Il est là, si jeune devant moi. Dommage que Camilla se soit trouvée une autre proie, car celle ci m'a l'air tout à fait délicieuse. Il ne peut pas s'enfuir, acculé contre le mur, je suis plus fort et rapide de toute manière il ne m'aurait pas échappé. Je me lèche les lèvres, anticipant le goût de sa peau et de son sang. Deux rues plus loin, je perçois un cri ; ma soeur a fini de chasser. Le jeune devant moi tremble, mais ne tente rien. Il se contente de me fixer avec ses grands yeux effrayés. J'arrête de marcher lentement vers lui car j'ai envie de le tuer rapidement, en une seconde je me retrouve devant lui, son cou dans une main et soulevé du sol. Je ne l'étrangle pas, juste peur. C'est agréable de sentir sa frayeur. Quand je le lâche, il s'écrase lamentablement au sol, et un craquement se fait entendre, il crie car sa cheville est cassée.

Je m'accroupis au niveau de sa tête. Dans ma main couverte d'un gant de cuir rouge se tient un poignard à la lame courbe dont le manche est un dragon, le dragon des Molina. Mais ce soir je n'en aurait pas besoin, j'ai soif, il semble néanmoins faire encore plus peur à l'homme. Mon visage long et dur, encadré par mes cheveux mi-longs, me donne un air de démon, ce que je suis au fond de moi.

Je le regarde, prenant mon temps avant de décider quand le tuer. Ma soeur atterrit à côté de moi après avoir sauté du toit où elle était. Ses gants de cuir carressent mon torse nu, elle a passé ses bras sous ma cape. Sa tenue légère rallume un désir dans mes yeux. Il me tarde de la prendre, mais après, j'ai une proie à tuer. A l'oreille de celui-ci je chuchote ;

— As-tu peur de la mort faible créature ?

Il déglutit très fort.

— O... Oui.

Il pleure maintenant, je l'ai fait craquer. Je lance un sourire à Camilla, cet humain à de la chance de voir ma soeur pour dernière vision. Elle me lance un regard dur, qui m'incite à le tuer maintenant, alors je me jette sur lui. Impulsive, ma soeur saute aussi. Crocs sortis, langues pendantes, l'homme voit nos deux visages de si près qu'il en voit un chien enragé. Nous faisons cet effet à beaucoup de gens. Il n'y pas eu le temps d'apprécier la beauté de Camilla en dernière vue et c'est bien dommage, un sang dans lequel la peur a coulé n'est pas la meilleure saveur. Sa jugulaire cède rapidement, sa peau étant trop fine. Ma mâchoire se plante le plus possible dans sa gorge, pour ne pas en perdre une goutte... Il n'a pas crié, le bon garçon, et je me régale ! Mes crocs sentent encore vibrer légèrement son coeur mais avec les litres qu'il perd, il ne va pas durer encore longtemps.

C'est si enivrant, mais les meilleures choses ont une fin ! Je me relève et essuie le sang qui a coulé sur mon pantalon de cuir rouge. La tenue de Camilla ne doit pas être mieux, une vraie sanguinaire celle-ci ! Ceux qu'elle déchiquette de ses crocs ont à la fois de la chance et pas de chance, Camilla est une très belle vampire envoûtante mais ils souffrent longtemps avant de mourir. Je range ma dague qui ne m'a servi à rien, et relève ma soeur pour l'embrasser. Le sang de l'homme est encore chaud sur sa bouche. J'aggripe les cheveux derrière son crâne et renverse sa tête en arrière. Sa langue passe sur la mienne et sur mes canines. Elle me dit que nous ferions mieux de rentrer, l'odeur des hommes dans les rues adjacentes lui donne envie de se déchaîner et elle sait que nous ne pouvons pas nous révéler ainsi au monde. Je sais aussi que nous serions en effet mieux dans nos draps entremêllés...

Vivement la nuit prochaine, que je plante à nouveau mes crocs dans quelque peau sanglante.