Disparue
Elle s’était tapé l’incruste dans ce patelin à la réputation sans tache, durant une nuit d’encre où on n’y voyait goutte. La rumeur disait qu’elle était sans attache et pas farouche pour un sou, toujours prête à se lâcher pour des clopinettes.
Sa présence irrésistible fut pointée du doigt par les ménagères, qui racontaient qu’elle avait la comprenette difficile. La belle ripostait avec des blagounettes potaches sur les petites zigounettes de leurs bons zigs.
Pour clouer le bec aux blancs-becs et autres gougnafiers, elle trima sans relâche, se tuant à la tâche pour gagner sa croûte en toute honnêteté.
Un beau jour, un pistachier bien sapé s’amouracha d’elle en lui promettant monts et merveilles, le rêve de toute midinette. Très épris, ils ne pouvaient se détacher l’un de l’autre.
La vie de couple finit par tourner au vinaigre avec lavage de cerveau et de linge sale.
Lessivée par les incessantes brimades, elle péta une durite et lui passa un savon bien mérité. En retour, il la menaça avec une bouteille de javel. Ce fut la goutte de trop, leur amour s’était dissous. Sans ménagement, elle lui somma de quitter le foyer conjugal.
Il regretta aussitôt de s’être emporté et repassa la voir avec un joli coffret de savons parfumés à la lavande.
Elle avait disparu sans laisser de traces.
Son amoureux fut accusé de l’avoir effacée de sang-froid.
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