Nouvelle 35 : VOLEUSE !
Elle hésitait. Cette nourriture laissée dehors, en évidence, n'augurait rien de bon. D'habitude, ce coin de jardin était vide, il n'y avait jamais personne alentour. Elle passait là régulièrement et n'y était jamais dérangée. Cette fois pourtant, quelqu'un était passé. Il avait même déposé ou abandonné des morceaux de choix, cela se sentait rien qu'à l'odeur, puissante, persistante, irrésistible.
Elle s'était arrêtée à quelques pas, hésitante, avait tourné autour des restes du repas, fait demi-tour, méfiante, et s'était postée derrière un buisson pour surveiller.Au bout de plusieurs minutes d'attente, elle s'était avancée précautionneusement, à petits pas.
C'est là que les intrus avaient surgi ! Deux chats se couraient après et faillirent la percuter. Le plus gros semblait se jouer de la plus fine qui le pourchassait pourtant avec célérité. Mais plus jeune, il l'esquivait avec agilité, bondissant, de ci, de là, et à l'occasion, lui décochant une patte vengeresse. La noiraude ne s'en laissait pas compter, qui lui lacérait l'arrière-train à chaque pointe de vitesse !
Heureusement, ces deux-là ne se laissèrent pas attirer par les reliefs du festin et disparurent de sa vue. Elle avait cru mourir de peur. Leur apparition aussi soudaine qu'inattendue, bruyante et violente, l'avait secouée. Mais la vue renouvelée des victuailles, désormais à sa disposition, la rasséréna de suite.
Elle s'en approcha avec plus d'assurance cette fois et commença à goûter.
Je n'en croyais pas mes yeux ! Cela lui plaisait ! Elle replongea son bec dans la gamelle des chats et se remit à picorer joyeusement. Je m'exclamai alors "Oh !" afin de la chasser, non mais !
Une pie voleuse !
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