Chapitre 17- Freya

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Freya ne trouvait pas le sommeil. Ses cauchemars prenaient le visage d’Oron. Elle se réveillait trempée de sueur. Dans la pénombre, elle cherchait la silhouette du chasseur mais ne rencontra que le vide. Son cœur battait, résonnait dans ses oreilles tel un tambour et chaque percussion sonnait comme un glas. Elles avaient lutté près de vingt-six ans pour conserver ce secret. Un instant de flottement, un moment de vulnérabilité et toute leur vie était remise en question.

Freya goûtait à la peur, à sa véracité qui gagnait chacune de ses cellules, à son ventre qui se tordait sous une menace intérieure. Elle découvrait mais haïs ce sentiment d’angoisse essentiel à tous les êtres vivants.

Elle rejoignit ses sœurs à la salle à manger toujours en broyant du noir. Beaucoup de sombres pensées s’emmêlaient dans son esprit mais une question la taraudait ; pourquoi n’avait-elle pas eu le temps de le tuer ? Pourquoi cet homme était-il venu précisément à l’instant où elle refermait les crocs sur sa gorge ? Elle ignorait si sa condition humaine altérait l’enchantement de la sorcière ou un chasseur en liberté suffisait. La Reine devait terminer ce qu’elle avait commencé.

–Je dois réfléchir. Nous nous verrons après.

Elle sentit le poids des yeux de Cilanna dans son dos. L’incompréhension la tenaillait mais Freya ne pouvait encore lui révéler la raison de son trouble. La guerrière se contenta de s’éloigner, silencieuse. Où pouvait-il se terrer ? Sa première pensée fut sa chambre mais écarta aussitôt cette possibilité. En ville alors ? Près de ses putes adorées ? Peut-être. Quoiqu’il en soit, il lui restait une heure pour régler ce problème. Si elle admettait à ses sœurs qu’elle avait échoué à les protéger (alors qu’elles avaient réussi), elle refusait de songer à la colère de ses jumelles. Tant d’années qu’elle se battait contre l’idée d’une cage et cette dernière imposée par un funeste coup du sort ?

La liberté de laisser cours à sa folie meurtrière lui était trop chère pour la sacrifier. Elle traversait les couleurs avec le regard d’une personne résolue à commettre un assassinat. Ce matin, Freya avait glissé quelques poignards dans ses vêtements mais son arme de prédilection restait les Jurkis, des disques à la surface externe dentelée. Plus pratique que des épées pour sa petite taille, elles privilégiaient des meurtres isolées plutôt que des massacres de guerre. Su un corps humain une Jurkis faisait des dégâts considérables. Correctement maniées (si le lanceur alliait vitesse et force), l’instrument pouvait rompre un os en deux. Son unique défaut –mais non des moindres- résidait dans son nombre. Une fois la Jurkis lancée, elle disparaissait dans la bataille. Chère à forger et peu utiles hormis pour des actes prémédités, Freya n’en disposait que d’une dizaine dans son armurerie. Seuls les cas d’urgence justifiaient leur utilisation. Le Reine pénétra dans l’aile des domestiques.

Sa démarche rapide, son visage figé dans une colère sourde dissuadait quiconque de l’interpeller. Elle s’arrêta devant la chambre du chasseur. Elle n’avait pas prémédité son entrée et réfléchit quelques secondes. Userait-elle de la force en cassant le verrou ou l’attaquerait-elle par surprise en toquant avec gentillesse ? Elle choisit la seconde option. Son poing frappa par trois fois le bois mais nul ne répondit.

–C’est Freya. J’aimerai discuter.

Peut-être la voix contenue dans sa voix affectait son ton doucereux. Une fois que l’attente l’insupporta, elle brisa la serrure d’un coup de poignard et s’attendit à tomber sur un ennemi armé jusqu’aux dents. Freya ne vit personne ; la pièce était vide. Ironiquement posé sur le pot de chambre, Oron lui avait laissé un mot.

Vous ne vous songiez tout de même pas à ce que je j’attende patiemment la mort seule dans cette piaule alors que vos bordels contiennent les plus belles femmes et la meilleure bière.

Il la connaissait mieux qu’elle ne le pensait. Ce qu’il ignorait c’était la raison pour laquelle elle désirait le tuer : la peur.

La peur pour ses sœurs et pour elle. La peur de ses secrets dévoilés. Freya s’avança vers la fenêtre et étudia la position du soleil derrière la brume habituel de Valgur Raal. Il lui restait quelques cinquante minutes avant de rejoindre ses sœurs. Si elles l’apprenaient, elles cèderaient à sa demande. Maleïka, par peur et l’esprit rongé par les « si », Cilanna avait habitude de se plier aux règles de ses sœurs ainées. Mais le laisser en liberté représentait un danger trop important. Son devoir l’obligeait de se rendre dans chaque bordel de la ville pour y dénicher ce fumier. Si elle prenait un cheval, Freya pouvait y être dans une vingtaine de minutes.

La Reine fit volte-face et se rendit aux écuries. Elle choisit le plus rapide de ses coursiers ; une jument noire. Sans même prendre le temps de la sceller, elle sauta sur son dos. D’un coup de talon dans les flancs sa monture s’élança à travers la grange. Le martellement des sabots contre les dalles prévint les palefreniers de son arrivée. Ils s’écartèrent de justesse, les yeux ronds.

–Je serais de retour dans une heure, cria-t-elle.

Avec un cadavre sur la croupe, songea-t-elle.

Le vent emporta ses paroles et elle ne sut si elles atteignirent les bonnes oreilles. Freya poussa son cheval à travers la cour, ne fit aucun détour inutile, se contentant de franchir tous les obstacles qui se dressaient sur leur passage. La Reine sentit la vigueur dans les jambes de l’animal, sa force dans ses bonds. Cette bête aimait autant que la jeune femme la liberté. Les genoux de la guerrière se pressèrent contre le flanc de la jument, ses doigts agrippèrent sa crinière pour la guider. L’animal pénétra dans la forêt. Elle fut obligée de ralentir sa course, la montée étant abrupte. Le cœur de Freya cognait dans sa poitrine. Seule sa hâte les sauverait. Alourdie par son poids, son destrier peinait. La guerrière sauta à terre et leur ascension fut plus aisée.

Soudains les minuscules buissons de ronces grandirent. Elle reconnut l’œuvre sournoise de la magie. La jument, effrayée, recula. Freya tendit la main pour l’apaiser mais ne réussit qu’à la terroriser davantage. Sa monture coucha les oreilles en arrière, hennit avant de dévaler la pente en sens inverse.

–Non, hurla-t-elle tandis que son ancien destrier gagnait le pont.

La barrière de ronces s’épaissit encore, les branches s’entrelaçaient tels de gros serpents. Freya ferma les yeux, étourdie. Lorsqu’elle souleva les paupières, elle ne constata rien d’anormal. Chaque arbuste arborait une taille décente.

–Qu’est-ce que tu m’as fait ? Rugit la jeune femme en en pivotant vers Chrysentia.

–Je t’empêche de faire une bêtise.

Sa voix était sèche.

–Les chevaux ne peuvent pas monter ici. Ils doivent contourner les collines. Pourquoi l’as-tu emmené là ?

Freya se laissa tomber, le désespoir la gagna soudain.

–C’était voué à l’échec. Je n’aurais jamais pu fouiller tous les bordels.

–De quoi parles-tu ?

La Reine prit sa tête entre ses mains et se maudit intérieurement. Pourquoi ne l’avait-elle pas tué immédiatement ? Elle releva brusquement les yeux.

–Toi non plus tu ne sais rien ? L’accusa-t-elle.

Ne pas mettre de mots que ce qui s’était passé lui évitait de ressasser la douleur qui perçait dans son cœur.

–Freya, lorsque je parlais de bêtise, je pensais surtout au cheval.

Le cheval ? Quel rapport sa quête avait-elle avec l’animal ?

–Tu allais rompre le cou à cette pauvre bête.

–Je devais trouver le chasseur. Le traître, cracha-t-elle.

Freya tendit l’oreille, nul son ou éclat de voix parvint à ses oreilles. Elles étaient seules.

–Il a empêché la transformation. Il a jeté une lance enduite de poison.

Chrysentia l’écouta, interdite.

–Il sait pour nous toutes depuis un certain temps déjà. Il m’a eu parce que j’étais en retard et seule.

–Tu n’aurais jamais dû trainer.

–Zorak était à l’armurerie. Comment aurais-tu voulu que je lui explique ce que je fabriquais ?

La Reine soupira. Le mois dernier, elle pensait seulement à le mettre dans son lit. Maintenant, elle voulait l’étrangler.

–Il m’a proposé de remplacer Tiyliu et de nous laisser la vie sauve.

Freya croisa le regard de Chrysentia, résolue.

–Je dois le tuer.

–Mort, il ne représenterait plus aucun danger. As-tu vraiment envie qu’il meure ?

L’interrogeait-elle sur ses sentiments ?

–Je ferai tout pour protéger Maleïka et Cilanna. Si elles savent ce que j’ai fait, elles n’hésiteront pas à accéder à sa requête. Qu’est-ce que tu ferais, toi ?

Chrysentia esquiva sa question pour lui en poser une autre.

–Comment a-t-il pu résister au sortilège ?

–Il se dit résistant à la magie.

–C’est un sorcier ?

–Je ne sais pas. Tu n’as pas l’air inquiète.

–J’ai eu assez de problèmes dans ma longue existence pour savoir que l’inquiétude est plus meurtrière que salvatrice. Pourquoi ne leur caches-tu pas la vérité le temps de le tuer ?

Freya ricana.

–Risquer de me les mettre à dos comme tu l’as fait ? Je retiens les leçons de tes erreurs, Chrysentia. C’est un choix qui nous concerne toutes.

–Alors pourquoi ne pas avoir attendu un accord commun pour le supprimer ?

–Je connais Maleïka, elles refuseront et il sera trop tard pour tenter quoi que ce soit. J’aurai dû le faire au plus vite mais tu es intervenue.

–Et heureusement. Forcer le cheval à gravir cette pente l’aurait tué.

Freya se leva et coupa court à la conversation.

–Où vas-tu ?

–Enfermer la jument dans son boxe et poser mes Jurkis.

Les palefreniers s’étaient déjà occupés de l’animal lorsqu’elles arrivèrent à l’écurie. La Reine les remercia et malgré leurs regards curieux, ils s’abstinrent de tout commentaire. Ils écoutaient la voix de la sagesse. A l’armurerie, elle jeta les Jurkis. Le bruit de métal attira Zorak mais Freya ne lui décocha qu’un regard noir avant de se diriger vers la salle du conseil. Son plan tombait à l’eau et elle ignorait comment les protéger dans un avenir qui s’annonçait des plus sombres.

Maleïka et Cilanna n’accueillirent pas la nouvelle avec grands cris mais contre toute attentes acceptèrent l’offre de tuer Oron. Elles laissaient à Freya trois jours pour régler cet « incident ». Si elles n’y parvenaient pas, elles seraient obligées d’accepter la proposition du chasseur quitte à le suivre comme sa propre ombre. La jeune femme soupira et décida d’attendre Oron qui ne réapparut pas de la journée ni de la nuit.

La jeune femme guetta l’unique entrée du château toute la deuxième journée tantôt dissimulée par les ombres tantôt visible de tous. Enfin ses efforts payèrent. Ce sombre idiot prenait ses dispositions ; à chacun de ses déplacements, il veillant à être entouré. Pourtant il commit l’erreur d’accorder sa confiance à Zorak. Elle sentait un changement chez le guerrier, quelque chose dans sa posture, son regard déterminé et les nombreux coups d’œil qu’il adressait à la fenêtre de la chambre de sa sœur attisèrent sa curiosité.

Ils se dirigeaient, non pas vers l’armurerie comme Freya le soupçonnaient, mais vers un des coins reculés du château où peu de domestiques se rendaient. Qu’allaient-ils faire là-bas ?

Oron ne cessait de parler, visiblement de bonne humeur. Zorak se taisait. Quelques mots lui échappaient de temps en temps. Le jeune homme n’avait aucun talent pour la comédie. La Reine les suivit, veillant toujours à rester dissimulée à leurs yeux.

L’armurier était plus impressionnant que le chasseur, une tête et quelques kilos de muscles en plus. Oron ressemblait à un lutin à côté de lui autant pour sa petitesse (même s’il avait quelques centimètres de plus que Freya) que pour sa laideur. Sa démarche chaloupée que la jeune femme avait trouvée attirante à leur rencontre n’était plus qu’un enchainement de gestes ridicules. Son charme lui manquerait.

Elle se glissa derrière les tonneaux et sentir la pression d’une des armes contre sa cuisse. Cilanna avait cousu quelques poches à l’intérieur de son manteau. Dans les plus grandes, Freya dissimulait quelques Jurkis. Dans les plus longues, elle cachait un ou deux poignards.

Zorak et Oron atteignirent un coin désert. Seul un tas de fumier les observait. Soudain le guerrier sortit une arme. Pas aussi grande qu’une épée, plus longue qu’un poignard, Freya reconnut l’arme favorite du chevalier. Le chasseur lui offrit un sourire de loup.

–C’est la Reine qui t’envoie ?

–Oui, répondit-il laconiquement.

–Quel crétin, souffla-t-elle entre ses dents au même instant où elle songeait : je ne lui ai rien demandé.

–Je pensais que Freya viendrait au moins me tuer elle-même. Je dois avouer que je suis déçu.

–Freya ? Non. J’ai reçu l’ordre de Maleïka.

–Elle aussi ? S’exclama-t-il.

Il est temps d’intervenir.

–Zorak ? Héla-t-telle.

Il était hors de question que sa sœur lui vole sa victoire. Le jeune homme s’immobilisa poignard en l’air. D’un air faussement interrogatif, elle leur demande ce qu’ils fabriquaient. Oron s’approcha de Zorak et enlaça son cou de bras comme s’ils étaient de vieux amis qui venaient de se retrouver. Le chasseur tapota le ventre du guerrier.

–Très joli coup, l’ami. J’y penserai pour le prochain qui voudrait m’écorcher.

Il appuya son regard sur Freya mais la Reine ne se laissa pas intimider.

–Mince. J’ai oublié ma gourde dans ma chambre.

Sans laisser le temps à Freya de répliquer, il s’éclipsa, laissant la jeune femme seule avec le jeune homme. Elle posa la pointe de son poignard sur son torse.

–Que fichais-tu avec lui ?

–Ta sœur m’a ordonnée de le tuer.

–Maleïka t’as fait les yeux doux ?

Il recula d’un pas, faussement effaré.

–Arrête. Je sais très bien pourquoi tu me baisais. Tu voulais l’oublier elle, alors tu as trouvé mon corps. Savais-tu que je suis aussi chargée de le tuer ?

Zorak secoua la tête.

–Que t’as dit ma sœur ?

–Qu’il était un espion au compte de Shagal.

–Je peux t’assurer que non. Ensuite ?

–Maleïka m’a assuré qu’elle me sortirait d’affaire si jamais quelqu’un me surprenait.

–C’est charmant de sa part. Quoi d’autre ?

Elle se reprocha de Zorak, menaçante.

–C’est tout.

Freya inclina la tête, les sourcils froncés.

–Tu n’as pas cherché à en savoir plus ? A assouvir ta curiosité ?

–Quand une Reine me donne un ordre, j’obéis.

–Surtout s’il vient de la très haute de Maleïka.

Agacée, elle pivota sur ses talons.

–Où vas-tu ? Lança Zorak.

–Rattraper le temps que tu m’as fait perdre.

La Reine avait une vie à ôter la fin du deuxième coucher de soleil.

Evidemment, ce fut Oron qui la trouva.

–Je dois vous parler.

Son visage était sérieux, sa mince soucieuse.

–Dans la forêt. Moins de personnes te verront tomber mieux ce sera.

–Vous perdrez beaucoup plus si vous me tuez.

–Avance et tais-toi.

Son ton impérieux décida le chasseur. Il traversa le pont, Freya sur ses talons. Ils trouvèrent quelques pins aux branches basses qui les dissimuleraient.

–Vous êtes la troisième qui essayé de me tuer en deux jours. Vous me surprenez, je pensais que vous seriez la première.

Cilanna aussi s’était jointe à cette cacophonie. Freya bondissait de surprise en surprise.

–Comment ma petite sœur s’y est-elle prise ?

–Pourquoi je vous le dirai ?

–Nous pourrions peut-être trouver un arrangement….

Elle mentait. Elle n’avait aucune intention de retourner au château sans le cadavre de chasseur enterré quelques pieds sous terre. Intéressé, le chasseur se pencha vers sa Reine.

–Quel sorte d’arrangement ?

D’un geste vif, elle l’obligea à reculer jusqu’à un tronc d’arbre et colla une Jurkis à sa nuque. Impressionnantes avec ses longues dents effilées, elles trancheraient peau, artères et tendons sans l’ombre d’une résistance.

–Disons quelques minutes supplémentaires pour trouver un prétexte pour ne pas te tuer. Je suis curieuse de connaître le plan de Cilanna.

–Elle voulait m’empoisonner.

Freya pressa l’instrument qui s’enfonça de quelques millimètres dans la chair du chasseur.

–La version longue.

–Elle a essayé de me séduire. Cilanna est entrée hier soir dans ma chambre. Nous avons un peu discuté. Je pensais qu’elle ignorait notre petit secret. Visiblement j’avais mal jugé. Elle était attirante, presque fascinante. Elle voulait plus alors elle s’est mise à m’embrasser. Elle buvait un peu de vin aussi.

–Tu t’es laissé faire.

–Il faut être fou pour refouler une femme magnifique qui veut coucher avec vous. J’aurai mieux dû être fou, cela dit.

–Continue.

–Elle m’a proposé du vin mais dans le verre, il y avait quelque chose d’étrange. Je suis un chasseur, je connais les plantes. Ma boisson était empoisonnée. Je le lui ai dit et elle a nié. Je l’ai mise au défi de le boire et elle l’a fait. Je suis certain qu’il y avait quelque chose dans le verre. J’ignore quel tour de magie elle a utilisé.

–Chrysentia, siffla Freya trop bas pour que le chasseur l’entende.

Cilanna devait connaître les poisons que conservait son ancienne amante. Facile.

–As-tu trouvé une excuse valable pour sauver ta misérable peau ?

–Oui. Vous ne pouvez pas me tuer avant que l’on ait couché ensemble.

La Reine haussa un sourcil.

–Parmi toutes celles que tu aurais pu choisir, tu as opté pour celle-là ?

–Je savais qu’elle vous plairait.

Une violente douleur à la cuisse la surprit. En baissant les yeux, elle vit le manche d’un poignard sortir de son membre. Oron l’avait embobinée avec ses belles paroles. Il détournait son attention pour la frapper. Freya serra les dents pour étouffer un cri. Oron se dégagea et jeta la Jurkis au loin tandis que la Reine arracha un morceau de tissu de son manteau qu’elle noua en guise de garrot autour de sa jambe.

–Vous tenez trop à moi pour me tuer, Freya. Si ce n’était pas le cas, vous m’auriez embroché bien avant que je n’ouvre la bouche.

Il avait raison ce traître.

–Je ne dirai rien, je vous le promets. Faites-moi confiance.

Mais il l’avait déjà berné.

–Va crever.

Handicapée, elle ne pouvait rien faire. Stupides fées. Son affinité ne servait même pas à la protéger de tels coups bas.

Elle sortit une seconde Jurkis de son manteau.

–Vous ne pouvez pas m’atteindre. Pas comme ça.

Encore une fois, sa colère l’aveuglait. La Reine était recroquevillée, incapable de positionner son corps correctement pour lancer le disque.

–Ne la lancez pas.

Elle la jeta. Oron l’évita d’une courbette et l’arme se ficha dans le tronc d’un arbre. Je refue d’abandonner. Le chasseur était là, si près. Freya se devait d’ignorer la douleur et de remporter cette victoire. Elle fit quelques pas en avant, grimaça lorsque son poids pesa sur sa jambe blessée. Au moins, aucun nerf n’a été touché.

–Bats-toi ! Ne me fuis pas.

Dans ses yeux brûlaient le feu ardent de la rage.

–Je veux te voir mourir.

–C’est ce que vous voulez ?

Il se tourna enfin, lui offrant la vision de ce visage si repoussant. La face écrasée, son menton large, son nez proéminent qui lui rappelait le bec d’un faucon. Il tendit les bras, dégageant son torse.

–J’aurai préféré qu’il en soit autrement, Oron. Dans une autre vie, nous serions peut-être devenus amis.

Lentement, la Reine ôta le couteau de sa cuisse savourant le bruit de succion de la chair qui se fend. Elle observa un instant l’éclat de son sang sur la lame avant de la balancer. S’ensuivit un duel glaçant om Freya parvint à immobiliser le chasseur.

–Faites-le.

Alors, elle releva les yeux et fut obligée de le lâcher. Freya ne termina jamais sa phrase. Un coup l’atteignit à la tête. Sa vision se moucheta de noir et elle tomba.

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