Chapitre 4

12 minutes de lecture

 À quelques kilomètres de Ghudam, en direction du nord, un village du nom de Petit-Azuré – empruntant son nom au cours d’eau qui le traversait – accueillit les survivants. En partie dévasté par la Calamité une dizaine d’années plus tôt, quelques maisons étaient restées miraculeusement debout. Ils trouvèrent refuge dans l’une d’elles. Une demeure familiale à étage âgée de près d’un siècle.

Inconscient, Kayn fut transporté dans ce qui fut autrefois le salon et déposé sur les restes d’un vieux canapé. Son corps était pris de tremblements, des perles de sueur glissaient le long de son visage et sa peau était pâle comme la neige.

« Est-ce qu’il y a un médecin ici ? Ou quelqu’un qui s’y connait en blessure par balle ? » demanda Alexandre.

Personne ne se manifesta. Toutefois, après un court instant, un homme s’avança vers le blessé, la mine pensive.

« Je peux peut-être l’aider, mais… »

La terreur se lisait sur chaque parcelle de son visage. Il guettait le moindre bruit extérieur comme s’il craignait d’avoir été poursuivi par la créature. Quand les avait-il rejoints, Lucie l’ignorait, elle ne se rappela pas non plus l’avoir vu dans la milice de Ghudam. Mais l’homme pouvait aider son ami, elle en était certaine ! Le temps lui manquait pour le questionner. « Vous êtes médecin ? » fut la seule question qu’elle s’autorisa à lui poser.

« Oui » répondit-il en se penchant au-dessus de Kayn pour l’examiner.

Il tira sur le tissu de son t-shirt, puis élargit le trou provoqué par la balle en le déchirant avec ses index. Lucie l’éclaira avec sa lampe torche et il put prendre pleine connaissance de la blessure.

« Alors ? le pressa-t-elle.

  • Il faut que vous sachiez que je ne peux me baser que sur un examen visuel. Je dirais que la balle a dû frôler son artère axillaire. Au vu de la quantité de sang sur ses vêtements, il en a déjà perdu beaucoup. Si je connaissais son groupe sanguin et si j’avais eu le nécessaire, je l’aurais immédiatement transfusé.
  • Vous ne pouvez rien faire pour lui ? l’interrogea-t-elle en déglutissant péniblement.
  • Il me faudrait du matériel, je n’ai rien sur moi. La première chose à faire serait d’arrêter l’hémorragie. »

Alexandre partit d’un bond à travers la maison à la recherche de médicaments ou de quelque chose qui pourrait servir. S’il n’appréciait que très peu le jeune homme, celui-ci avait sauvé sa sœur. À dire vrai, pas seulement elle. Il lui devait beaucoup.

« Le garrot est bien placé, mais il n’est pas assez serré », ajouta le médecin en l’arrangeant.

Il se dirigea soudain à l’autre bout de la pièce, approcha une table et retira la poussière accumulée avec la manche de sa veste. Il ordonna ensuite à Lucie de l’aider et ensemble, ils y placèrent Kayn.

« Il est important que tout son corps soit au même niveau, ainsi son sang va se répartir uniformément et il ne devrait pas souffrir de manque d’oxygène. Du moins, s’il lui en reste assez. »

Il tâta son pouls : faible, mais néanmoins perceptible.

« D’après ce que j’ai vu, la balle n’est pas ressortie, reprit-il en se mordillant nerveusement l’ongle du pouce. Et si… peut-être que l’artère a été touchée et que la balle retient le plus gros de l’hémorragie. Si je l’enlève, il mourra.

  • N’avez-vous pas dit que l’artère n’était pas touchée ? intervint Max qui observait la scène d’un œil attentif, assis sur un fauteuil à quelques mètres.
  • Je n’ai que mes yeux pour l’examiner, s’offusqua-t-il, je ne peux qu’émettre des hypothèses et agir en conséquence. Je ne suis sûr de rien. »

Il traversa la pièce de long en large comme un tigre en cage, puis revint d’un trait vers son patient.

« Il est inconscient, alors… la meilleure chose à faire est de cautériser la plaie. La balle ne devrait pas bouger et son corps, guérir de lui-même avec le temps. Cependant, il y a un risque d’infection non négligeable qui pourrait conduire à une septicémie. Si cela arrivait, je ne pourrais rien faire. Et même si tout se passait bien, son bras pourrait avoir des séquelles à cause du manque de sang. »

D’un pas nonchalant, Linus s’approcha pour jeter un œil à la blessure de Kayn. Il croisa le regard sévère de Lucie et recula sans dire le fond de sa pensée. Et qu’elle était sombre ! De tout son être, il espérait voir la mort emporter le jeune homme. Selon lui, c’était tout ce qu’il méritait. Il le haïssait et n’éprouvait pour lui que du mépris, peu importait qu’il soit encore en vie grâce à lui. C’était un fauteur de trouble, une grande gueule, un emmerdeur qui n’avait pas sa place dans son groupe. Il ne demandait qu’à en être définitivement débarrassé.

Alexandre revint, et à sa mine désespérée, ils devinèrent qu’il n’avait rien trouvé.

« Bon, il n’y a pas une minute à perdre, déclara le médecin en fouillant ses poches. Il me faudrait… une source de chaleur, quelque chose pour faire chauffer une lame afin de pouvoir cautériser la plaie. Cela stoppera le saignement. C’est tout ce que je peux faire pour l’aider. »

Son regard balaya la pièce et il se confronta à un mutisme total.

« Allons, réagissez, vous avez un réchaud dans le sac à dos auquel vous vous accrochez tant ! gronda Max en direction de Linus. Vous croyez peut-être l’avoir bien caché, mais je vous ai vu vous en servir lorsque nous étions en route pour Ghudam pour réchauffer une vieille conserve.

  • Il est vide, il n’a plus de gaz, affirma l’ancien militaire en croisant les bras.
  • Vous n’aurez donc pas de mal à vous en séparer !
  • Je ne m’en séparerai pas.
  • Vous allez vraiment laisser mourir ce jeune homme parce qu’il a eu l’audace de vous tenir tête ? » insista le vieil homme en fronçant les sourcils.

Tous les regards se dirigèrent vers Linus, et leur poids asséna un terrible coup à son ego. Il pressentit qu’il allait perdre de sa popularité s’il se butait à refuser d’aider Kayn. Malgré lui, bougonnant intérieurement, il fouilla dans son sac et en sortit l’objet.

« Vous auriez un couteau et de l’eau aussi ? » ajouta le médecin.

Linus grimaça puis lui tendit un canif et sa bouteille d’eau.

« Est-ce que quelqu’un pourrait guetter dehors si la Calamité vient par ici ? demanda-t-il encore, suant à grosses gouttes tandis qu’il retirait son manteau pour être plus à l’aise.

  • Il fait nuit, elle a beau être énorme, on ne la verrait qu’au dernier moment, répondit Alexandre. Et puis, elle est occupée à Ghudam.
  • Et si elle avait décidé de nous suivre ? »

Comprenant la panique qui saisissait l’homme, Alexandre consentit à faire le guet à l’extérieur pour le rassurer.

Les mains tremblantes, le médecin attendit d’entendre la porter d’entrée se refermer avant de bouger de nouveau. Il était si nerveux qu’il semblait presque en état de choc. Lucie posa sa main sur son bras et chuchota pour le rassurer :

« Je vais faire tout mon possible pour vous aider, dîtes-moi ce que je dois faire.

  • Vous allez m’éclairer ! »

Tout d’abord, il commença par découper le t-shirt de Kayn, puis lava la lame avec le liquide, alluma le réchaud et la plaça au-dessus.

« J’aurais besoin de quelqu’un pour le tenir. Il risque de se réveiller un instant à cause de la douleur. »

Cette fois, Noé se porta volontaire. Il s’approcha et se tint prêt à maintenir le blessé. Tandis que la lame chauffait, le médecin se présenta :

« Je m’appelle Edward Thierriet, se présenta-t-il, j’étais à Ghudam depuis quelques mois quand, il y a environ deux semaines, on m’a enfermé. Manifestement, remettre en question le fonctionnement de cette ville n’était pas une bonne idée. Sans votre intervention, j’y serais encore. Je vous dois bien d’essayer de sauver la vie de votre ami. »

Edward examina le canif et décréta que la température en était suffisamment élevée.

« Je vais devoir m’y reprendre en plusieurs fois, alors surtout, tenez-le bien » ajouta-t-il à l’attention de Noé qui acquiesça d’un signe de tête.

Une première fois, il applique le métal chauffé sur la blessure de Kayn. Celui-ci ouvrit les yeux presque aussitôt et chercha à repousser la cause de sa violente douleur. Mais il était à peine conscient. Sa main chassait aveuglément l’air jusqu’à ce que Noé la saisisse pour l’immobiliser.

« Tout va bien » lui murmura Lucie en caressant son front d’une main, veillant à ce que le faisceau de la lumière reste sur sa plaie.

Sa tête retomba comme celle d’un pantin inanimé. Une odeur de chair brulée envahit la pièce : M.Thierriet renouvela l’opération un long moment, cautérisant consciencieusement chaque partie qui saignait encore. Finalement, les yeux plissés, il contrôla son œuvre et déclara avoir fini.

« Vous… vous êtes sûr ? s’inquiéta Lucie. Il n’y a rien d’autre que nous puissions faire ?

  • Nous n’avons ni antibiotique ni désinfectant, alors non, il n’y a rien d’autre à faire. Si vous êtes croyante, priez pour lui, au point où nous en sommes… »

À quelques kilomètres de là, la Calamité œuvrait encore à Ghudam ; certains parvinrent à fuir, quant aux autres, leurs corps allaient reposer à jamais dans les ruines de la ville. Quelques-uns rallièrent Petit-Azuré et se mirent à l’abri dans une seconde maison.

Au matin, tandis que les rideaux sales en dentelle filtraient les premiers rayons du soleil, Ghudam subissait encore le courroux de la bête. Tous se demandaient quand elle partirait, mais ils connaissaient aussi la réponse : lorsque plus aucune vie, plus aucun souffle ne résonneraient dans la ville.

À Petit-Azuré, les survivants priaient, espérant qu’elle ne viendrait pas jusqu’à eux. Par sûreté, on laissa des guetteurs dans les rues pour prévenir de sa proximité.

Lucie n’avait pas quitté le chevet de Kayn et surveillait le moindre changement. Elle l’avait recouvert d’une vieille couverture trouvée dans la maison pour qu’il n’ait pas froid. Le torse du jeune homme se soulevait faiblement, presque imperceptiblement. Sa peau était toujours aussi pâle, livide. Elle ne s’attendait pas à ce qu’il se réveille tout de suite, bien sûr, mais elle souhaitait le voir sur pied le plus tôt possible. Non loin d’elle, des murmures parlaient déjà d’une nouvelle destination. Elle savait que le départ serait pour bientôt : sans nourriture, il n’y avait aucune raison de rester et l’on espérait peu de choses de ce qui resterait de Ghudam. Linus menait la discussion. Si pour l’instant, il n’avait pas encore abordé le sujet l’état de Kayn, cela finirait par arriver.

En début d’après-midi, Florie rentra dans la maison aussi vite qu’un éclair – malgré sa peur, elle avait accepté de faire le guet.

« E-Elle est là ! Elle… bégaya-t-elle, pétrifiée devant la porte d’entrée.

  • Cachez-vous et ne faites pas de bruit ! » ordonna Linus à voix basse.

Tous s’exécutèrent sans délai, sauf Florie qui resta figée, les yeux exorbités. Son corps ne lui obéissait plus, elle avait si peur ! Alexandre se précipita sur elle sans réfléchir et la tira dans la pièce voisine jusque sous une table, puis posa son index sur sa bouche pour lui intimer le silence.

Dehors, d’énormes pas résonnaient, se rapprochant peu à peu de la maison. Lucie, accroupie près de Kayn, scrutait la fenêtre toute proche. Une ombre la recouvrit progressivement, puis elle aperçut l’une des plaques osseuses qui composaient le corps démesuré de la bête. Ensuite se dévoila son museau et son œil gauche entièrement blanc. On aurait dit qu’elle tentait de voir à l’intérieur ; en face, la jeune femme se tenait immobile. Plusieurs secondes passèrent où le temps sembla d’être arrêté. Puis la Calamité repartit d’un pas lent. Si elle avait vu Lucie, elle n’en avait rien eu à faire. Peut-être était-elle aveugle ? Ou fatiguée ?

« Elle est partie ? chuchota la voix de Noé quelque part dans le salon.

  • Tu veux aller voir peut-être ? » lui lança Linus d’une voix sévère en regardant en direction d’un placard encastré dans un mur.

L’homme ouvrit lentement l’une des portes et jeta un œil en direction de la fenêtre.

« Eh, fit-il à Lucie, tu la vois encore ? »

Elle s’avança avec précaution et regarda à l’extérieur. Elle n’en crut pas ses yeux : la Calamité s’était couchée à l’angle de la maison pour une petite sieste ! Son corps était si grand qu’elle n’en voyait qu’une partie. Lucie recula sans un bruit et raconta ce qu’elle venait de voir. De l’avis général, il fallait ne plus bouger et surtout, rester silencieux. Et ce fut ainsi jusqu’au lendemain matin. Cette fois-ci, lorsqu’elle alla vérifier, elle constata que la créature était partie durant la nuit, au soulagement de tous.

« Nous devrions aller à Ghudam, prendre ce qui pourrait nous être utile » fit Linus plus comme un ordre que comme un conseil.

Alexandre devina que sa sœur refuserait d’abandonner Kayn, même pour quelques heures. Et Max était trop âgé pour chercher dans les décombres de quoi subsister. Il irait pour eux. Tania demanda à Lucie de garder ses enfants et leur fit promettre de rester sage en son absence. Elle ne pouvait pas toujours se reposer sur les autres et craignait qu’on lui en fasse le reproche si jamais elle essayait de se dérober à la tâche. Et elle savait qu’avec Alexandre, elle était en sécurité.

Avant de partir, ce dernier s’empara du sac de Kayn et le vida :

« Je vais ramener tout ce que je peux, assura-t-il à sa sœur.

  • Essaye de trouver des médicaments, d’accord ? »

Il acquiesça puis sortit rejoindre Tania qui l’attendait devant la maison.

« J’ai toujours pensé que cet idiot était indestructible, fit Max en s’approchant du blessé. On dirait que je me trompais.

  • Moi aussi. À chaque fois il trouve le moyen de remettre en question l’image que j’ai de lui.
  • Tantôt insupportable, tantôt raisonnable, il a le don de nous perdre, rit le vieil homme en posant sur lui un regard bienveillant. J’ai su que c’était grâce à lui que nous sommes tous sorti vivants de Ghudam.
  • Oui…
  • Ton frère m’a dit… pour toi, hésita-t-il. Est-ce que tu souhaiterais en parler ?
  • Non, merci. Je… Je veux me concentrer sur Kayn, pour l’instant.
  • Ce n’est pas ta faute. J’espère que tu le sais.
  • Si, sanglota-t-elle, il a pris cette balle à cause de moi.
  • Non, il l’a prise parce qu’il voulait te sauver. Il savait qu’il risquait sa vie. Quelqu’un aurait pu lui tirer dessus avant même qu’il ne te retrouve. Seulement, c’est arrivé dans cette chambre. Ça ne fait pas de toi la fautive.
  • Pensez-vous qu’il puisse s’en sortir ?
  • Évidemment. Une fois de plus, notre jeune camarade fera l’inverse de ce qu’on attend de lui. »

Lucie sourit, il était vrai que même si Kayn avait beau être agaçant parfois, on finissait par s’attacher à lui. Elle songea un instant à l’histoire qu’il lui avait raconté sans jamais la finir. Le ton sérieux qu’il avait employé avait laissé le doute s’immiscer en elle : pouvait-il dire la vérité ? Si tel était bien le cas, comment avait-il eu connaissance de ce récit ? Son esprit rationnel aurait voulu crier qu’il s’était moqué d’elle – après tout, c’était bien son genre – mais la Calamité, elle, n’avait rien de normal. De mémoire d’Homme, on n’avait jamais vu pareille créature. Et sa soudaine apparition rendait crédible l’histoire de Kayn. Seule avec Max, elle décida de lui en parler pour avoir son avis.

« S’il y a une chose dont je suis sûr, c’est que nous ne connaissons pas tout de ce monde, commença Max en se tenant pensivement la tête. Le fait que tu tiennes cette histoire de Kayn devrait nous faire douter, en premier lieu. Cependant, j’aime à penser qu’il plaît à notre jeune ami de dire la vérité quand il la sait blessante. Ou importante, sachant qu’on ne le croira pas.

  • Pourquoi il est si compliqué ? soupira-t-elle. Il est obsédé par la Calamité. Il ne s’en cache pas ! Je n’arrive pas à savoir s’il a voulu se moquer de moi ou s’il pense réellement que cette histoire avec le frère de la Mort est vraie. »

Elle jeta un regard à l’intéressé et soupira.

« Je suis sûrement en train de faire ce qu’il attendait de moi...

  • Peut-être avait-il besoin que quelqu’un d’autre y croit pour qu’elle paraisse plus réelle à ses yeux ? Kayn semble être un garçon bien seul. Il ne parle jamais de sa famille ou de lui-même. Il essaye d’être détesté, mais ses actions montrent qu’il a bon cœur. J’imagine que cette maudite bête a dû lui arracher ses proches comme elle l’a fait à tant d’entre nous. Il doit craindre de souffrir de nouveau s’il devait s’attacher à quelqu’un.
  • Lorien. Il a dit ce nom avant de s’évanouir, se rappela Lucie. Peut-être son père ? Ou un frère ? Un ami ? Un compagnon ? Quoi qu’il en soit, cela ne justifie pas son obsession pour la Calamité.
  • Nous réagissons parfois de façon étrange. Peut-être qu’en s’intéressant à elle, il pense garder un lien avec ses proches disparus ?
  • Tous ces peut-être, ça ne fait pas beaucoup de certitude, répondit-elle en esquissant un sourire.
  • Alors il faudra lui demander, s’il s’en sort. »

À ce stade, personne n’aurait pu dire si Kayn allait survivre. Son corps était froid, son cœur battait faiblement, et sa conscience s’était envolée lui seul savait où.

Annotations

Vous aimez lire Charlie V. ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0