Chapitre 61 (les succubes)

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– Abrahel, il est temps. File. C'est un ordre.

– Oui, Samaël. Je ferai de mon mieux.

– Quant à toi, Asmodée, je ne veux rien entendre.

– Je n'ai rien dit encore.

– Tu le penses si fort que ç'en est assourdissant. Il n'est plus temps pour les bavardages, regarde dans quels draps s'est mise ta protégée. Si nous ne faisons rien, elle s'y retrouvera piégée – dans tous les sens du terme.

– Je ne peux désobéir à tes ordres, ni rappeler Abrahel qui, toute sotte qu'elle est, est déjà en route pour réussir sa mission ; mais toi, Samaël, tu ne peux me forcer à soutenir votre folie.

– Imbécile ! Regarde à quoi ressemble Iluth. Regarde son visage lorsqu'elle se penche sur cet homme ! Elle est pathétique. C'est une putain aux petits soins, pas une démone sur le point de ravir sa proie !

– La comédie lui sied bien… elle en joue à merveille depuis leur rencontre.

– La comédie a bon dos ! Tu sais fort bien que ce comportement n'a rien d'une feinte. Que dis-tu de sa petite démonstration de force, sur ce gamin à peine armé ?

– …

– Je t'écoute.

– …

– Aurais-tu perdu ta langue ?

– Elle n'a fait que défendre sa proie… Tu aurais préféré, peut-être, qu'elle le laisse aussi bêtement mourir ?

– Ne sois pas insolent, vieillard. Pourquoi n'a-t-elle pas tué le deuxième tout aussi vite que le premier ?

– …

Pourquoi ?

– Je ne sais pas.

– Alors je vais t'aider un peu, veux-tu ? Qu'y a-t-il d'irrationnel dans ce comportement ?

– Le gamin tremblait, était peu sûr de lui. Son poignard n'était pas une réelle menace. Le prendre à la gorge aurait été plus rapide, plus simple…

– Et ?

– Et aurait permis à Iluth de secourir sa proie plus vite.

– Son geste était donc inutile. Qu'a fait cet humain quelques minutes auparavant ?

– Il a blessé sa proie plus que de raison.

– Bien. À la lumière de ceci, le torturer de la sorte augure-t-il de quelque chose en particulier ?

– D'une… d'une émotion. Je ne saurais dire. Je n'ai jamais…

– Bien sûr que tu n'as jamais fait de même. Protéger est utile, nous le faisons tous, mais venger… venger ! La vengeance ne sert à rien, c'est une histoire de cœur. Asmodée, Iluth est en train de perdre l'esprit.

– Peut-être bien… mais je persiste à croire qu'Abrahel ne fera qu'envenimer les choses.

– Fort bien. Dans ce cas, prépare-toi. Car si elle échoue à tuer l'homme... ce sera toi que j'enverrai ensuite.

– Jamais. Par Béhémoth, cessez de vouloir mettre le nez dans les affaires d'Iluth, tous autant que vous êtes !

– Pauvre vieux monstre ! Tu peux tenir tête aux ordres de Lilith, mais pas aux miens.

– Tu n'es pas l'un des nôtres.

– Bien sûr que si. Je porte la couronne d'épines ! Je suis multiple. Je suis ange, succube, incube, dragon et roi du neuvième cercle.

– Et Lilith est la reine du deuxième. Notre cercle, notre reine. C'est à elle de prendre de telles décisions.

– Lilith profite des ardeurs des hommes sur la terre ferme. Tu sais comme moi que son absence est une chance pour Iluth. Elle l'a sciemment envoyée à la mort, par jalousie et par jeu. Moi, je veux sauver cette gamine, alors par Lucifer, cesse de te mettre sur mon chemin. Car cette fois-ci, contrairement à ce que tu sembles croire, ta protégée ne vaincra pas seule.

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