mais aussi une sorte de magma en son centre, pas d’activité sismique cela dit… Je n’étais pas spécialiste, cela me paraissait étrange.
Une face de la comète se révela être une sorte de forêt fossilisée il y a bien longtemps. Toujours plus étrange, le grand glacier aurait pu être un ancien lac.
Mystère, que je résolus rapidement en admettant mon hypothèse, sans aucune validité mais il fallait que mon esprit se calme. Pour moi donc, cette comète était une partie d’une planète, comme une partie découpée, peut être suite à une collision ? Toujours est-il que pour moi cette comète était un bout de montage, avec un lac, une forêt, un glacier, détaché de sa planète et qui filait dans l’espace. Voilà, mon esprit en restait la sur ce mystère.
J’avais agrandi ma glacière gravitationnelle, au mépris des règles éthiques et des principes de sûreté j’avais accéléré le temps à l’intérieur, et laissé tourner la machine pendant environ 3 mois. 150 millions d’années pour les bactéries présentent à l’intérieur. La glacière ressemblait désormais à un bâtiment de la taille d’une église (merci le laser agrandisseur, une marque distributeur mais il faisait le boulot). J’allais l’ouvrir, normalement je trouverai des animaux d’une taille maximale de 30 cm. Une fois cuit, ils devraient être comestible.
Je désopacifiait le champs-mur de la glacièreéglise pour jeter un coup d’œil.
Spectacle navrant. Les bactéries s’étaient développées, mais l’espèce majeure et la plus grande source de nourriture ressemblait à des araignées. J’enclenchais l’autodestruction. Ce sont des choses qui arrivent souvent dans les terrariums temporels. Contrôler l’évolution n’était pas chose facile. Je recommencerai en changeant deux trois paramètre. Peut être un espace aquatique, ça évitera assez sûrement les araignées.
Je laissais tourner la glacière-terrarium-aquarium gravitemporelle pendant 6 mois cette fois ci.
Pendant tout ce temps je n’avais pas oublié de chercher un moyen de rentrer chez moi, mais il est vrai qu’avec le matériel que j’avais ici : un électroforceur pouvait créer à peu près n’importe quoi en le composant de champ à Corde ; j’adorais jouer au savant fou, plus aucune loi à suivre, seulement celle de la survie. Ainsi, à défaut de pouvoir réparer ou créer une nouvelle paire de moteur à fusion (l’électroforceur a des limites, je n’ai encore su trouver un moyen de créer le composé W nécessaire), je lancais des bouteilles à la mer, des messages qui porterait ma voix et mon image pendant des années à travers l’espace, l’hyperespace et la dimension Ѧ.
Trois années s’étaient écoulées, Libèd avait maintenant un corps. C’était devenu nécessaire.
J’avais crée une autre IA, Otria, une AI homme. Avec qui allait boire des bière sinon ? Libèd n’était pas porté sur la boisson. Otria désirait un corps, pour réellement boire lui aussi. Ce fut fait, il était grand, il était beau, il sentait bon le sable chaud. Une petite excentricité.
Erreur, lui et Libèd me trahirent, pêché de chair, à peine eurent-ils un corps qu’ils s’en servirent pour me blesser. Ils habitaient désormais de l’autre côté de la comète. Je vivais désormais seul, en compagnie de ma folie naissante.
Cela faisait maintenant 10 années depuis le crash, nous habitions à 8 dans mon palace de champ de Corde, Moi, Libèd, Otria, leurs deux enfants : Hein et Dheu (oui, ils ont de l’humour, mais ça se prononce pas pareil), mes deux nouvelles compagnes (ça ne se finira pas bien, j’en suis sûr, mais que voulez-vous) : Fidèle et Castru (oui… je ne fais pas exprès), enfin il y avait mon IACHIEN, sobrement nommé : SAROU (Son Altesse Royale d’amOUr, mais ne cherchez pas à comprendre, je perds la tête, malgré la petite tribu qui vit avec moi).
La vie commencait à être belle et bonne sur cette comète. J’ouvrai la glacière gravitemporelle, c’était la 13ème itération de l’expérience, je l’ai laissé tourner une année complète. Avec quelques changements, j’avais en réalité crée un monde miniature et un monde habitable, j’avais au départ réduit la taille des bactéries pour qu’elle soit à l’échelle de ce monde. 2-3Milliards d’années après, j’avais devant les yeux un monde de la taille d’une petite ville, très petite ville mais quand même. Ce monde était peuplée de créatures de toutes sorte, expérience concluante. Il y avait des araignées, sales bête, mais de taille normale cette fois ! L’espèce intelligente était de couleur rose pétant, avait 4 bras, 4 jambes, 2 têtes, et une mythologie étrange. Mon œil me piqua, fortement, douleur, larme. J’attrapais une sorte d’insecte, j’examinais et je découvrais dans le creux de ma main, une fusée, minuscule, envoyée par cette espèce étrange ! Sans rancune, je refermais la glacière, je réglais l’affichage tel une vitre sans teint, je les observais, eux non. Je baissais la vitesse relative interne de la glacière à : 1 jour pour moi = 1 mois pour eux. Et j’observais, tel un dieu. Un dieu perdu dans l’univers.
Ce fut lors de ma vingtième année que je fus secourus, ma comète croisait l’orbite d’une planète couleur 86E7BA, ou vert chelou. J’envoyais des bouteilles à l’espaces et les habitants me secoururent. Des humains !
J’ouvrais la glacière temporelle, offrait la liberté aux Roses, montait dans le vaisseau de la planète verte chelou, puis s’entrepris un nouveau chapitre de ma vie, celui dans lequel je fondais une colonie. Mais je vous raconterai cela une autre fois, peut être.

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