Réponse à "La violence des éléments"

de Image de profil de Joel kokoJoel koko

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J’aime lorsque le ciel se tord dans ses colères noires,

Quand le vent sans répit gifle la cime des pins,

Et que la nuit s’éveille au fracas de l’espoir,

Dans l’éclair incertain qui lacère les lointains.

La mer, grondante bête au flanc bardé d’écume,

Monte en mugissant vers les collines de peur,

Et la pluie, en rafales, s’arrache du bitume,

Comme un peuple en révolte ivre de sa fureur.

Ô douce violence, ô berceuse d’aplomb,

Tu viens avec le bruit d’un tambour d’apocalypse,

Et je t’ouvre mon corps comme on tendrait un pont

À la charge du feu, aux sabots de l’éclipse.

Je marche dans la nuit, mes pas noyés de boue,

Les branches me fouettant de leurs doigts en furie,

Mais chaque coup de vent, chaque arbre qui se noue

Me rend plus essentiel, plus vivant, plus en vie.

Car l’orage, c’est Dieu qui claque des paupières,

C’est l’univers entier dans un spasme brutal,

Qui pleure et qui rugit, libérant sa lumière,

En un râle éclatant, sublime et viscéral.

Je me tiens sur la pierre, nu face à l’abîme,

Le tonnerre en poing d’homme me frôle et me défie.

Qu’il m’emporte à présent dans sa danse ultime !

Je veux être le cri, le chaos, l’infini.

Dans le tumulte, l’ordre naît d’un grain de sable,

Le monde reprend sens dans le déséquilibre ;

Tout est plus vrai soudain, plus nu, plus vulnérable,

Et mon cœur, en tempête, se sent libre, libre.

Alors, quand l’éclair court comme un loup dans les cieux,

Et que la pluie s’épanche en torrents de délire,

Je ris ! Je ris plus fort que le vent furieux,

Car je suis dans la chair de ce qui va mourir.

J’aime l’instant brutal où s’efface la forme,

Où les hommes se taisent, où les dieux se dévoilent,

Quand l’univers se tord dans une plainte énorme

Et que le sol tremble sous l’assaut de l’étoile.

Viens, toi qui as soif de sentir jusqu’aux os

La morsure du ciel, l’appel des horizons !

Viens goûter dans la foudre un nectar sans repos,

Et devenir vivant, au-delà des prisons.

L’extase du chaos

Je tends mes bras ouverts au gouffre incandescent,

Là où le ciel se plisse en un soupir de cendres,

Et j’entends, dans l’écho du vent rugissant,

Le cœur ancien du monde, vaste et prêt à se fendre.

Chaque feuille arrachée chante une vérité,

Chaque grêle martelée sur les toits de misère

Est un psaume sauvage, une nudité

De l’univers dressé contre son propre enfer.

L’arbre plie, l’arbre hurle, l’arbre casse et s’effondre,

Mais son cri, dans l’orage, devient prière nue,

Un appel sans langage, une offrande à la fronde

Des cieux qui s’éventrent dans l’ombre inconnue.

Et moi, simple flamme au souffle du cyclone,

Je vacille, je vacille, puis je me redresse.

J’embrasse la douleur, la gifle qui questionne,

Et je trouve la paix dans la plus vive ivresse.

Ce n’est plus la peur qui vibre dans mes veines,

Mais un feu ancestral, un chant de renaissance.

La pluie me baptise, m’arrache à mes chaînes,

Et je redeviens sol, vent, tonnerre, silence.

J’aime ces instants où la chair s’oublie,

Où le regard s’efface dans la brume compacte,

Quand chaque éclair ravive une ancienne folie,

Et que le monde entier devient un pacte.

Un pacte avec le vide, un serment au néant,

Un baiser au vertige, une danse avec l’ombre,

Un consentement pur, total, déchirant,

À l’ordre sans contours d’une nature sombre.

Car c’est là, dans le souffle aux frontières du cri,

Que je suis le plus homme, le plus vaste, le plus vrai ;

Quand la tempête s’inscrit dans le battement gris

De mon cœur en déluge, chaviré mais entier.

Le sacre du vertige

Alors, je m’abandonne à cette souveraineté,

À cette main céleste qui bouleverse tout,

À ce chaos brûlant où naît la vérité,

Quand les forces s’unissent dans un sublime coup.

Car le vent n’est pas vent — il est l’âme qui danse,

Le souffle de la faille entre l’ordre et le feu.

Il est la voix brute, l’éclat, l’irrévérence,

La bouche du mystère, l’énigme des cieux.

Et l’éclair, fulgurance, serpent d’argent en rage,

Trace des chemins neufs dans le crâne du temps,

Il fend la nuit sacrée, il grave des visages

Dans les os de la pierre et les larmes du vent.

J’y vois des prophéties, j’y lis des origines,

Des chants oubliés d’hommes qui, nus, imploraient

Le tonnerre comme un dieu dont le cri illumine

La cendre et le néant où l’humain s’égarait.

J’y marche, possédé, délesté de mon nom,

Mon cœur bat dans le roc, mon sang pleut des nuées.

Le monde est une forge, et moi, frêle charbon,

Je brûle en offrande à ses lois écorchées.

Le sol n’est plus le sol, il tremble, il parle, il s’ouvre.

Un arbre me salue, un rocher me répond.

Et l’espace, vivant, dans sa colère s’abreuve

Du silence éclaté de mon humble abandon.

Ô tempête, amante, châtelaine de l’ombre,

Tu viens me dépouiller de mes peaux inutiles,

Tu fais de mes pensées une cendre plus sombre,

Et de mes souvenirs un feu qui vacille.

Tu ravales mes peurs, tu les dresses en glaives,

Tu fais de mon regard un prisme de cristal.

Et lorsque je chancelle, que mes genoux s’élèvent,

Tu me rends au vivant dans un cri baptismal.

Plus rien n’est distinct : le ciel est une chair,

Le tonnerre est un ventre, la pluie une mémoire.

Je suis fœtus d’éclat dans le ventre de l’air,

Je renais dans le cri, dans le souffle, dans l’art.

Le monde devient flamme, le monde devient peau,

Et je suis dans le cœur de cette déchirure,

Une note vibrante au milieu du chaos,

Un battement perdu dans la grande ouverture.

Je suis l’arbre fendu, l’animal effaré,

Le navire sans mât qui s’élance vers l’onde,

Je suis ce rien sacré, ce tout égaré,

Ce fragment d’univers qui s’unit à la fronde.

Et quand la tempête me relâche, apaisée,

Quand l’ultime grondement s’éteint dans l’horizon,

Je reste là, debout, comme un homme brisé

Qui a vu dans l’abîme l’éclair de sa raison.

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Table des matières

En réponse au défi

La violence des éléments

Lancé par Tudal Janvier

J'aime regarder, sentir, écouter et être dans la violence des éléments.

Voudriez-vous nous faire partager vos ressentis lors d'un orage ou une tempête ?

Que cela soit en poésie ou en texte, j'aurais plaisir à vous lire.

Commentaires & Discussions

Sous le règne de la foudreChapitre1 message | 1 mois

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