Soldes d'hiver.

3 minutes de lecture

Je filoche quatre à quatre dans l'escalator qu'enroule pépère ses échelons nickelés.

Surprize !

Vl'à qu'arrivée au sommet du tapis de fer luisant, j'ai un visu dans les Raybannes de mon Maxitou d'amour, qui poireaute, Docs Martens rivées à la moquette et ses deux poignes bagouzées posées sur le ceinturon en cuir de croco-vache de chez môsieu Dior...

Ô Flûte... ! Comme une impatience latente dans l'attitude, le gros chaton à sa mémère...

Numérote tes abatis, ma cocotte !

— Oussé ke t'étais donc ?! glapit, le mâle fort mari.

— Rayon poids zé mesures... ! je répartis, soufflante.

— Et caisse t'y foutais donc ?!

— Promo terrible sur l'haltère en bronze ! Fallait surtout pas louper ça, mon arsouille !

— Suis-mi et fissa ! qui m'dit alors, furibard.

J'obtempère gracieusement.

Mouvement, puis obstacle : le gué du rayon des "Mouffles et bonnets de bain".

— Remonte tes papattes d'éffe, que ça mouille sec, ici ! prévient l'homme de ma life, tandis que je zieute dicretos une chapka, tout en poils de sconce de Puerto-Montt, qu'a pas l'air dégueu du tout.

— Arrivage du jour... Faut profiter de l'okasseu, messieu-dameu ! beugle le préposé du stand ad hoc.

Les bébêtes remuent encore la queue dans les casiers en plastoque...

— Allons, ma Germine... pas le temps de faire tes abductions... passe en seconde qu'on nous attends ! que j'me fais houspiller grave.

— C'est ablution qu'on déblatère, ma canaille... ! j'réponds tout de même, cocasse, encore dans le bouillon frais jusqu'aux malléoles.

Pas le temps de se sécher les mi-mollets : nous voici déjà, refilant derechef et dare-dare.

Direction : le mont Tabernacle.

Effroi : la télé-benne est déjà confite ; abondance de pékins... !

On se tapera l'ascension à pinces. Ruminance conjointe...

Chance de cocufiée qui sourit à l'audacieuse, je repère un Suédois de service derrière la moraine en carton pâte qui, Meuh ! portera dans ses bras contre rétribution tarifiée.

Le col déjà, et dépose en douceur du swedish. Bisou dans le cou pour pourliche.

Mon Maxou à la traîne, qui rapplique enfin son popotin.

— Sorry, ma chair, j'ai une torsion testiculaire qui m'asticote. Faudrait que j'me fasse déboucher les artères honteuses...

Je ris.

— Que le magot me pèle dru ! T'y vas-t'y m'promener encore longtemps comme-ci comme-ça ?!

— Que nenni, nous y voili ! c'est là que ça s'passe le Black friday... !

Ambiance fête des Loges, rayon des soldes et du suranné. Ça grouille d'une pléthore de clientèle avisée dans le secteur... !

— Mate donc un peu les affichettes, ma Germine ! Alors... ? Caisse t'en cogite un peu de la réduction maousse costaud qui nous font sur tout le stock ?!

— Ben, j'en reste ébaubi, mon chéri... !

Les bras m'en tombent, et le toutim au complet : montée d'adrénaline, boum, boum, le compteur monte dans les tours : zone rouge !

Pas la peine d'avilir la marchandise qu'on nous propose, ça serait trop manquer de respect, alors j'me jette bille en tête dans la mêlée humaine. Y'a du beau à toucher dans les bacs ; de la soie à péter dedans, du pur cachemire d'O.R.T.F, des cotonnades Louis le seizième, du ruban molletonné à la main par des aveugles la nuit (sans lune)...

Tel charivari me flanque la nausée. Euphorie d'enfourner les mimines french-manucure dans les matières sus-décrites plus haut. Voyez-vous ça : j'en perdrai presque mon bas-latin... !

Ab intestat... ! Non, pardon, ma chouille ! Ad nauseam que j'voulais dire... !

Achtung ! Avalanche sur vot' droite ! Gare au névé ! tone le moniteur en chef, en s'éclipsant rapido-presto dans la coulisse. Mon man à moi me saisit in extrémis par les dessous de bras. Souplesse, esquive latérale, roulé-boulé. La poudreuse dévale et ramasse tout sur son passage...

Silence des morts qui suit... L'ange noir passe en moonwalk... deux secondes plus tard, reste plus rien... retour case départ !

— Allez viens, ma Germinette... se rentre au bercail, pas la peine d'insister... la nuit va tomber !

Descente. Tout en free-style. Embouteillage de traîneaux, porte Maillot.

J'ai le cabochon en cristal de roche, je renâcle un max, transpire des mauvaises ondes.

Satanas, que la saison des soldes s'annonce coriace cet hiver... !

Annotations

Vous aimez lire SALGRENN ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0