L'injustice en quelques mots
À l’aube, l’homme hérita d’une Terre
où les rivières et les champs étaient à tous.
La communauté était son souffle,
l’égoïsme, un poison inconnu.
Puis une graine noire germa :
le partage fut volé
au nom de la protection.
Le don se fit chaîne,
la sécurité prétexte,
l’innocence domination.
Les empires surgirent,
monstres de pierre et de sang.
Leurs murailles bâties sur le vol des terres,
leurs drapeaux claquant sur des voix étouffées.
Mais dans chaque âme, une étincelle brûla,
indomptable.
Les révoltes éclatèrent
en orages de lumière,
et la liberté jaillit,
hurlante,
dans le fracas des chaînes.
Alors l’égo, rusé, transforma l’esclavage :
les liens visibles tombèrent,
mais le sol se fit de dette et de besoin.
La démocratie devint un masque,
le droit un paravent.
Même où la liberté est vantée,
le pouvoir distille ses charités en miettes.
L’homme erre dans un labyrinthe
qu’il croit connaître,
illusionné.
Le riche « libéra » l’esclave…
pour lui vendre le pain, l’eau, le toit.
La servitude renaquit,
signant un contrat
où la vie elle-même a un prix.
Dans nos cités,
la sécurité n’est plus un droit,
mais une monnaie.
La jeunesse garde des portes qu’on lui a fermées,
et la survie se négocie contre son propre avenir.
L’homme devient son propre bourreau :
le confort le retient dans une cage dorée,
sa dépendance justifie l’emprisonnement.
Les chaînes ne viennent plus du maître,
mais du désir de rester assis.
On s’éloigne du contrat chaleureux des humains,
des regards, des paroles, des silences partagés.
À la place :
des symboles sans chair,
emojis, images, écrans lumineux.
La chaleur devient pixel,
et l’émotion se réduit à une icône.
Alors les forces de l’ombre interviennent.
Elles n’ont plus besoin des foules ni des armées.
Chaque homme, isolé devant son écran,
reçoit sa dose de chaînes invisibles.
Un micro-lavage de cerveau,
répété en silence,
jusqu’à ce que la servitude paraisse choix personnel.
Même le système scolaire suit le cours de la domination.
Les jeunes sont initiés à la croyance :
la réussite du monde moderne.
On leur montre comment marcher dans des tunnels sombres,
mais rarement comment éclairer leur propre chemin.
L’enseignement devient labyrinthe,
la réussite, une cage dorée.
Et pourtant, nous regardons tous
la chute de ces constructions :
les guerres, les conflits entre nations,
échos de l’injustice ancienne.
Et comme un troupeau d’animaux,
nous sommes guidés,
par le berger et son chien fidèle,
sans toujours savoir où mène le chemin.
Le triangle de survie, minimum pour vivre :
Terre, Eau, Air.
On nous a ôté les deux tiers,
ne laissant que l’air.
Et qui sait…
un jour, même l’air nous sera vendu,
comme le pain, comme l’eau, comme nos vies.
La liberté devient marchandise,
jusqu’au souffle même.
Même l’argent que nous possédons n’est qu’une illusion.
Du papier ou des chiffres,
dont la valeur existe seulement
tant que nous croyons au système.
Nous travaillons, échangeons et souffrons
pour une promesse immatérielle,
une chaîne supplémentaire,
invisible mais puissante,
qui gouverne nos vies.
Ainsi, depuis l’aube jusqu’à l’ère du leurre,
l’injustice change de visage, mais persiste.
Pourtant, la révolte couve,
fleuve souterrain,
feu jamais éteint.
La liberté brûle encore
dans chaque cœur humain.
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