3.7. Un monde sans ordre.

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Ce même jour - banlieu de Nantes

Lors des premières heures de la catastrophe, l’ensemble des forces de sécurité militaires et civil fut mobilisée pour aider les populations et éviter le chaos. En dépit des énormes problèmes logistiques qu’elles rencontrèrent et de la réduction des effectifs que celles ci provoquèrent, leurs interventions furent primordiales pour conserver un semblant d’organisation au sein des cités. A la fin de second jour, une organisation provisoire avait été mise en place et il semblait que celle-ci permettrait de garder le contrôle de la situation.

Lorsque l’orage magnétique se déchaina, cette organisation s’effondra. Du fait du manque d’électricité et de la chute de l’ensemble des réseaux de communication, les consignes ne parvenaient plus aux casernes, ni aux postes de polices et gendarmeries. De même les agents, militaires et pompiers sur le terrain se retrouvèrent dans l’impossibilité de joindre leurs supérieurs pour récupérer leurs ordres.

Lucien et Idriss avaient été chargés dès le jeudi matin de réguler les accès au centre commercial Atlantis.

Idriss avait rejoint la police il y a déjà plus d’une vingtaine d’années. Il avait fait une carrière exemplaire qui lui avait permis d’atteindre le grade de major. Son collègue Lucien était rentré dans la carrière depuis seulement cinq ans. Ils avaient l’habitude d’intervenir ensemble et s’appréciaient.

Lucien avait remarqué une certaine agitation sur l’arrière du bâtiment.

  • Oh la, il se passe quelque chose là-bas. Ces types de m’ont pas l’air net.
  • Effectivement, ils préparent quelque chose.
  • Le problème c’est qu’ils ont l’air nombreux, au moins une douzaine et pas du tout du genre sympathique.
  • Oui, tu as raison. J’appelle le poste pour demander du renfort. Pour l’instant restons en retrait.

Idriss prit donc sa radio et appela le poste.

  • C’est Idriss, je suis à Atlantis avec Lucien, …. Un groupe d’une douzaine d’individus est en train de préparer un mauvais coup…

A cet instant l’orage magnétique se déchaîna anéantissant les réseaux électriques et coupant toute liaison radio.

  • Allo, allo, je ne vous entends plus … Allo, …

idriss lachat alors sa radio dont la chaleur venait d’augmenter brutalement.

  • Et Merde, qu’est ce que c’est que ce bordel, s’exclamât il.
  • Que se passe-t-il, reprit Lucien.
  • Je ne sais pas, apparemment la radio vient de cramer. Je ne comprends pas.

Au même instant un brouhaha puissant sorti du centre commercial et les sirènes d’alarme se mirent à hurler. Rapidement ils virent une grande masse de gens sortir en courant et en hurlant. Si les premières personnes sortirent avec des caddies, par la suite ils virent des gens sortir avec de gros paquets et de gros cartons. Dans un premier temps ils songèrent à s’interposer, mais ils se rendirent rapidement compte que cela ne servirait à rien et qu’ils étaient totalement incapables d’agir.

Ils réussirent quand même à entamer une conversation avec une jeune femme blonde qui sortait.

  • Que se passe-t-il là dedans ?
  • C’est la plus grande pagaille. Plus rien ne marche, il n’y a plus de lumière, les caisses ne fonctionnent plus et les sirènes saturent les oreilles. Les gens s’enfuient sans payer et de nombreux pillages sont en cours. Il semble que toute la chaîne de paiement soit hors de service.
  • Mais qu’ont fait les vigiles des magasins ?
  • Ils n’ont rien pu faire, deux ou trois ont essayé de réagir mais après avoir été bousculés, ils se sont retranchés dans les bureaux.
  • Vous avez dit que les moyens de paiement ne fonctionnaient plus.
  • Effectivement. Ils ont besoin d’électricité et de réseau de communication, or ceux-ci n’existent plus. Donc plus rien ne marche.
  • Mais si on n’a plus de moyens de paiement, comment va-t-on faire?
  • Alors là, aucune idée. Des gens disent que l’on ne pourra plus les utiliser avant plusieurs semaines, voire plusieurs mois.
  • On est vraiment mal alors, conclut Lucien.

Les deux hommes laissèrent partir leur interlocutrice.

  • Nous voilà dans un sacré merdier, dit Idriss.
  • Oui, je ne vois pas ce que nous pouvons faire.
  • Essayons de rejoindre le commissariat. De toute façon nous ne pouvons plus rien faire ici et j’ai vu la bande de malfrats s’engouffrer dans le centre. Ils doivent participer au pillage.
  • Tu as raison, chef, allons-y, là bas il y aura sûrement quelqu’un pour nous dire ce qu’il y a à faire.

Mais au moment où ils s’apprêtaient à quitter les lieux, les malfrats les encerclèrent. Leur chef s’adressa à Idriss :

  • Maintenant, c’est nous qui décidons ici. Alors vous avez le choix. Soit vous nous laissez vos armes sans faire d’histoires et même, si vous êtes intelligents, vous vous joignez à nous, soit nous vous les prenons par la force et là…

Voyant qu’en fait ils n’avaient pas le choix, les deux policiers se délestèrent de leurs armes et les malfrats les récupèrent.

  • Vous êtes réglos, vous pouvez partir, leur dit le chef de la bande.

Les deux hommes s’éloignèrent alors.

  • Je crois que notre carrière dans la police va s’arrêter là, dit alors Lucien.
  • Ouais, du moins, elle risque d’être mise en veille pendant un certain temps. En plus, je pense que nous ne sommes pas prêts de recevoir notre solde avec ce bordel. Rentrons chez nous. Je pense que nos familles doivent avoir besoin de nous.

Les deux hommes se serrèrent la main et partirent chacun de leurs côtés.

Ils ne se revirent jamais.

Des événements comme celui-ci se multiplièrent en zone urbaine et les effectifs de la police et de la gendarmerie fondirent rapidement.

Certains gradés virent l’avantage qu’ils pourraient tirer de s’associer aux chefs de gangs et plusieurs commissariats et gendarmeries passèrent directement sous le commandement de ceux-ci.

Les casernes de l’armée ne furent pas épargnées. Dans un premier temps, faute d’ordres venus des états-majors, elles se barricadèrent dans les casernes. Cependant le commandant de certaines pris le parti de maintenir l’ordre en déployant les troupes à proximité. Ils enrôlèrent les commissariats et gendarmeries voisines et réussirent à maintenir un ordre proche de la normale. Mais ils se heurtèrent rapidement aux problèmes logistiques en particulier pour le ravitaillement. De ce fait dans quelques unes de ces zones, un ordre de plus en plus stricte et intolérant s’instaurait.

C’est ainsi que le champ libre fut laissé aux initiatives mafieuses et totalitaires.

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P.K. 8 avril 2024

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