Pique-nique plongé dans l'amour
Voilà déjà une semaine, et j'étais déjà prêt à oublier les incidents successifs dans cette seule et même journée.
Le gars que j'ai rencontré m'a direct apprécié, et j'en étais ravi. Il s'appelait Jean. Je voyais souvent ma mère pour rigoler quelques instant en oubliant son sort. C'était d'une tumeur proche du cœur, elle ne pouvait pas perdre la tête.
En tout cas, pas avec moi. Certes, ça serait triste si je ne vois pas ma mère mourir, et que je serais seulement là pour l'enterrement, mais tout serait encore plus triste si je la vois mourir. Ce serait voir l'assassin tuer sa proie.
On discute comme si la vie est un soleil sans nuages. Au fond ,je sais qu'il est noir, ce soleil, et que les nuages de lumières ne parviendront plus jamais.
Ma sœur se demandait pourquoi j'étais parti, et vu qu'elle ne voulait pas comprendre, je l'ai bloquée de partout. La géolocalisation ? Je l'ai enlevé, et puis c'est tout.
J'appelais souvent l'hôpital, pour savoir si elle allait bien. Et elle va tout le temps bien.
Le monde va bien. C'est le beau temps avant l'orage. L'orage noirci par le temps qui passe.
Je préfère en profiter pour essayer de quitter l'île de la vie en radeau. Je n'arrive jamais à m' extirper de ce monde assez longtemps pour être soulagé. Je n'ai pas assez d'imagination.
Tout devient flou pour moi. Trop flou. Opaque même.
Je vais vers le magasin pour acheter de quoi pique-niquer avec Jean.
J'ai pas d'idées. Je vais prendre deux sandwichs. Il mange quoi déjà... ?
Je vais lui demander. Même si je l'aime, je n'ai pas envie d'acheter tout le magasin. Pas avec vingt euros. Je ne pourrais pas, de toute façon.
Est-ce qu'il m'aime en retour ? Je ne pense pas. Je ne crois pas.
Une semaine ne serait pas assez pour me séparer du bleu de ses yeux sur lesquels portent des vagues tellement emportantes.
Je chavire sous son regard sérieux, je tombe dans le filet de sa beauté, autant intérieure qu'extérieure.
Je ne pourrais jamais me séparer d'un garçon comme lui. Je ne serais jamais assez à ses côtés.
Je prends du pain. Je ne sais toujours pas pourquoi il est au fond du magasin.
Le jambon est tout près, je le sais. Le beurre aussi. Je les prends.
Je vais vers la caisse, montre mon sac, prouvant que je ne voulais pas voler. Je paye huit euros environ.
J'appelle grâce à ma mère qui m'a permis d'appeler une heure au lieu de deux.
La conversation s'est fini par un "A tout de suite !".
J'attends impatiemment de revoir ce visage et cette bonté d'âme dont chaque parole est un poème et chaque mot une signature.
Les minutes sans lui passent comme des heures à mes yeux. Je le vois au loin. Mon cœur commence à battre à la chamade. C'est ma seule source de bonheur. Je dois faire en sorte qu'il me connaisse. Me connait assez pour savoir que je l'aime plus qu'il ne le crois aujourd'hui.
Ai-je vu quelqu'un de meilleur quelque part ? Jamais. Enfin si. Ma mère.
Jean sait très bien jouer aux échecs. Il a dû me battre au moins vingt fois. Il sait faire du violon, mon instrument préféré. Il a joué cinq films et une série.
Il est maintenant à côté de moi.
Son si doux et somptueux parfum me fait oublier la douleur que j'avais sans sa présence.
Suis-je vraiment à la hauteur pour qu'il m'aime ? Le lendemain, si ça se trouve, tout le monde me lancera des regards de travers.
J'avais en profond sentiment. Mais j'avais cette fois-ci le choix de le sortir ou non.
Est-ce un réel choix ? Je n'ai pas envie de me faire rejeter par la personne qui compte le plus à mes yeux et qui m'aidera sûrement à surmonter ma peine.
Je ne pourrais pas renier un sentiment. Pas un aussi fort.
- Salut ! interrompt-il mes pensées dans un sursaut grandiose de ma part.
Et comme réponse, je lâche un
- Salut ! Ouah, tu m'as fait extrêmement peur, là !
- On se balade puis on mange, ou alors, on mange direct ? C'est comme tu veux !
- On peut se balader avant ! Il y a plein des quartiers que je n'ai jamais vus.
– Ok !
On se dirige vers le parc de Meaux. Il est à cinquante minutes à pied. Je vais pouvoir le voir seul à seul.
J'en suis heureux. Déguster ses yeux seul est comme un privilège. Et faire de même pour son parfum est un rêve.
Je me pince le bras. Une douleur pourtant rassurante me rappelle que je suis littéralement en train de vivre ce que je voulais vivre depuis que je l'ai vu.
Je ne lui dirais pas. Pas pour l'instant. Peut-être que ne pas lui dire pourra me faire déguster plus longtemps le bleu de ses perles rares qui ont le privilège d'être sur son visage.
Je tente de trouver. Qu'est-ce qui me trouve, à moi. Je suis juste un mec lambda qui n'a jamais pu avoir de la chance dans sa vie, mis à part sur le fait qu'il survit à chaque épreuve.
Comment ont-ils pu lui faire subir la même chose que moi ?
Il y a des chances qu'il a juste eu pitié de moi. Suis-je vraiment son ami ?
12 h 43
Jean
Non mais sérieux qu'est-ce qu'il me trouve ? Tout ce que j'ai eu comme héritage, ce n'est que ma beauté. Le reste...
Est-ce qu'il m'aime lui aussi ? Je pense que non. Il est si...incroyable. Autant dans le pouvoir de ses mots qui viennent tel un torrent, que dans ses qualités. Il en a des innombrables.
On s'approche déjà de ce parc composé de plus d'eau que de sol. Je trouve cet endroit magique.
Je le vois au loin. On court maintenant pour y arriver. J'ai de la chance d'être avec lui. J'ai de la chance de voir cet esprit.
On s'approche du lac. Pendant que je suis à côté de lui, il glisse brusquement. Je le rattrape juste avant qu'il ne tombe dans l'eau.
Là, je sais pas ce qu'il me prend, mais je l'embrasse longuement, comme si ma vie en dépendait. Je l'embrasse.
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