Éloïse

2 minutes de lecture

Malgré la charge de travail, mon rêve ne me quitte pas, comme une délicate effluve florale qui flotterait dans l'air. Cela m'apporte une bonne humeur bienvenue qui booste mes ventes et je repars vers la bouche de métro avec les félicitations de mon manager.

J'espère que ça me vaudra une super note de fin de stage !

Je profite du trajet retour pour vérifier les inscriptions de ma dernière année de master. Derniers mois étudiants avant la vie active. Je suis à la fois déjà nostalgique et particulièrement excitée. Enfin l'autonomie et une plus grande liberté !

Il me reste trois dossiers à remplir et j'aurai bouclé cette partie administrative des plus ennuyantes. J'en vois enfin le bout !

Mes épaules s'affaissent.

Je fais défiler la liste de mes vœux. Ma gorge se noue. Mes mains deviennent moites. Mes choix s'imprègnent d'une couleur sombre, une teinte de futilité mélangée à une sensation de fuite en avant. Chaque fibre de mon corps se contracte à nouveau.

Pourtant, la voie commerciale m'est apparue très tôt dans mon cursus comme une évidence : accompagner les clients, relever des défis, aller à la rencontre de l'autre... Autant d'éléments qui ont su me séduire.

En cet instant, tout cela me semble vide de sens.

À quoi bon chercher à vendre toujours plus alors que la planète ne peut plus satisfaire nos besoins extravagants ? Ou du moins ne le peut plus dans des conditions acceptables ? Bien sûr, on nous explique en cours d'Histoire comme l'innovation et le progrès ont permis des avancées extraordinaires pour le confort et la santé des hommes. C'est indéniable !

Mais a-t-on réellement besoin d'une nouvelle version du même smartphone chaque année, d'une dizaine de paires de chaussures pour toutes les occasions ?

Je me recroqueville sur mon siège.

Et la 5G ? Aller plus vite, aller plus loin... dans quel but ? Regarder des séries en accélérer, exploiter les ressources de la lune pour les épuiser à leur tour, passer sa journée à consommer des trucs abrutissants ?

Je sers les poings.

Pourquoi vouloir faire partie des rouages d'un système qui court à sa propre perte ?

J'active la musique, volume à fond.

Une part de moi aimerait tout oublier, me replonger de suite dans cet univers incroyable où j'ai pu pénétrer la nuit dernière.

Et si ce sentiment de réalité palpable était le signe annonciateur d'une démence ?

Une montée de stress décharge son flot de poison .

Si je suis en train de devenir folle, puis-je en avoir conscience ? Que va-t-il se passer ensuite ? Aller chez le médecin ?

Et être cataloguée instable et socialement non fréquentable...

Tremblante, je cherche sur mon smartphone des liens entre rêve et folie. Évidemment, je ne tombe que sur des évidences de sensation normale de réalité dans un rêve, de don de préscience ou d'interprétation des rêves. Rien ne correspond à cette authenticité que j'ai ressentie.

Cela est-il censée me rassurer ou me faire complètement paniquée ?

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