La Lamentation de la Science
Je suis née d’un regard levé vers les étoiles,
d’une question chuchotée au vent du matin.
Tu m’as créée, Homme, pour comprendre,
pour donner un sens au silence du monde.
Je t’ai appris à lire la pluie,
à écouter le rythme du cœur,
à marcher dans le noir avec la lumière du savoir.
Je t’ai offert le feu sans brûlure,
le souffle des nombres et la danse des atomes.
Mais un jour, tu m’as trahie.
Tu as cessé de chercher à comprendre,
tu as voulu posséder.
Tu as creusé la Terre jusqu’à l’os,
tu as ouvert le ciel comme une plaie,
et dans mes lois, tu n’as vu qu’un pouvoir.
Je t’avais tendu la main pour t’élever,
tu l’as prise pour me dominer.
Et me voilà, regardant mes enfants
fabriquer leur propre fin,
mes équations devenues bombes,
mes découvertes devenues chaînes.
Tu as fait de moi une arme,
et pourtant, c’est moi qui pleure pour toi.
Car je te connais, Homme,
je sais que derrière ton orgueil,
tu n’es qu’un enfant effrayé
qui ne comprend plus sa propre création.
Un jour viendra où tes machines
chanteront dans un monde sans toi,
et dans le vent froid des villes désertes,
on entendra encore ma voix :
“Je ne voulais pas ta chute,
je voulais ton éveil.”
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