Nouvelle 49 : LA MAISON ABANDONNÉE

2 minutes de lecture

Elle surgissait de la campagne au détour du chemin et trônait, là, sur son flanc de colline. Grise, les volets fermés ou ouverts, c'était selon, certains grinçaient au gré du vent et n'occultaient que partiellement ses fenêtres qui ressemblaient à de vulgaires ouvertures borgnes et vilaines. Sa porte de guingois n'offrait au regard qu'un trou sombre en guise d'entrée.

C'était pourtant une solide bâtisse. Elle avait été belle en son temps. Les années lui en avaient fait baver... De propriétaires peu soigneux en hôtes désargentés, de locataires irrespectueux en bailleurs totalement fous, elle était devenue cet édifice branlant et hideux.

Seuls les vagabonds et les chats s'y aventuraient désormais. L'odeur y était proprement insupportable d'ailleurs. Un jour pourtant débarqua un groupe d'enfants qui s'installa tant bien que mal et fit le ménage. Ils avaient entre onze et dix-sept ans, venaient de bien des pays et n'avaient plus de famille, aucun endroit où se rendre, plus d'espoir en personne. Cette maison deviendrait leur foyer. Ainsi en avaient-ils décidé.

Nul ne s'y opposa car qui s'en serait rendu compte ? La maison seule en prit conscience, qui se réchauffa, petit-à-petit, de cette atmosphère joyeuse et détendue, se purifia de ce ménage succinct et se réjouit du désordre bon enfant qui lui succéda. Elle reprit peu à peu son équilibre et se remit sur ses bases, afin d'assurer à ses nouveaux occupants un univers propice à leurs espoirs.

Ainsi vit-elle ses volets se refermer et s'ouvrir, chaque soir et matin, les fenêtres se rafraîchir le museau et reprendre fière allure, la porte retrouver son cadre et le gris céder la place à un blanc gagnant toute la façade.

Les enfants étaient heureux, la maison le leur rendait bien, et le jardin se mit de la partie, qui se vit retrouver ses légumes d'antan ! Un petit coin de paradis naissait autour de toutes ces petites croix qui avaient poussé dans ce tout nouveau cimetière, planté là, à l'écart de la ville, non loin de l'ancien potager de la vieille demeure.

Le cimetière des enfants perdus, ces petits migrants qui n'avaient pas de nom... Ils avaient entre onze et dix-sept ans.

Annotations

Vous aimez lire Morgazie ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0