Deux semaines s'étaient écoulées depuis cette nuit où Maxime et Pascale s'étaient fait tuer, je ne trouvais plus le sommeil, cet homme, cette ombre me hantait. Je ne traquais plus les flics, ma nouvelle enquête concernait ce mystérieux personnage. À ce moment, le dossier était mince, mais je voulais, j'avais le besoin d'assouvir ma curiosité. Qui était t-il ? D'où venait t-il ? Pourquoi ? Les photos prises ce soir là étaient punaisées sur le tableaux en liège au milieu de mon bureau, les reflets rouges m'obsédaient. L'affaire était au point mort, la fatigue me poussait à reprendre du café, allongé bien-sur. Tout à coup, une révélation, la fille. Lui a t-elle parlée ? J'imprimais les photos où la fille apparaissait seule et retournait dans la rue où les deux flics avaient trouvé la mort.

C'est au bout de trois prostituées et cent-cinquante euros déboursés pour une mémoire ayant besoin d'un coup de pouce que l'on m'a donné une adresse. Dans un immeuble où les chambres, lugubres se louaient à l'heure. Dans le couloir où des portes closes se faisaient volte face, le fond sonore n'était composé que de gémissement, je prenais place devant la chambre 108 et pris mon mal en patience en attendant que cette ouvrière nocturne en ai fini avec son client. C'est après quinze minutes que la porte s'ouvrit, laissant sortir un homme gras, chauve et sale, suivi par la fille.

« Lucie ? » Demandais-je à la professionnel.

« C'est moi même, si tu veux bien attendre dix minutes que je me rafraîchisse. »

« Je ne viens pas pour... une séance. »

« Ah bon, pourquoi alors ? »

« Je voudrais vous parler de la soirée où vous vous êtes fait agresser par deux policiers. »

Lucie sorti d'un bond et regardait si le couloir était bien dessert.

« Qui êtes vous ? Je n'ai parlé à personne de cette nuit là »

« J'étais présent, j'ai tout vu et je voudrais savoir... ». Les yeux de Lucie me dévisageaient.

« Et vous n'avez rien fait. »

« J'en suis désolé, mais mon but ce soir là était de faire tomber ces deux crapules qui s'en sont pris à vous. »

« Et moi, je ne suis qu'une pute qui peut se prendre des coups c'est ça! » Lucie refermait la porte sur ces mots.

Je devais garder mes remords pour moi et ne pas quitter mon affaire de vue « J'ai vu votre sauveur, c'est pour lui que je suis là. »

La jeune fille ouvrait la porte, me faisant un signe de tête pour que je rentre. Je ne me faisais pas prier et j'entrais dans la chambre où seul un lit était placé en son centre, une petite porte au fond où devait se trouver un lavabo pour les après séances. Lucie avait pris place sur le lit, assise, elle me regardait puis dit.

« Je ne sais pas qui c'était, tout est allé très vite. »

« Vous n'avez rien vu qui pourrait m'aider à le retrouver ? »

« Vous lui voulez quoi au juste ? »

La question m'avait frappée, je ne savais pas répondre, j'ignorais la réponse. Ayant vu mon embarras Lucie avait pris un petit sourire. Elle était jeune, pas plus de 23 ans, la peaux pâle, malgré le reste d'œil au beurre noir sur sa pommette gauche, elle n'en était pas moins jolie sous ses cheveux bruns foncés.

« Vous ne savez pas. »

« Non, mais... cette homme m'obsède. »

« Je ne sais pas qui il est, mais je me souviens, quand il m'a aidé à me relever, premièrement sa main était chaude, très chaude et deuxièmement il portait à son index une grosse bague, avec une sorte de croix, pas comme celle des catholiques, plus en forme de ''plus'' mais avec les extrémités écrasées. »

J'avais pris note et après avoir dessiné un croquis du symbole, je le montrait à la fille.

« Comme ça ? »

« Oui c'est bien une croix comme celle là. Vous savez ce que c'est ? »

« Non, je n'en n'ai aucune idée. »

« Moi, elle me fait penser à la croix de la légende. »

« Quelle légende ? »

« Si vous êtes d'ici vous avez du entendre parler de la légende des quatre. »

« Les quatre ! »

« Oui. Les quatre éléments des miracles. »