Nouvelle 30 : LE SIGNE

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Elle promenait son chien. Lui, vacillait sur ses pattes, volontaire malgré ses défaillances, heureux de profiter encore. Elle, avançait doucement, veillait à ne pas le dépasser de trop loin. il n'aimait pas la perdre de vue. Sa myopie avait empiré et il ne la distinguait des autres qu'avec difficulté. Elle le touchait fréquemment, le bout de ses doigts légers sur son poil long et doux lui confirmant son identité. Mais ce n'était pas vraiment nécessaire, elle le savait et le faisait plus pour son plaisir personnel que pour lui. Car dès qu'elle approchait, elle le savait, son odeur le rassurait.


Le bleu du ciel les avait agréablement surpris. Le soleil les réchauffait de cet hiver trop long. Un seul nuage flottait là-haut, composé d'un gros flocon de coton blanc, comme pincé en son milieu. Elle laissa son ami renifler ses messages et se mit à espérer un signe. Cela lui arrivait de temps à autres. Une plume, un nombre particulier qui résonnait dans sa tête, un trèfle à quatre feuilles... cela variait. Cette fois-ci, les plumes étaient exclues : deux pigeons se dandinaient sur le trottoir à deux mètres. Aucun miracle là-dedans ! D'ailleurs, le vieux chien décida qu'ils n'avaient rien à faire sous son nez et se crut revenu quelques années en arrière. Il les fixa d'un air peu amène, se figea, puis décida de les chasser de son nouveau territoire. C'est ainsi qu'aboyant de sa belle voix profonde, il se jeta soudain en avant. Mal lui en prit ! Ses pattes arrières se dérobèrent dans l'assaut et il se retrouva le cul par terre, ahuri de se voir ainsi freiné en plein élan. Il la regarda, sans comprendre. Elle s'était déjà précipitée pour le secourir, une main sous le poitrail, une autre au départ de sa queue, elle l'avait relevé avec l'aisance de l'habitude, même si son dos et ses épaules commençaient à en souffrir.


C'est en se relevant qu'elle leva les yeux. Son regard accrocha le nuage. Le pincement du milieu s'était étoffé. Il formait désormais une belle rondeur assortie d'un demi cercle juste en sa périphérie supérieure, les deux parties du flocon de part et d'autre...Une belle tête ronde et son auréole, assortie de deux ailes d'ange.


Bouche bée, elle fut saisie par la vision céleste et poussa un cri, que sa main voulant masquer sa bouche ouverte, ne put étouffer. Un inconnu, croisant leur chemin, se retourna sur leur passage, étonné. Gênée, elle tenta de se reprendre et laissa le nuage échapper à son attention. Elle le refixa au plus vite, mais il se transformait déjà.


La rondeur divine s'était estompée tel le signe demandé, fugace, comme envoyé pour elle seule.


D'après une histoire vraie

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