La visite du laboratoire

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Au moment de passer la porte je me demande ce qui a bien pu m’amener à accepter la demande de Laurence, mon chef d’équipe, de visiter ce laboratoire abandonné, pour nous aider dans nos recherches. Selon lui, il s’y trouverait des documents autrefois confidentiels mais depuis bien longtemps oubliés qui expliquaient et décrivaient en détails le fonctionnement des cellules pouvant se régénérer d’un être vivant extraordinaire encore jamais découvert et qui pourtant était tombé dans l’oubli entraîné par la l’échec des expérimentations faites ici. J’essaie de me rassurer en me rappelant que cette petite escapade, dans un des plus vieux quartiers de Londres, a pour but de nous propulser au sommet du domaine scientifique. J’abaisse alors la poignée, la porte n’ayant sûrement pas bougé depuis plusieurs dizaines d’années proteste et lâche un cri plaintif quand j’arrive à l’entrouvrir. Je m’arrête, guettant un signe de vie. Rien, je me glisse par l'entrebâillement de la porte en prenant soin de ne pas la toucher. Le bâtiment est faiblement éclairé par la lumière du soleil couchant. Je sors ma lampe torche que j'avais glissé dans la poche avant de mon sac. J’appuie sur le bouton, essayant de diminuer mon stress par le biais du cercle de lumière artificielle qui s’est créé sur le mur. Je peux désormais mieux observer le lieu qui m’entoure. Je me trouve dans un long couloir avec de chaque côté, de grandes vitres pleines de saleté, de toiles d’araignées et de petits cadavres d’insectes pris dans leurs pièges. Au bout du corridor, à ma droite, une porte qui doit sûrement mener au jardin que j’ai aperçu en arrivant. Et face à moi une grande ouverture qui mène sur ce que je suppose être le laboratoire. Je m’avance et je me rends compte que le sol est en plancher ce qui est étrange vu l’utilisation de ce lieu. Je me serai plus attendu à du carrelage, quelque chose de plus sanitaire et facile à entretenir. Au milieu de la pièce se tient un grand îlot avec derrière des éviers et quelques chariots dispersés un peu partout avec des flacons vides renversés. Des deux côtés se trouvent d’autres pièces, je me dirige vers celle de droite et y découvre des grandes étagères pleines de vases, bocaux et boîtes. Je décide d’aller voir celle qui se trouvait à ma gauche avant de pousser plus profondément mon exploration. Lorsque je repasse par la salle centrale, un courant d’air froid me parcourt le dos. Je me convaincs que cela doit provenir de la porte que j’ai laissée ouverte en entrant, pourtant lorsque j’arrive devant la troisième pièce, cette sensation de froid ne me quitte pas. Cette salle est fermée par une porte contrairement aux deux autres. Je m’y prends à plusieurs reprises pour tenter de l’ouvrir, y donnant même des coups de pied, mais je dois me rendre à l’évidence, je n’y parviendrais pas ainsi. Je décide donc de ressortir dans le couloir pour essayer de voir ce qui s’y trouve, par l’une des fenêtres, mais des plaques ont été placées devant pour en cacher le contenu derrière. Je suis alors convaincu que ce que je cherche se trouve dans cette mystérieuse pièce. J’attrape une mince barre, que je suppose être en fer tout en faisant attention à ne pas mettre mes mains là où la rouille a le plus attaqué la tige, et retourne l’abattre contre la porte. Cette dernière cède au premier coup m’arrachant un cri de surprise. Mais ce que j’y découvre derrière me laisse cloué sur place. C’est un bureau digne d’un des plus grands savants fous que cette planète ait jamais pu connaître. Le contraste est saisissant entre le reste de pièces qui était globalement ordonnées et cet endroit. Un bureau en désordre, des bibliothèques et des étagères qui menacent de s’écrouler sous le poids de tous ces livres, bibelots et autres objets hétéroclites. Plusieurs éléments attirent cependant mon regard parmi tout ce fouillis. Sur le bureau pourtant recouvert de pile de feuilles et de stylos un seul coin a été épargné par cet vague de désordre. A cet endroit un cahier est posé, éloigné de tout objet, comme une peinture exposée dans un musée. Je remarque aussi que dissimulés derrière une bibliothèque se trouvent tout un tas de bocaux plus ou moins gros et hauts contenant des objets qui reflètent la lumière de ma lampe. Je m’en rapproche et lorsque j’essaie d’en attraper un, je suis surpris par le poids de celui-ci. Un des plus petits doit peser environ cinq kilos. Je n’ose imaginer le poids de celui qui se trouve le plus au fond et qui m’arrive à la hanche. Tout à coup, j’entends un bruit. De peur, j’éteins directement ma lampe et retiens ma respiration. J’attends cinq secondes, dix secondes, une minute et je m’autorise enfin à respirer et à aller jeter un coup d'œil méfiant par la porte. L’angoisse s’accroche à moi et me serre le ventre, ne voulant pas me quitter. Je résiste à l’envie de partir en courant rejoindre la voiture et partir le plus loin de cet endroit. Pourtant je ne peux pas, Laurence compte sur moi et je dois maintenant aller découvrir ce que contient cet étrange carnet. Je me rapproche une fois de plus du bureau, avant d’essayer de trouver une chaise encore en état pour supporter mon poids. En effet, l’épaisseur du cahier m'annonçant déjà un long temps d’étude. Je choisis donc de m’asseoir sur une chaise qui a sûrement vu quelques rats et souris passer ainsi que les quelques centimètres de poussière incrustés dans l’assise. Je m’assieds prudemment et attrape aussi délicatement que possible l’ouvrage qui semblait recevoir une attention particulière de la part de son propriétaire. Le cahier a une épaisse couverture verte, marron là où le temps a laissé le plus ses marques. En son centre une étiquette annonce “ouvrages”. La couverture rugueuse du carnet me dérange, je le pose donc à plat sur le bureau avant de de l’ouvrir à la première page. Sur cette page se trouve un croquis des bocaux qui se trouvent un peu plus loin, mais dedans sont représentées des boules pelucheuses de couleur. Surpris, je me tourne vers ceux présents dans la pièce et je m’aperçois alors que ce n’était pas la lumière de ma lampe que les bocaux reflétaient un peu plus tôt. Mais ce sont bien ces boules semblables à celles dessinées dans le carnet qui brillent par elles-mêmes. Que peuvent donc bien être ces objets lumineux ? En feuilletant le carnet, je m’aperçois rapidement que ces mystérieuses sphères étaient l’objet d’étude de ce chercheur dans son laboratoire, mais étaient aussi devenues une véritable passion et même une obsession. A mieux y regarder, tous les éléments présents dans la pièce entretiennent un lien avec ces recherches. Je me lève pour me rapprocher d’un des bocaux quand dans la pièce d’à côté un bruit de verre brisé résonne. C’en est trop pour moi, je glisse le carnet sous mon bras et pars en courant jusqu’à ma voiture. Quand je rentre dans celle-ci j’ai le souffle court mais à peine ai-je le temps de fermer la porte que le courant d'air froid se glisse dans mon cou. Je ne peux pas partir sans avoir de véritable réponse. Si je reviens demain Laurence me pardonnera. Mais quand une lumière verdâtre s’allume dans le laboratoire, mon sang se glace. Elle pulse. Une fois, deux fois. Puis plus rien. Et c’est dans ce silence que je comprends que ce n’est pas ici que j’aurais trouvé ces documents classifiés mais, et surtout, que je ne suis pas seul.

FIN.

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