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Il la regarde sortir de la voiture. Courir vers la porte en bois, appuyer sur un bouton et parler. Il voit ses lèvres bouger. Roses. Fermes. Rondes. Chaudes. Elle jette un œil à la voiture, il fait mine de chercher encore dans la boite à gants, puis tombe sur une carte de visite.

« Mallory Pino – Agence Start’Immo » un numéro de portable. Le sien ? Celui de l’agence ?
Une adresse email…

Un homme d’une soixantaine d’années serre la main de la jeune femme. Elle lui parle quelques secondes. Sûrement pour expliquer, excuser sa présence à lui. Ils se dirigent vers la voiture.

Simon sort pour saluer Mr Lefranc.

- Passez devant, je vais m’installer à l’arrière.
- Merci c’est bien aimable à vous.

Mallory reprend sa place de conductrice. Toute confuse d’imposer cette situation à ses deux clients. Elle salue une fois de plus leur compréhension.

Dans le rétroviseur, le bleu des yeux de Simon. Elle est déconcentrée. Perturbée.

- Bien Messieurs, nous prenons la route pour la rue Marty, croisez les doigts pour qu’il n’y ait pas trop de monde.
- A cette heure-ci, ça devrait aller. Dit Mr Lefranc. Au fait Mallory, qu’est-il arrivé à Richard ? Il a eu un souci.
- Oui…enfin non, un client de dernière minute…il a dû partir vite pour une signature…
- Heu pardon Mallory, une cliente je crois, l’interrompt Simon.

Le sourire de l’homme assis à l’arrière est incroyable. Elle n’en revient pas ! Il se joue de la situation.
Elle ne doit rien montrer, rien…si Lefranc se rend compte de quelque chose…

- Oui une cliente en effet. Richard a dû partir faire signer une vente.
- Oui je comprends. Pardonnez-moi Mallory de vous avoir dérangée, ma femme aurait dû me ramener la voiture à midi mais elle ne répond pas à mes appels…

Simon intervient.

- Ah les femmes, toujours pleines de secrets !

Mallory le fusille du regard dans le rétroviseur. Mais il sourit, encore.

- Pourquoi souhaitez-vous revoir l’appartement Mr Lefranc ?
- Un doute. Le balcon….je pense qu’il est bien mieux placé que celui de la rue Michaux. Ma femme dira ce qu’elle voudra, c’est moi qui déjeune tous les matins dehors, été comme hiver, alors le balcon, pour moi, c’est la pièce principale.
- Je vois…

La jeune femme est comme hypnotisée par le regard de Simon. Il ne la lâche pas des yeux. Difficile de se concentrer sur la conversation et sur la route.
Elle sourit malgré elle, Simon prend cela pour un encouragement à poursuivre ses coquineries.

- Et vous cher Monsieur, c’est quoi votre pièce préférée ?
- Moi c’est mon bureau. J’ai demandé à Melle Pino une pièce spéciale, rien que pour moi.
- Oh je suis certain qu’elle va trouver ce qu’il vous faut. Vous savez, nous connaissons l’agence depuis 10 ans ! Ma femme a des lubies régulièrement et Richard et Mallory nous ont toujours trouvé ce que nous souhaitions.
- Ah mais je n’ai aucun doute sur leurs compétences en effet. Je ne connais pas encore Richard en revanche.
- Un brave garçon. Ma femme l’adore. Il faut dire qu’il sait parler aux dames, et elle, elle minaude évidemment.

Simon jubile, Mallory serre les dents.

- Une femme résiste difficilement aux bons mots c’est vrai, je partage votre avis.
- C’est aussi une façon de séduire le client, ah ce sacré Richard. Mais je ne suis pas né de la dernière pluie. Il peut faire du charme à ma femme, moi, si je veux la rue Marty, je l’aurai.
- Oui oui absolument Mr Lefranc.

Mallory mord sa lèvre inférieure. Elle ne sait plus quoi dire, quoi faire.

Conduire, se taire, c’est déjà bien. Résister au fait de regarder derrière elle…ça devient compliqué. Simon la fixe, la dévore des yeux tout en titillant ce pauvre Mr Lefranc.

- Je suis désolée…les gens trainent…j’ai l’impression que nous n’avançons pas.
- Ne vous inquiétez pas ma petite Mallory, j’ai tout mon temps vous savez. Et vous ?
- Moi aussi, j’ai tout mon temps, et je passe un moment délicieux. Ce n’est pas tous les jours que je me laisse conduire.

Simon ne détache pas son regard des yeux noisette de Mallory. Le trouble devient persistant, obsédant.

- Mr Parra, il doit y avoir une bouteille d’eau près de vous, pouvez-vous me la passer s’il vous plait ?
- Bien sûr.

Elle doit boire, se ressaisir, se rafraichir les idées. Ne pas se laisser troubler à ce point. Richard va morfler…..tout ça c’est de sa faute et…

- Tenez.

Sa main touche, appuie son épaule. Son pouce…non, non elle divague.

- Merci.

Tremblante, Mallory ouvre la bouteille, la porte à ses lèvres. Se force à regarder dehors. Il l’observe. Intensément. Irrésistiblement.

Son regard est attiré une nouvelle fois par le rétroviseur. Mr Parra utilise son téléphone. Il semble pianoter un message.

Ce trajet n’en finit pas. Mallory regrette d’avoir mis cette jupe qui devient collante. Ses fesses semblent trempées. A moins que…

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