Décembre

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Tu es un élève, et cette nuit, tu rêves. Depuis un an, ton professeur principal est un vrai tyran. Alors, sans surprise, c’est vers lui que ton rêve se tourne. À toi maintenant de t’amuser avec cette situation et de transformer ce rêve en une aventure inattendue !

Madame Durandon,

Je me suis assis devant cette feuille blanche au moins dix fois cette semaine. Dix fois, j’ai froissé le papier, déchiré les mots, maudit le jour où j’ai atterri dans votre classe. Mais ce soir, quelque chose en moi a craqué – comme un stylo Bic sous la pression de vos attentes démesurées. Alors je vous écris. Enfin.

Vous vous souvenez, madame, de ce lundi de septembre où vous nous avez accueillis avec votre sourire de requin affamé ? « Bienvenue en 3ème B, mes petits chéris. Cette année, je vais faire de vous des adultes. Ou du moins, des survivants. » Spoiler alert : on a surtout appris à survivre à vous. Entre vos interrogations surprises un lundi à 8h (« Pourquoi n’avez-vous pas relu votre manuel de maths pendant le week-end ? La vie est une question de priorités, voyons ! »), vos regards assassins quand on osait respirer trop fort, et vos « Silence ! On dirait un marché de poisson ici ! » alors que Jean-Kévin éternuait, franchement… on a cru à une caméra cachée.

Je me souviens de la fois où j’ai rendu mon exposé sur la Révolution française. Vous m’avez regardé comme si j’avais personnellement guillotiné Louis XVI, avant de lancer : « Monsieur Martin, votre travail est aussi bien structuré qu’un château de cartes dans un ouragan. Recommencez. » J’ai recommencé. Trois fois. À la quatrième, j’ai glissé un « Vive Robespierre ! » en conclusion. Vous n’avez pas souri. Bien sûr.

Et puis, il y a eu le conseil de classe. Celui où vous avez dit à mes parents que j’avais « un potentiel… quelque part. Peut-être. Si on cherche bien. » devant moi. Ma mère a failli pleurer. Mon père a serré les poings. Moi, j’ai souri en imaginant vous remplacer par une IA. Au moins, elle, elle aurait un cœur en silicium.

Mais ce soir, madame, alors que je relisais mes carnets de l’année (tachés de larmes et de correcteur blanc), j’ai réalisé quelque chose. Vous aviez peut-être raison. Pas sur tout, hein. Vous avez encore tort sur les fractions, sur le fait que Victor Hugo soit « passionnant », et sur l’idée que « courir en EPS, c’est bon pour le moral ». Mais sur un point : vous nous avez appris à nous battre. Pas avec des épées, ni avec des mots (enfin, si, un peu). Mais avec cette petite voix qui nous dit « Tu vas y arriver » quand on a envie de tout lâcher.

Alors merci, madame. Merci pour les nuits blanches, les crises de larmes dans les toilettes du CDI, et cette peur bleue qui me prend encore quand j’entends le mot « brevet ». Grâce à vous, je sais maintenant que je peux encaisser des coups et me relever. Même si, parfois, je me relève en râlant. Beaucoup.

PS : Si un jour vous lisez cette lettre, sachez que je l’ai écrite à 3h du matin, avec une barre de céréales et un fond de désespoir. Et que je ne vous la donnerai jamais. Parce que bon. Faut pas pousser.

ÉPILOGUE :

Je me réveille en sursaut, le front collé à mon bureau, une trace de bave sur mon cahier de maths. « Encore un cauchemar… » Je soupire, soulagé. Heureusement, c’était juste un rêve.

Puis j’entends : « MARTIN !!! RANGEZ CE TÉLÉPHONE OU JE LE CONFISQUE JUSQU’À LA RETRAITE ! »

Je lève les yeux.

Madame Durandon me fixe, les bras croisés, un sourcil levé.

« Alors, ce poème sur Baudelaire ? »

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