18. MON PREMIER URBEX

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J'en ai fait d'autres, mais celui que je vais relater aujourd’hui était ma première expérience dans ce domaine. Bien sûr, à l'époque on n'appelait pas ça Urbex *, on allait juste visiter une maison ou un site abandonné...

Je devais avoir environ 12 ans, ou 13. J'étais allée faire une balade dans le village. On était assez libres de circuler, dans le village et la campagne alentour. J'arrivai au croisement de deux rues où les vestiges d'une petite maison faisaient angle. On nous avait quand même expressément avertis de ne pas y entrer, c'était dangereux, ça pouvait encore s'effondrer etc.

Mais je me sentis alors irrésistiblement attirée par ce lieu. J'étais curieuse et j'aimais l'aventure. Personne aux alentours. Je me faufilai aussitôt sans bruit par l'espace sous la porte de guingois.

Ce fut un peu comme si j'entrai dans un autre monde. La maison était abandonnée depuis longtemps. Le toit s'était effondré, rendant la visite délicate. Des morceaux de meubles dont une armoire apparaissaient encore par endroit. Je me tenais dans un angle, écoutant, sentant les parfums de bois en train de pourrir, de terre, de végétation. Un arbre avait poussé au centre de la pièce. Il dépassait ce qui avait été le plafond d'environ deux mètres, lançant ses feuilles vers la lumière. Je voyais le ciel bleu. Le sol était couvert de débris, de plantes pionnières. C'était un lieu en pleine transformation. Vitres brisées occultées par de vieux volets grisâtres. Il y faisait frais, c'était l'automne, ou le début d'un printemps humide. À cette époque, dans l'Oise, la pluie faisait partie du paysage.

Accroupie, les yeux fermés je me laissais ressentir l'endroit avec plaisir. Je me souviens bien des sensations paisibles qui m'envahissaient. Imaginer les gens qui avaient vécu là, les histoires qu'avaient entendu ces murs, le bruit du toit cédant sous l'âge, la poussière dans les rayons du soleil d'été. Tout était un ravissement délectable.

La lumière avait baissé, la température aussi et je ressortis quelque peu transie, le creux au ventre, un peu inquiète d'avoir dépassé l'heure de rentrer et je courus jusque chez moi. Par chance, il n'était pas encore 19 heures et je n'aurais pas d'explications à donner, pas de remontrances, pas de punition ni de taloche.

Je pourrais profiter de mes rêveries et imaginations en toute tranquillité.

* Urbex : L’exploration urbaine, abrégée en urbex est une pratique consistant à visiter sans autorisation des lieux construits et abandonnés par l'homme.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Exploration_urbaine












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