Il la contemplait. Encore essoufflé de l'assaut éblouissant que son regard venait de subir quand il la tînt en sa mire, quand ce visage finement ciselé se dessina à l'orée de son champ de vision, belle, élégante, envoûtante.

Il n'avait de cesse que de la dévisager, que de la caresser de ses yeux hagards, pétrifié qu'il était par la fraîcheur de cette statue de chair, par la pose délicate qu'elle affectait nonchalamment accoudée à cette table.

Mais que pouvait-il faire ? Que devait-il faire ? Allait-il rester prostré comme un être en mal d'aimer qui s'étiole chaque nouvelle minute du fait de cette vitre faussement complice qui le sépare d'un rêve ? 

Et plus crucial encore, survivrait-il à la déliquescence qui prenait place en son esprit, le vidant de son courage, de sa frêle détermination, et qui asséchait tel le plus aride des déserts, la course hésitante du fleuve de ses mots ?

Et d'ailleurs que pourrait-il lui dire ? Là, camouflé lâchement sous le couvert de cette lucarne de verre. Et pourtant. Et pourtant imperceptiblement il se le figurait ; irrépressiblement il se l'imaginait ; tel un film dont la trame passionnante nous amène lentement à y croire.

S'il osait, il lui dirait en un souffle ...

"Était-ce vous dont les vents chauds du matin et les chants tendres des oiseaux m'avaient annoncés la venue ?

Ils m'ont dit votre délicieuse beauté, l’intense douceur de votre regard et ne tarissaient pas d'éloges sur les parfums suaves et enivrants qui toujours vous précèdent.

Je puis vous dire que toutes leurs descriptions les plus enfiévrées ne sont pas à la mesure de ce que je découvre en vous croisant, tellement vous êtes spectaculaire, tellement votre simple présence illumine de majesté les éclats chatoyants de cette providentielle journée.

Je viens à vous pour vous remercier de m'avoir offert l'insigne privilège de vous contempler, me donnant ainsi l'assurance indiscutable que la magie véritable fait bien partie de ce monde, et que désormais j'ai la chance infinie d'en connaître le visage."

[Azur Regard]