Petite discussion avec un chat noir

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Tu es surmenée, Emilie ! me répétai-je en allant au marché.

J’avais simplement fait un mauvais rêve. Mais c’était tellement vrai et l’annonce de la mort du vieux Tristan ce matin, cela ne pouvait pas être une coïncidence. A moins que… Non, quelque qui soit Jack avait tort, je n’étais ni sorcière ni voyante. Pourtant, en cherchant dans le grenier de tante Jeanne, j’avais bien trouvé le collier dont il me parlait. Je le sortis de ma robe pour observer la pierre violette qui y était accroché. Était-ce vraiment mes parents qui me l’avaient offert ?

— Alors la nuit t’a porté conseil ? me lança une quelqu’un.

Me rendant compte que c’était un chat noir qui avait parlé, je fis un signe pour me protéger du mauvais œil.

— C’est moi Jack, s’esclaffa le chat. Et pour ton information tes petits signes bidons ne peuvent rien contre moi.

J’en étais stupéfaite, le drôle de petit garçon que j’avais voulu ramener à sa mère, hier, était enfaite un suppôt de Satan. Et d’après lui j’en étais une aussi.

— Je t’arrête tout de suite, fit le chat. Je ne suis pas au service de Satan ou je ne sais quoi. Je suis juste un simple démon.

— Et c’est sensé me rassurer ? Surtout que tu lis dans mes pensées, rétorquai-je en m’écartant avec crainte.

— C’est vrai que c’était maladroit de me part, désolé. Enfin, les démons sont des êtres magiques capable de lire dans les pensées comme les sorcières. (Je grimassais) Ouais, mauvais exemple, comme les fées voilà. T’as rien contre les fées hein ?

— Bien sûr que non, elles sont bénéfiques.

Je crus voir les yeux du chat se plissait.

— On en reparlera. Mais en tout cas, je ne suis pas maléfique. Donc tu vas m’aider à savoir qui est l’auteur de tous ces crimes.

C’était la même question qu’hier. Et pour cause, tout le monde devait se demander qui s’était acharné sur Christophe, sœur Marie et le vieux Tristan. Les images de mon cauchemar que je n’arrivais plus à repousser, revinrent en rafale. Je revoyais les cris, les giclures de sang et un vieil homme me suppliant de l’épargner.

— Alors tu vas m’aider ? répéta Jack pour me sortir de ma stupeur.

— Arrête de me parler ! m’énervai-je. Tout le monde nous regarde.

— Tout le monde TE regarde, répondit-il. S’ils te voyaient me parlez, on t’aurait déjà attribué un joli bucher. Là, la pire chose que tu risques, est de te faire exorciser.

— Vraiment mieux, marmonnai-je en filant en vitesse vers une rue généralement déserte. Comment ça se fait d’ailleurs qu’ils ne te voient pas ?

—Une sorcière m’a passé une potion, qui fait que les humains ne peuvent ni me voir ni m’entendre. Tu veux une autre preuve à ton appartenance au monde magique ?

J’ignorais la question et demandait à mon tour :

— Tu ne fais pas le coup du gamin, cette fois-ci ?

— Plus assez de magie, j’ai à peine de quoi me métamorphoser en ça.

— Pourquoi alors tu t’embêtes à prendre l’apparence d’un vulgaire animal si personne à part moi peut te voir.

— Tout d’abord car les êtres magiques peuvent me voir et qu’en ce moment, il faut que je sois discret. Ensuite ma forme réelle risquerait de t’effrayer.

— C’est pire que le chat noir qui parle ?

— Bien pire. Mais du coup…

— Je ne sais pas et si c’était moi.

— Toi, quoi ?

— Si c’était moi qui avais tué ces personnes ?

Jack éclata de rire et se roula au sol dans la poussière.

— Désolé mais tu t’es vu, je n’arrive même pas à t’imaginer faire du mal à une mouche alors tuer quelqu’un… Qu’est qui a bien pu te mettre une idée pareille dans la tête ?

Je tortillais nerveusement une de mes mèches rousses.

— C’est que j’ai fait un rêve où le vieux Tristan mourrait, hier soir.

Mon interlocuteur me regarda d’un drôle d’air.

— Tu as fait d’autres rêve étrange ?

— Oui avant que Christophe meure, j’ai rêvé de la forgerie et on y a retrouvé son cadavre le lendemain. Et un peu avant la mort de sœur Marie, j’ai rêvé que je creusais dans le potager du couvent. C’est une mauvaise chose ? finis-je par demander inquiète.

— Non, comme je te l’ai déjà dit hier tu es née de l’union d’un sorcier et d’une voyante. Et comme beaucoup d’être magique, tes pouvoirs sont apparus à tes quinze ans. C’est toi n’est-ce pas qui a mis le feu à la grange.

— C’était un accident ! murmurai-je alors que des larmes ruisselaient le long de mes joues.

— Calme ! fit l’animal en se pressant contre le bas de ma robe. Je ne vais pas te mentir, très peu de personnes voudraient être le mentor d’une hybride et je ne suis moi-même pas assez expérimenté en magie pour t’enseigner quoique ce soit. Je comprendrais si tu ne veux pas m’aider, l’enquête sera certainement longue et périlleuse. Mais sache que tu es la seule personne qui puisse m’aider à savoir ce qui est arrivé à ses gents.

— D’accord ! déclarai-je en essuyant mes yeux d’un revers de la manche. Mais pourquoi, tu portes tellement d’importance à la vie de ces personnes.

Jack me regarda avec gravité avant de se métamorphoser en garçon de mon âge aux yeux et cheveux noirs, qui aurait pu passer pour banal s’il ne dépassait pas de sa tignasse deux cornes de diable. Ce n’était pas le seul détail chiffonnant, ses oncles étaient extrêmement longs et ses dents me semblaient incroyablement pointus. Il s’approcha de moi et attendit que je le regarde pour m’expliquer :

— Je suis le démon que le conseil magique accuse de tous ces meurtres. J’ai jusqu’à la pleine lune pour prouver mon innocence et trouver le vrai coupable. Dépassé ce délais, je devrai en payer de ma vie !

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