Nouvelle 43 : NORMALE...

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Il était grand et mince, les cheveux blonds un peu rêches, les yeux clairs presque gris. Visiblement contrarié, son visage accusait ses traits fins et sévères, ses yeux restaient fixés sur son téléphone.


Une femme d'un certain âge l'accompagnait, les cheveux raides, mi-longs, ronde, la cinquantaine, sans doute sa mère. Elle cherchait à l'amadouer mais ne réussissait qu'à l'agacer par son pépiement incessant.


Parvenus aux limites de la file pour les contrôles de sécurité de son vol, il l'embrassa et lui demanda si son enregistrement avait bien été fait. Devant son ignorance, il s'engagea, inquiet, dans la file pour les portiques. Elle s'agita, appela son mari qui lui confirma que l'enregistrement était validé et que leur fils avait sa carte d'embarquement. Tout allait bien.


Le voyant repasser devant elle dans la queue, elle le lui apprit, pensant le rassurer. Mais non, il voulait qu'elle reste au cas où, car il n'avait plus de crédit de téléphone. Elle lui demanda alors de passer aux portiques de droite, visibles pour elle, qu'elle constater s'il parvenait ou non à passer les contrôles. Il s'agaça. Elle ne comprenait pas pourquoi. Comment pouvait-elle savoir sinon ? Il continua d'avancer.


Deux minutes plus tard, elle s'aperçut que l'agent de l'aéroport à côté d'elle, faisait bénéficier du Fast-track les passagers du même vol que son fils. Alors elle le rappela et il perdit patience ! Elle insista, il pouvait ainsi couper toute cette queue et elle s'assurerait plus facilement de son bon passage au contrôle, sur le côté, derrière la vitre, juste là.


Ce fut le drame. il l'apostropha, ne comprenant pas son insistance, ne voyant pas l'intérêt de ce changement, lui reprochant ses deux demandes différentes l'une après l'autre. Pourtant il accepta tout de même et se dirigea vers le Fast-Track.


Sur ce, un homme flanqué d'une poussette double qu'il menait de main de maître se planta devant la mère déjà malmenée, la toisa et, sans une parole, sans un sourire, d'un mouvement éloquent du menton, lui fit signe de dégager.
Elle en resta interloquée, incapable de bouger, bloquée par tant de mépris venant cette fois d'un parfait inconnu.


C'est alors que le coup de grâce arriva :
— Mais enfin, tu vois pas que tu gênes, là ? Mais pousses toi ! Tu peux pas être un peu normale, non ? lui asséna son fils.

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