Juste rester là (Il est 15h35. Il pleut fort.)

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Il est 15h35.

Je suis dehors depuis plus d’une demi-heure.

Sous cette pluie violente, lourde, glaçante.

L’orage déchire le ciel, et j’ai sursauté plus d’une fois.

Mais je suis resté.

Je pouvais pas rentrer. Pas encore.

C’est pas que j’aime me faire du mal.

C’est juste que parfois, être là, dehors, sous un ciel en colère,

ça fait moins mal qu’être enfermé avec soi-même.

J’avais besoin que quelque chose m’arrive.

Pas un drame. Pas un miracle. Juste… ressentir.

Sentir la pluie me traverser, sentir mon corps, sentir que j’existe encore.

Sentir que je suis pas complètement mort dedans.

Parce que ces derniers temps, j’avance comme en apnée.

Je fais semblant d’aller bien, je souris comme on s’excuse d’être là.

Mais la vérité, c’est que j’ai mal.

J’ai mal d’être moi dans un monde qui m’a trop souvent fait comprendre

que c’était pas ok d’aimer comme j’aime,

de parler comme je parle,

de vivre comme je vis.

Alors ouais, j’suis resté là, trempé, le cœur en vrac.

Et j’ai pensé à tout ce que j’ai encaissé.

Les “t’es trop”, les “t’es pas assez”, les silences quand j’ai osé dire “je l’aime”.

J’ai pensé à moi, petit, déjà en train d’apprendre à se cacher.

À s’excuser.

À se taire.

Et je me suis dit : non. Pas aujourd’hui.

Aujourd’hui je me tais pas.

Je pleure pas non plus.

Je reste. C’est tout.

Je tiens. Comme je peux.

Je me laisse traverser par cette pluie comme on traverse une nuit trop longue.

Et quelque part, dans ce chaos,

il y avait un truc qui ressemblait à une paix.

Pas une joie. Pas un soulagement.

Mais une forme de vérité.

Moi, là. Tel que je suis. Fragile. Vrai.

Et vivant.

À toi qui lis,

Si toi aussi, un jour, tu restes sous l’orage parce que dedans, c’est pire,

si t’as plus les mots, plus les forces, plus l’envie,

alors sache que t’es pas seul.

Je suis là, quelque part, debout aussi, même si c’est bancal.

Et je te tends cette page comme on tend la main à quelqu’un qu’on reconnaît.

Tu peux t’asseoir. Tu peux respirer. Tu peux pleurer.

T’as le droit d’exister, sans avoir à te justifier.

On tient ensemble.

Toi et moi.

la voix qui écrit

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