Cache-toi !
Ils me cherchaient. Plus qu’une intuition, c’était une évidence. Garés tout autour de la ville, leurs véhicules ne me laissaient aucun échappatoire… Sauf si je parvenais à atteindre les égouts, à quelques mètres seulement de l’une de leur position. Je regardai une dernière fois le plan que j’avais entre les mains avant d’inspirer un grand coup. C’était maintenant que tout se jouerait. Je fourrai le bout de papier dans ma poche et entrebâillai la porte pour jeter un œil à l’extérieur. Personne. Rabattant ma capuche sur ma tête pour dissimuler mon visage, je sortis à la lumière du jour. Tout mon corps était tendu par l’adrénaline et je dus me faire violence pour ne pas me mettre à courir.
Le plan qui se déroulait dans ma tête au rythme de mes pas occupait une partie de mon esprit. Seulement, je ne pouvais oublier la menace qui pesait au dessus de ma tête, telle l’épée de Damoclès. Je sursautais au moindre bruit et me retournais sans cesse, l’impression d’être suivis ne me quittant pas.
- Elle est là !
Le cri qui déchira soudain le silence oppressant de la rue me glaça le sang. Un coup d’œil par dessus mon épaule m’appris que deux des types à ma poursuite m’avaient repéré et fonçaient sur moi. Je pris alors mes jambes à mon cou et, la peur décuplant mes capacités, je me ruai dans une venelle à ma gauche. Je les sentais derrière moi, où plutôt je les entendais. Ils se rapprochaient doucement mais inexorablement. Je tournai à droite, revenant dans la rue principale. Très mauvais choix car une voiture passa à ce moment là et freina brusquement dans un crissement de pneus. Je fis demi-tour aussi sec et, sans réfléchir, me précipitai à nouveau dans la venelle. Les deux hommes me barraient la route cependant, avec un bon coup de poing dans le visage de l’un et un coup de genou dans les parties de l’autre, je les dépassai rapidement et repris ma course effrénée. Mes poumons me brûlaient. Il fallait que je fasse une pause, et tout de suite. Avisant un bâtiment non loin, je fis un dernier effort pour en atteindre l’entrée et me précipitai à l’intérieur, claquant la porte derrière moi. A bout de souffle, je me laissai glisser contre celle-ci, heureusement en bois et me retrouvai assise sur le carrelage froid.
Le désespoir me submergea alors. Ils ne me laisseraient jamais tranquille. Plus jamais ma vie ne retrouverait sa normalité. Repliant mes genoux contre ma poitrine, je me laissai aller pour la première fois depuis des jours. Les larmes, chaudes, roulèrent sur mes joues et j’étouffai un sanglot. L’avenir qui se dessinait devant moi était tout sauf réjouissant. Plusieurs minutes s’écoulèrent avant que je ne me décide à sécher mes pleures. Aucun bruit ne se faisait entendre dans la rue et je ne savais pas si c’était bon ou mauvais signe. Je me retournai lentement, à genou, et entrebâillai la porte de quelques centimètres pour pouvoir regarder à l’extérieur. Avec horreur, je vis deux groupes de trois hommes sillonner l’endroit avec minutie. Je refermai alors la porte le plus discrètement possible et couru me réfugier dans une petite pièce, juste en-dessous des escaliers. D’énormes cartons y étaient entreposés, assez grands pour que je puisse me glisser dans l’un d’eux. J’en choisi un, tout au fond, là où la lumière du couloir ne pourrait m’atteindre. Uns fois que je me fus faufilée dans ma cachette, je plaquai une main sur ma bouche pour atténuer les sifflements de ma respiration. Pas moins de dix secondes plus tard, j’entendis la porte de l’entrée de l’immeuble s’ouvrir. Des pas retentirent dans l’anti-chambre et grimpèrent les escaliers. Les battements de mon cœur résonnaient en moi avec une telle force que j’avais l’impression qu’il allait sortir de ma poitrine. Le sang sifflait furieusement dans mes oreilles, me faisant entendre des bruits dans la pièce qui n’étaient pas réels. Enfin… Je l’espérais.
Je dus rester ainsi pendant plusieurs dizaines de minutes avant de percevoir à nouveau des pas, descendant les escaliers cette fois, accompagnés de murmures.
- Rien ici. Elle a dû sortir autre part et s’enfuir vers le nord.
Un silence, puis la porte d’entrée s’ouvrit.
- Tout le monde dehors. Direction l’est et l’ouest. On va l’avoir ce coup-ci.
La porte se referma derrière eux avec un chuchotement discret qui aurait pu m’échapper si je n’avais pas été aussi concentrée. Toujours sur mes gardes, je sortis de ma cachette et, sur la pointe des pieds, rejoignit le couloir. J’allais tourner à gauche pour sortir par l’arrière de l’immeuble quand je percutai un pilier. Je reculai sous le choc, portant une main sur mon nez et gémis de douleur. Mais, lorsque je relevai les yeux, ce n’était pas un pilier qui se trouvait devant moi. C’était l’un des hommes à ma recherche. Grand, musclé, une vraie armoire à glace. Le sourire contrit qu’il me fit m’effraya bien plus efficacement que s’il avait hurlé à ses camarades qu’il m’avait trouvé.
- Non...
J’aurai voulu crier mais seul ce souffle franchit mes lèvres. Certes, il était agréable à regarder, mais c’était ma vie qui était en jeu. Je reculai lentement, les mains devant moi, incapable de détacher mes yeux du colosse qui suivait mon mouvement. Soudain, je heurtai un mur avec mes épaules qui me ramena brusquement à la réalité. Jetant un regard affolé autour de moi, j’envisageai de m’enfuir vers les marches quand ses bras m’enlacèrent, à la fois doux et fermes. Dieu qu’il était plaisant d’être ainsi tenue quand tout portait à croire que j’allais mourir d’ici peu. Il me serait si facile de succomber, céder à la tentation. Je pouvais presque lire dans ses gestes qu’il me cacherait et me protégerait, même s’il lui fallait pour ça désobéir aux ordres de ses supérieurs. Je fis alors quelque chose qui me déconcerta moi-même. Je m’abandonnai contre lui, renonçant à lutter, et sanglotai doucement. Il semblait peiné de me voir ainsi, du moins c’est ce que je présumai en sentant sa main caresser délicatement mes cheveux. J’aurai pu essayer de me dégager mais, la vérité était qu’il était bien plus fort que moi et que je n’avais plus envie de me battre. Cela ne servirai même à rien, à part peut être me blesser. Je ne pouvais pas rivaliser avec autant de puissance. Alors que je plongeai dans mes pensées nimbées de désespoir, je ne fis pas attention à ses mouvements, jusqu’à ce que je sente l’aiguille percer la peau de mon cou. Le sursaut que j’eus, auquel le colosse répondit en me serrant plus fort contre lui, n’empêcha pas le sérum d’envahir mon organisme. En quelques secondes, l’obscurité m’encercla et je m’effondrai, inconsciente.
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Bien le bonsoir chers lecteurs,
Il est vrai que cela fait un moment que je n'ai pas écrit et ça m'a vraiment fait du bien d'avoir enfin de l'inspiration. J'espère que cette petite scène vous plaira autant que j'ai pris plaisir à l'écrire et à l'imaginer. Je vous laisse toute la liberté pour imaginer la suite, pourquoi cette jeune femme est poursuivie et qu'est-ce qui lui arrivera par la suite. Va-t-elle mourir ? Ou au contraire être sauvée par cet homme qui, au premier abord, semble appartenir à ce groupe qui la recherche activement ? Faites moi part de vos idées en commentaires ;) Et n'hésitez pas à me corriger si vous voyez des fautes, les aides extérieurs sont toujours les biens venus.
Sur ce, je vous souhaite une agréable lecture et une bonne soirée :)
Et au plaisir de se revoir à nouveau !
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