Heure 70
Cher Inconnu,
Ça fait très romanesque de m'adresser au néant ainsi, mais j'aime faire de ma vie un mythe, ces temps-ci. L'hiver passe vite, et j'aimerais qu'il ralentisse quelque peu le pas. Il voltige de partout, pendant que je reste cloitrée sous des toits ferreux, même les jours fériés. En décembre, mes rêves se grimaient de ta présence, quelques fois. De toi, Cher Inconnu. Des histoires comme ma caboche en crée, des étrangetés sans pareille, où le réel ne l'est jamais et on le sait, et on s'y complait. Alors voilà, décembre en fin de souffle, je vois doucement l'hiver s'échapper et j'en ai le mal de cœur : me dire que pour l'instant, entre nous, peu de choses se sont passées et que peut-être en janvier tu auras disparu de ce monde illusoire d'où tous mes écrits sont nés. Je ne te connais que d'images, Cher Inconnu.
Après mes partiels, je me vois bien m'accrocher à un train pour une cité-lumière et une petite voix me chuchote à l'oreille que le frimas fera vibrer mon cœur sous les réverbères, là-bas. Tu y seras intangible, tout ce que je souhaite. T'avoir sans te toucher. Que tu me regardes sans crainte d'être su, puisque d'invisibilité tu te draperas. Oui, en janvier, sous un réverbère, puis un autre et un autre, tu danseras avec moi et pourtant, tu seras loin, loin de mes bras.
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