Un assassinat en toute discrétion

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Il existait dans le village un groupe d'assassins, dont le but était de trouver chaque jour une mort plus drôle que les précédentes. Leurs victimes étaient choisies avec soin, afin de rendre le tout encore plus tristement amusant. Le plus doué d'entre eux, un dénomé Vicock, avait le don de manipuler ses futurs décédés afin de leur faire commettre un suicide de la plus belle des manières. C'est ce qui se passa pour Troupulse, un habitant du village repéré quelques jours auparavant par le fameux Vicock. Le journal relatait les faits suivants.

A été retrouvé ce jour un dénommé Troupulse décédé dans d'horribles circonstances. Le défunt aurait tenté de se suicider au cours d'une crise de démence à l'aide d'un poële à charbon. Se sentant étouffer, il aurait tenté d'ouvrir une fenêtre et serait tombé sur l'objet du suicide, mourrant ainsi de brulûres et d'étouffement.

Vicock jubilait. Personne n'avait remarqué le comportement étrange de monsieur Troupulse. Il s'empressa d'écrire à son ami Tosky afin de lui raconter le masterpiece dont il était l'auteur.

Mon cher Tosky,

Tu as sûrement dû voir dans le journal la mésaventure de Troupulse. Il s'agit de mon dernier chef-d'oeuvre, une pièce toute particulière de ma collection. C'est pourquoi j'ai décidé de faire partager mon savoir-faire pour les lecteurs de Criminélégance en empruntant ta plume pour conter mes prouesses.

J'avais choisi ma victime à l'avance, Troupulse, un homme de quarante ans rachitique et psychologiquement instable. Il était la victime parfaite, manipulable et crédule. Je l'avais observé pendant toute une journée, découvrant ses secrets les plus enfouis. Et lorsque la nuit était venue, je m'étais introduit dans sa maison. J'avais bougé quelques objets de place, tout en sachant qéainsi faisant, je réveillerais sa peur la plus terrible : Alzeihmer. Lorsque le soleil s'était levé, j'avais eu le plaisir d'observer la victime chercher désespérement sa brosse à dent, oublier de mettre une tasse sous la cafetière, mettre du sel dans son yaourt... Plus la journée avançait, plus Troupulse entrait dans une dépression, une panique, un effroi incontrôlable. Le chat fut la goutte de trop. J'avais placé dans sa maison un chaton assez bavard, de manière à ce qu'il l'entende à toutes les heures. Et puis il avait fini par délivrer la bête, causant chez lui un mutisme sensationnel. Il n'en. pouvait plus. Il désirait en finir. Et j'allais l'aider. J'avais placé sur son fauteuil un livre un peu particulier dont tu te souviens sans doute : les meilleurs suicides pas à pas. Il l'avait lu ce matin, le fameux chapitre. Il savait parfaitement ce qu'il devait faire. Il alluma son poêle à bois selon les instructions, vérifia toutes les fenêtres et enfuma la pièce. Mais lorsqu'il se sentit étouffer, il voulut ouvrir la fenêtre. Dommage, Vicock était déjà passé par là! Evidement, j'avais pris soin de condamner la fenêtre en même temps que Troupulse. Il ne pouvait s'échapper. Il sentait l'oxygène diminuer, sa respiration devenait saccadée. Et alors qu'il reculait afin de s'assoir sur le fauteuil, le chat passa entre ses jambes, causant la chute de notre cher Troupulse. Sa tête heurta le poêle et son visage inerte resta là, calciné par la chaleur de l'objet du crime.

Voilà mon cher Tosky, voilà chers lecteurs de Criminélégance. Vous savez tout.

Adieu cher Troupulse, celui qui tentait d'échapper à son propre suicide, mais ne put échapper à son destin. Tu ne manqueras à personne.

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