6.1

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Fatiguée, Lucie se laissa tomber lourdement sur un vieux canapé. Elle n’avait pu fermer l’œil de la nuit, perturbée par la visite la plus étrange de sa vie. Son corps était encore pris de spasmes et des sanglots nouaient sa gorge avec force. À la fois perdue et désemparée, elle suppliait intérieurement pour qu’on lui dise que tout ceci n’était qu’une blague cruelle. Elle regrettait d’être sortie à la recherche de Kayn, d’avoir parcouru les rues alentour pour le trouver. Elle regrettait s’être tournée vers cette femme aux longs cheveux blancs qui avait appelé son nom. Elle regrettait l’avoir écoutée sans jamais lui dire qu’elle ne voulait rien savoir de la vérité qu’elle tenait tant à lui dévoiler.

Elle avait beau essayer de remettre de l’ordre dans ses pensées, celles-ci s’entremêlaient fermement comme des nœuds bien trop serrés. Que dire ? À qui ? Quoi faire ? Si seulement il y avait eu une réponse toute faite à ces questions…

Pour la perturber un peu plus, c’est le moment que choisit Kayn pour rentrer. Prise de court, elle le fixa maladroitement. Le dépit qu’elle lut dans ses yeux remit en cause ses sentiments, et si elle avait pensé un instant le confronter, elle abandonna cette idée, comprenant que quelque chose s’était passé et que la nuit risquait d’être encore plus pénible pour lui.
Il passa à côté d’elle, les lèvres closes ; se doutait-il que Thana lui avait déjà tout révélé ? Il n’en montra aucun signe. Après quelques pas cependant, il se ravisa et se tourna vers elle :

« Pourquoi es-tu encore debout ? » demanda-t-il, soupçonneux.

  • Qu’est-ce que ça peut te faire ? fit-elle sur la défensive, évitant son regard qui devenait de plus en plus lourd sur elle.

Une façon d’éviter une terrible discussion qui les sépareraient à jamais. Il lui fallait du temps pour réfléchir, sans quoi elle lui dirait sûrement des choses qu’elle regretterait. Et… elle tenait beaucoup à Kayn. Un instant, elle s’imagina ne jamais lui parler de la rencontre qu’elle avait faite. Ainsi, il n’aurait aucune raison de partir. Elle y pensa sérieusement, intensément. Si bien qu’elle en oublia que les yeux de celui-ci la scrutaient.
Silencieux, le cœur dans un étau, Kayn maudit sa sœur pour sa clairvoyance.

« Elle sait, se dit-il intérieurement. »

Lui non plus ne voulait aborder le sujet car il savait que cela signifierait la fin de leur relation. À cette pensée, un profond dégoût l’envahit : comment pouvait-il encore se soucier d’une chose aussi insignifiante ? Comment avait-il pu laisser cela lui arriver ?

Soudain une peur le saisit : avait-il changé à ce point ? Non ! Non. C’était sa condition humaine qui l’avait obligée à feindre une amitié avec Lucie. Les sentiments ressentis envers elle n’avaient rien de réels ! Ils s’effaceraient aussi rapidement que neige au soleil une fois qu’il se serait éloigné d’elle ! … n’est-ce pas ?
À ce moment-là, sa détermination à redevenir l’être qu’il était auparavant atteignit des sommets. Il fit demi-tour en direction de la porte d’entrée plus résolu que jamais quand il sentit une main attraper son bras. Lucie se tenait là, lèvres scellées par l’angoisse et lui adressant un regard lourd de tristesse. En vérité, son geste avait été plus rapide que sa pensée et elle ne sut que dire face au regard interrogateur du jeune homme. Son cœur battait fort dans sa poitrine comme s’il voulait soudainement sortir pour explorer le monde.

« Fais attention à toi, d’accord ? bégaya-t-elle en baissant les yeux afin qu’il ne puisse comprendre l’intensité de l’émotion qui la submergeait. »

Kayn la regarda une longue seconde puis hocha affirmativement la tête, insuffisant pour Lucie qui, malgré toute la colère et la tristesse, le prit brusquement dans ses bras et murmura doucement qu’elle tenait à lui.

« Si tu le dis… »

La voix de Kayn fut aussi froide que son regard. Cette révélation ne fit que renforcer sa colère. Il avait le sentiment d’avoir entendu un mensonge à l’instant, un mensonge que seul l’instinct de survie justifiait. Lucie lut sur son visage qu’il n’en croyait pas un mot. Si tout d’abord elle fut blessée, elle rebondit rapidement en comprenant qu’il allait s’en aller sans un mot de plus et qu’elle ne le reverrait sans doute jamais :

« Il faut qu’on parle, lui dit-elle alors, il faut que je sache. »

Ni l’un ni l’autre ne voulaient de cette conversation, mais ils ne pouvaient véritablement y échapper. Tout tendait à les y confronter : leurs craintes, leurs sentiments l’un envers l’autre – même si Kayn ne voulait y accorder de la valeur – et peut-être même le destin dont les affres ne sont jamais révélées à l’avance.
À regret, Kayn acquiesça de nouveau puis l’invita à le suivre à l’extérieur d’un signe de la main, craignant que les murs aient des oreilles, bien qu’il fût tard. Lucie n’hésita pas une seconde à lui emboîter le pas, elle avait toujours confiance en lui et ne redoutait pas qu’il lui fasse du mal pour la faire taire. Elle le suivit donc silencieuse et le cœur serré à travers les rues de Sance, désertes à cette heure tardive.

Pour qui aurait tendu l’oreille, leurs deux cœurs battaient à l’unisson tel des tambours annonçant une guerre imminente. D’un côté, Kayn n’avait jamais été si nerveux et adressa une nouvelle fois quelques malédictions à sa sœur pour l’avoir mis dans cette situation. Une pensée s’immisça brièvement dans son esprit : Lucie pouvait-elle devenir son ennemi ? L’idée le fit frissonner, non pas que la demoiselle pouvait bousculer ses plans mais… il ne voulait pas voir cette amitié finir de cette façon. Qu’il l’ait décidé ou non, il la chérissait comme il en avait chérie une autre autrefois. De l’autre, Lucie dont le corps entier menaçait de défaillir à chaque pas, prenait conscience qu’elle allait avoir la conversation la plus importante de sa vie. Ce n’était ni quelqu’un d’éloquent ou de charismatique, et pour cela, elle pensait que des arguments solides seraient nécessaires afin d’ébranler les convictions de Kayn. Lui qui la croyait naïve et insouciante, comment pouvait-elle espérer le convaincre ?

Ce dernier n’avait pas choisi par hasard le lieu de leur entrevue ; des ruines les entouraient, ne laissant aucun endroit où l’on pourrait se cacher et offrant un champ de vision circulaire sur plusieurs dizaines de mètres. Ressentant le besoin de se confier, il lui était nécessaire d’être certain que Lucie serait la seule à écouter.
Son regard bicolore tomba sur elle comme un couperet ; elle ne pouvait plus reculer ni échapper à cette conversation qui allait sceller son sort et celui de l’humanité. Constatant son malaise, Kayn détourna les yeux et lui fit signe de s’asseoir sur un monticule de terre et de pierres brisées.

« Je n’ai pas envie de m’asseoir, fit-elle les bras croisés et le regard plongé vers le sol. Je suis restée assise pendant des heures depuis que ta sœur est venue me voir. »

Le nœud dans sa gorge tenta de faire barrage aux sanglots qu’elle voulut réprimer.

  • Je devine le sujet de votre conversation, soupira-t-il.

Après une longue et profonde inspiration, Lucie lâcha, la voix grave :

  • Alors… c’est toi, le frère de la Mort.
  • Celui-là même que tu tenais tant à rencontrer.
  • Tu m’as laissé chercher un homme que j’avais devant les yeux depuis le début, lui reprocha-t-elle en essuyant une larme longeant sa joue. Tu as dû bien rire !

Kayn garda le silence, ne laissant paraître aucune émotion. Il n’était pas fier de lui avoir joué ce tour car désormais il ne voulait plus s’amuser à la regarder se débattre vainement contre son destin. Il ne voulait plus la voir espérer pour quelque chose qui n’arriverait jamais. Il ne voulait plus la voir souffrir et pourtant… il savait que ni lui ni elle ne sortiraient indemnes de cet échange.

« Pourquoi nous as-tu fait ça ? poursuivit-elle, préférant venir à un sujet plus important, explique-moi. Pourquoi tu as créé la calamité ? »

  • Parce qu’il fallait bien que quelqu’un réagisse. Sans cela, la vie sur cette planète était amenée à disparaître.
  • Mais tu aurais pu, je ne sais pas, venir nous parler ? Nous aider, nous guider ? Tu as choisi de nous anéantir, insista-t-elle, la voix troublée.

Kayn laissa ses poumons se remplir d’un air frais puis expira brièvement. Ses prunelles bicolores se plantèrent dans les siennes. Les sentiments de ce jour-là étaient encore intacts : le jour où il avait donné naissance à Nihil.

  • Je commencerai par le début dans ce cas, fit-il en replongeant au plus profond de ses souvenirs. Tout d’abord, je me dois de t’éclairer sur ce que j’étais avant : je ne viens pas de cette planète ni d’aucunes autres. Pas véritablement. Les miens s’établissent où ils souhaitent vivre, seul ou avec d’autres, changent de lieu ou reste au même endroit jusqu’à la fin de leur vie. Nous n’avons d’existence physique que si nous décidons d’en avoir une ; certains choisissent de prendre l’apparence des espèces qu’ils croisent pour vivre avec elle. Notre espèce n’a pas de langage à proprement parler, nous ne communiquons pas avec des mots mais avec des pensées, des sensations, des images. Cela évite nombre de quiproquo, crois-moi.
  • J’ai du mal à imaginer que c’est possible.
  • Je comprends : votre méthode de communication est plutôt primitive. Notre nature vagabonde nous a valu le nom de voyageur. Nous autres, être cosmique, n’avons qu’un seul but, trouver une raison de vivre. Et lorsque nous avons découvert cette planète, Thana et moi, nous avons su qu’elle était ici.

Le visage de Kayn sembla s’adoucir au fur et à mesure qu’il se replongeait dans son passé. Un éclat émerveillé se glissa dans ses yeux et pour un court instant, son expression fut celle de la quiétude.

« Tu ne peux imaginer ce que j’ai pu découvrir à l’époque tant ce monde ci diffère d’autrefois. C’était un écrin de verdure où chaque espèce s’épanouissaient librement, où l’air des montagnes était si pur, l’eau des océans si riche. Où tout était si parfaitement relié, formant les maillons d’une chaîne qui semblait ne pas avoir de fin. Rien ne nous faisait plus plaisir que d’en apprendre davantage sur cette planète et sur ses habitants. Pendant des millions d’années, nous avons vécu heureux à veiller sur elle. Il arrivait parfois que des catastrophes survenaient, mais nous étions là pour l’aider à s’en remettre. Nous vivions chacune de ses pertes comme l’un de nos échecs, mais sommes restés respectueux de l’ordre naturel des choses. Si une espèce devait disparaître car elle ne s’adaptait pas au changement, alors nous laissions faire, même si cela devait nous briser le cœur. Nos actions étaient minimes : nous pouvions aider la végétation à guérir après un feu ou même s’assurer qu’une terrible blessure ne signifiait pas la mort d’un animal. Les choses étaient si simples. »

D’un coup, il posa un regard accusateur sur Lucie qui eut l’impression qu’on venait de déposer une chape de plomb sur ses épaules.

  • Et puis… vous êtes arrivés. Au début, guère différent des autres espèces. Je dois avouer ma curiosité à votre égard. J’étais alors impatient de savoir comment vous alliez évoluer parmi toutes les autres espèces. Alliez-vous être des proies ou des prédateurs ? Seriez-vous plus intelligents ou plus bêtes ? Pourquoi deviez-vous marcher sur vos deux jambes et non sur quatre ? Pourquoi votre langage se développait-il autant ?

Son regard changea de nouveau, glacial et terrifiant.

  • Que j’étais naïf de croire que vous seriez l’espèce la plus aboutie de cette planète. Que j’étais sot de croire en vous.

Ses yeux laissaient transparaître la haine qu’il éprouvait désormais pour l’humanité. Une haine qui avait lentement rongé le voyageur bienveillant qu’il était pendant des milliers d’années, comme l’eau érode imperceptiblement la pierre.

  • Vous avez appris à apprivoiser des bêtes, puis vous les avez parquées et vous avez fini par les exploiter jusqu’à ce qu’ils ne deviennent qu’une matière dont vous pouviez vous servir à outrance. Pire, vous ne parveniez plus à les considérer comme des êtres vivants doués d’émotions. Cela a conduit à des atrocités. Les déposséder de leur vie ne suffisait pas, il fallait aussi les priver de leurs membres si jamais ils devenaient gênants ou dangereux : griffes, becs, cornes, dents… et ce, de leur vivant. »

Des souvenirs se projetaient dans son esprit aussi intacts que s’il les avait vécus la veille, lui laissant revivre les émotions d’alors. Ses prunelles bicolores s’embrumèrent tandis que l’impuissance de ces instants brutalisait tout son être. Puis de nouveau, la colère refit surface :

  • Petit à petit, vous avez tout modifié, et de cet écrin de verdure, voilà ce qu’il en reste aujourd’hui. De nombreuses espèces ont disparu, la pollution est partout, tant et si bien qu’elle affecte tout le monde. Je n’ai jamais compris votre acharnement à continuer à vivre de la même façon. Et que dire du traitement que vous infligez aux vôtres ? Vous êtes vils et cruels. Vous trouvez mille raisons de vous entretuer, de vous diviser, de vous faire du mal. Alors Lucie, en constatant tout cela, comment aurais-je pu rester indifférent ? Vous avez tout détruit. Tout ce pourquoi nous avons œuvré pendant des millions d’année.

Lucie se retrouva bien désemparée face à son discours. Le monde avant l’apparition de la calamité n’était plus le même qu’aujourd’hui, et elle ne le connaissait qu’à travers des récits oraux. Et quoi que Kayn en dise, elle ne s’identifiait pas à ces actes. Devait-elle payer pour les autres ? La réponse lui vint tout naturellement : c’était une injustice. Néanmoins elle concevait que pour le voyageur, tout cela était encore frais dans son esprit. Si comme il le disait il avait déjà vécu des millions d’année, alors trente ans équivalait à un battement de cils pour lui. Pas étonnant qu’il se rappelait toutes ces choses. Mais Lucie se rappelait à peine la voix de ses parents ! Comment aurait-elle pu se souvenir de choses qu’elle n’avait ni vu ni vécu ?

Elle aurait voulu lui dire tout cela, mais un souvenir récent scella ses lèvres : Ghudam. Il s’agissait de la pire expérience de toute sa vie et jamais elle ne se serait doutée qu’une telle cruauté puisse exister si elle ne l’avait pas vécue. Car si de tels événements avaient pu se produire là-bas, ils avaient pu se reproduire ailleurs, peut-être même en pire. La facilité l’aurait fait blâmer Kayn pour avoir créé la calamité et la situation qui en avait découlé mais… Lucie savait que ce n’était qu’un facteur de l’équation car chacun pouvait décider d’avoir une conscience ou non. De faire le bien, ou non. Et ce, peu importe le degré de l’épreuve à affronter.

« Et c’est bien ce que Thana me reproche, continua-t-il tristement. Je n’ai pas pu rester sans rien faire cette fois-là. C’était bien trop grave. Je pensais que nous allions tout perdre. J’étais tourmenté, chaque jour j’avais la preuve qu’il fallait que j’agisse. J’ai décidé de faire part de mes craintes à ma sœur, mais elle y est restée sourde. Les choses sont ainsi faites, a-t-elle dit, tu ne dois pas intervenir. À ce moment-là, j’étais résigné à l’écouter. »

  • Pourquoi avoir changé d’avis ? s’enquit Lucie en fronçant les sourcils, sceptique face à cette révélation.
  • Cela te surprend-t-il vraiment ? l’interrogea Kayn en remarquant son expression.
  • Après tout ce que tu viens de dire, oui, je l’admets. Alors ? Pourquoi ?
  • Parce qu’après, une fois encore, j’ai assisté à votre nature cruelle et sans pitié. Aussi ironique cela puisse-t-il être, cela concernait un humain. Résigné à suivre le conseil de ma sœur, je me suis intéressé à l’un de vous, choisi au hasard. Il s’appelait Lorien. C’était un homme doux, gentil et généreux. De grandes qualités mais aussi des défauts, dans son cas. Marié jeune, il avait perdu sa femme morte en couche ainsi que son enfant. Cette dernière avait hérité de la fortune de ses parents, fortune qui revint finalement à Lorien. Elle morte, il n’en avait que faire et se refusait à en user. Il jura devant la tombe de sa femme que jamais plus il ne prendrait épouse. À l’aube de ses quarante ans, un événement vint perturber son quotidien morne et triste : il sauva une jeune femme d’un mari violent. Elle se retrouva avec aucun endroit où vivre et bien sûr, Lorien ne put y rester indifférent. Il lui proposa de s’installer chez lui le temps qu’elle puisse se rétablir. Arriva ce qui devait arriver, ils tombèrent amoureux. Leur différence d’âge faisait jaser, évidemment. Lorien s’en moquait, il était fou amoureux et elle faisait tout pour entretenir cet amour. Et bien que connaissant son histoire, elle finit par lui demander de l’épouser, car sans cela, disait-elle, leur amour ne serait jamais complet. Après maints refus, Lorien a cédé et est allé implorer le pardon de sa femme devant sa tombe, demandant sa bénédiction. Une fois mariée, sa nouvelle épouse se détourna bien vite de lui : il crut tout d’abord qu’elle était enceinte et qu’elle craignait sa réaction. Mais il finit par découvrir qu’elle le trompait avec l’homme qui la battait des années auparavant. Prise sur le fait, elle implora son pardon, expliquant qu’elle était sous l’emprise de cet homme et que jamais plus il ne la surprendrait avec lui ou un autre. Lorien consentit à la pardonner. Il l’aimait et était certain que son amour était réciproque. L’incident clos, ils rentrèrent chez eux et se jurèrent que rien ne les séparerait.
  • Ça ne s’est pas fini avec cet événement, n’est-ce pas ? demanda-t-elle avec appréhension.
  • Non, la nuit suivante, Lorien fut assassiné par son épouse et son amant. En vérité, tout n’avait été qu’une mise en scène, depuis le début. Tous deux connaissaient l’histoire de Lorien et surtout ce qu’il avait reçu après le décès de sa femme.

Le regard de Kayn se perdit au loin tandis qu’il poursuivit :

  • Ce fut un véritable bain de sang. Ils l’ont poignardé encore et encore, jusqu’à ce qu’il ne bouge plus. Puis pour fêter leur victoire, ils ont couché ensemble, là, à côté de Lorien, ignorant que celui-ci n’était pas encore mort et les regardait.

Lucie perçut à ce moment un changement de ton dans sa voix puis remarqua que ses yeux étaient rougis par le chagrin.

  • J’étais là. J’aurais pu agir, lui sauver la vie. J’aurais dû, je le regrette encore aujourd’hui. Quand bien même aurais-je brisé la fichue règle que nous nous étions imposés. Lorien gisait sur le sol et je me suis approché. Bien sûr il ne pouvait pas me voir mais, je ne voulais pas qu’il soit seul pour ses derniers instants. J’ignore s’il a ressenti ma présence, toutefois je voulais l’accompagner. Et doucement… j’ai aidé son énergie à quitter son corps pour qu’enfin il trouve le repos.
  • Ils l’ont tué pour l’argent de sa femme, conclut Lucie à voix haute, le cœur serré.
  • Oui. Ce jour-là, ce fut la goutte de trop. Ce jour-là, j’ai décidé de mes propres règles. Ce jour-là, j’ai créé Nihil, avec l’énergie de Lorien. Je n’en avais pas besoin mais je voulais qu’il soit une partie d’elle, même symbolique.
  • Alors, ils n’ont pas eu le temps de profiter de l’argent ?
  • Nihil ne leur en a pas laissé le temps. Ils furent ses premières victimes.

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