Journal de Kizuna ▬ Acte 01

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Cher Journal,

C’est acté ! Aujourd’hui, j’ai commencé à exercer à Minamiji : le temple au sud de la ville. Kaori était d’ailleurs un peu déçue. Tu la connais, elle aime qu’on passe du temps ensemble. Mais avec l’université et ce travail, ça nous laisse moins de créneaux. J’ai toujours voulu aider aux offices, elle l’a compris même si elle bougonnait. Elle est parfois vraiment enfantine, mais c’est ce que j’adore chez elle. J’espère qu’elle continuera à se démener dans ses études pour devenir parfumeuse. Elle a du talent, et ses caprices ne doivent pas le gâcher.

En tout cas, c’était un peu étrange ce matin. Aller au temple, non pas pour les vœux de nouvelle année, mais pour travailler : je n’en ai pas du tout l’habitude. Lorsque j’ai enfilé la tenue traditionnelle des prêtresses, le chihaya : j’étais heureuse. J’avais l’impression d’avoir toujours porté ce kimono rouge et blanc, qui représente le charme des miko. Je comprends l’attrait de certains amateurs de costumes pour ce vêtement.

Par la suite, le Prêtre m’a demandé de m’occuper du balayage. Je dois aussi apprendre les danses ou les rites nécessaires aux cérémonies religieuses. Étudier est mon devoir d’employée. C’est enrichissant ! Demain, je serai formée à la gestion de la boutique.

J’ai encore tellement de choses à découvrir sur la vie au sein d’un temple. Moi qui hésitais à me lancer : nul regret ne vient enlaidir ma journée.

Par contre, on a piqué ma curiosité à vif. Une de mes collègues m’a raconté la légende locale. Le grand prunier de Minamiji, l’arbre sacré, les murmures veulent qu’il soit hanté par un esprit. Je n’en parlerais pas à Kaori, elle déteste les affaires de yurei ou de monstres de notre folklore.

Tu me connais, mon ami. J’adore les contes et les mythes de mon côté ! Alors, je suis allée rencontrer le sujet de tant d’histoires, si célèbre dans les environs. J’ignore s’il est habité par un yokai, mais j’y ai découvert une femme à la splendeur féerique.

Elle était adossée au tronc, un rameau fleuri entre les doigts. Sa chevelure brillait d’un marron aussi profond que l’écorce du prunier. Sa peau rendait hommage aux bourgeons de l’arbre fruitier en ce mois de février. Du rose mélangé à la neige.

Les pétales l’entouraient dans leur chute : elle semblait irréelle. Son kimono, d’une blancheur immaculée, voyait des branches le revêtir. Des motifs semblables aux estampes que j’affectionne. Elle était distinguée, sublime, et un subtil parfum vibrait en ce lieu sacré. Je voudrais que Kaori le sente, cela devrait lui donner des idées de compositions.

Je t’avouerai avoir été surprise, quand elle m’a souri après m’avoir aperçu. J’ai vraiment cru que c’était l’esprit du prunier, mais non, c’est une habitante du temple. Elle se nomme Umejo, avec les kanjis pour « Prunier » et « Femme ». Minami no Umejo.

J’ai dû retourner travailler, mais elle m’a promis qu’on se reverrait. Entre nous : je l’espère. Je t’écris et j’y repense. Ses lèvres rosées. Sa peau à l’apparence soyeuse. Ses iris me rappellent le ciel grisé de l’hiver enneigé. Et ce parfum envoûtant. Entêtant. J’avais la sensation d’être redevenue une enfant à ses côtés. Il me tarde de la revoir !

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