Toutes les olives ci-après mentionnées sont aux couleurs de l'arc-en-ciel

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Personnages :

Colas Padcho, petite fille

Baul Ives Oliveau, cultivateur

Olivier Gras-Manger, fils de Baul

Toche F. Cuisse, cuisinier contrarié

Éc Latent, écuyère, fille de Charles

Charles Latent, devin et conseiller

Pandore Pandragon, artilleuse

Wa'com Séo, l'Impératrice

Rice Terreau, sushi chef

Okû Sho, mage

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[Lire en hauteur]

  La géante, l'immense, la colossale figure impériale : encastrée dans un glaçon. Okû Sho, son mage de combat, la libère à coup de pyromancie pyrotechnique. À peine délivrée, hormis un doigt de pied, que son émancipateur auto-combuste ! Un matin comme les autres, donc.

L'Impératrice Wa'com Séo [à Éc Latent en éteignant Okû Sho] : Dites-moi donc ce qu'il se passe sur terre ; de si haut je n'y vois que pouic.
Éc, l'écuyère [susurrant dans son combiné vers la lointaine oreille souveraine] : Rien que du pécore et des oliveraies.
Wa'com Séo [à Charles, son oracle] : Et quelles sont les prévisions pour la journée ?

[Lire avec conviction]

  Charles Latent fait signe à un non-mage de lancer des noyaux d'olives auquel Charles est, il est vrai, mortellement allergique.

Charles [faisant mine de consulter les noyaux] : Il y aura des oliviers, vous allez bientôt manger, risque d'attentat en fin de journée, puis la nuit va tomber. Et dans quelques jours, vous marcherez sur des fourmis à pois carrés.

 L'impératrice acquiesce, époustouflée par ce devin de génie dont elle ne sait plus se passer.

 Toche F. Cuisse toque, et dépose un plateau déjeuner. La géante s'assied pour manger, prenant garde à ne pas geler.

Toche, le cuistot [grommelle dans sa barbe en partant] : Pas d'olives, pas d'olives, gna gna gna... Ma spécialité c'est le civet de lapin sauce vin et olives, non mais ! D'abord mon pays natal qu'interdit l'alcool, mon pays d'adoption qui devient végétarien, et maintenant v'là que çui-ci fait pousser que des olives, mais faut surtout pas les manger ? Ils sont tous tarés !

  Il triture sa toque lestée d'un cordon bleu (l'escalope, pas la croix) : il ne fait pas si bon vivre, dans ce pays où magie rime avec allergie.

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[Lire avec un accent paysan]

 Olivier Gras-Manger, petit garçon de trente-six ans, rêvait de voyager. Quand le cortège impérial passe devant la ferme familiale, il s'arme de son épée de bois – un bâton à peu près droit – et en route pour l'aventure !

 Quelque part dans l'oliveraie, un père ne trouve plus son fils adoré.

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[Lire sans comprendre]

 Un brin de savane s'étend – ou plutôt s'étendait – entre deux oliveraies. Seulement O.G.M., garde autoproclamé et un peu simplet, le rase de son rameau d'olivier. Six verges au-dessous du buste régalien, il croit aider la souveraine, lui ouvrir la plaine ; si près des nuages pourtant, elle ne l'a même pas remarqué.

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[Lire en préparant une tapenade]

  Baul Ives Oliveau, agriculteur réglo, baluchon olivâtre à l'épaule, rattrape le défilé impérial et repère sans tarder les borborygmes incohérents de son cher enfant.

B.I.O. : Olivier ! Allez, fiston ! On rentre à la maison !
O.G.M. : Veux... euh... pas.
B.I.O. : Comment ça ?
O.G.M. : Maison... hm... Caca !
B.I.O. : Mais enfin ! Ne me dis pas que tu ne rêves pas de devenir oléiculteur comme ton papa !
O.G.M. [réflexion intense et pénible] : Euh... Berk.
B.I.O. : Mon bonhomme, on est nés pour faire de l'huile d'olive, c'est comme ça c'est la nature. Et c'est très bon avec les endives ! Bon, tu me diras qu'elles servent surtout de missiles et autres projectiles, ces temps-ci... Mais breffons : reviens à la maison !

 Le bonhomme tire la langue avec dégoût.

O.G.M. [brandissant son « épée »] : Moi, j'suis, euh... Héros !

 B.I.O. ne s'annonce point vaincu, mais tire sa révérence et se retire en silence. Il veillera sur le galopin de loin.

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[Lire en beuglant]

BOUM BADABOUM PCHRRIIIII

 Une bombe ! Vers la souveraine ! Encore ?! Heureusement, la défense antimissile de Pandore Pandragon, dite « Panpan », la dévie !
 Une adhérente masquée à la CGT (Confrérie des Gagas de Tapenade) s'extirpe des hautes herbes.

Rice Terreau : Aaaaah ! Mais pourtant cette olive on dirait qu'c'est la couille de Godzilla ! Comment vous l'avez contrée ? [Brandissant sa cape] Au nom des sushi chefs en colère : sus à la monoculture de l'oliiive ! [Disparaît dans un nuage de feuilles d'olivier.]

 Suite à cette sortie spectaculaire, Rice, sushi cheffe fâchée, tombe nez à baluchon sur un fermier à l'ombre des oliviers.

Rice : Debout, paysan ! Entends-tu le chant des partisans ?
B.I.O. [relevant son chapeau d'un doigt] : Pardon ? J'essaie juste de libérer mon fils, là-bas...
Rice : Kidnappé par l'Impératrice ? Pauvre bougre ! Ami, bienvenue à la CGT !

 Elle lui tend des ogives d'olives et autres grenades dénoyautées subtilisées à Panpan lors d'un raid précédent.

Rice : Prends ça. Les mages y sont extrêmement allergiques. Si la grande gourde effleure un de ces trucs, elle connaîtra le prix du sang et des larmes !

 B.I.O. réfléchit ; il est vrai que si la Géante de Glace casse sa pipe, le petit Olivier sera bien forcé de rentrer !

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[Lire avec des étincelles]

 Panpan, tout en préparant les feux d'olifice de la soirée, s'étonne que les derniers attentats se soient déjoués sans son aide. Elle aurait apprécié un peu de divertissement, à présent que la cohorte traverse les fermes dévastées où elle est née. Les lignes ennemies qu'elle peut presque distinguer, et pour lesquelles elle a déjà goupillé quelques surprises explosives, ne lui suffisent pas à arracher les yeux des corps sans vie de ses amis d'enfance.

Panpan [aparté, astiquant un canon] : On dirait le Big Bang et tous ces trucs-là...

 Là où autrefois elle gambadait dans les allées d'oliviers, des mages se sont affrontés par échange de grenades de noyaux et d'ogives à olives. D'ailleurs, elle préfère revérifier la calibration de ses lance-olivissiles.

 Charles Latent et son charisme naturel s'approchent ; il (prétend) consulte(r) les astres.
 Panpan s'incline. La réputation du devin l'a précédé : on le dit si allergique aux olives qu'il s'étouffe rien qu'à les regarder. Quels immenses pouvoirs ce mage doit posséder !

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[Lire l'avenir]

 Charles, revenu de sa promenade digestive et médiumnique, s'entretient comme chaque soir avec sa fille. Il dépoche une file interminable de mouchoirs colorés, puis lui glisse un sachet de fourmis découpées dans des feuilles d'olivier et couvertes de carrés de peinture.
 L'augure l'envoie faire son ouvrage et soupire. Car enfin, ras le chapeau pointu d'imaginer des prédictions toujours plus farfelues ! Sa créativité commence à saturer !

[Lire avec une voix désincarnée]

 Comme convenu, Éc, impériale écuyère, s'en retourne auprès de Sa Majesté et chuchote dans le combiné.

Éc : Ma Dame, vous avez écrasé quelque chose.
Wa'com Séo : Les fourmis que ton père avait prédites, nul doute ! Ramasse-les donc.
Éc [feignant la surprise] : Votre Grâce ! Vous avez raison ! Regardez, des fourmis à pois carrés !
Wa'com Séo : Évidemment ! Je ne les vois pas bien de si haut, décris-les-moi.
Éc : Noires. Avec des carrés blancs, Votre Froideur.
Wa'com Séo : Formidable. Avec ton oracle de père dans mes rangs, je gagnerai la guerre à coup sûr !
Éc : Oui, Majesté.
Wa'com Séo [après un moment de réflexion] : Dis-moi, minette : ton prénom, c'est pour « écuyère » ?
Éc : Non, Votre Grâce. C'est vous qui m'avez nommée au poste d'écuyère.
Wa'com Séo [hochant la tête] : Il est vrai. Plus facile à retenir ainsi, tu avoueras.
Éc : Oui, Votre Froideur.

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[Lire sans les mains]

 Une frêle silhouette remonte le champ de bataille. La petite manchotte s'approche du convoi, un panier d'olives recyclées à la bouche. Sa mâchoire engourdie se desserre et laisse tomber la corbeille. Quelques olives s'enfuient, mais elle les rattrape du bout des lèvres avec une agilité surprenante.

[Lecture enflammée]

Okû [générant un bouclier de flammes] : Ah ! N'approche pas l'Impératrice avec ceci ! Ni moi, d'ailleurs !
Colas Padsho [reculant, effrayée] : Pardon, messire ! Je ramasse les olives non-explosées pour les vendre. Seriez-vous intéressé ?

 Le mage se frotte le menton : on a toujours besoin de munitions. L'impératrice, non loin, vient s'enquérir de la distraction.

Wa'com Séo : Qu'est-ce à dire, Maître Sho ?
Okû : Une orpheline, nul doute. Estropiée. Elle vend des munitions.
Wa'com Séo : Pauvre enfant ! Allons donc te réchauffer ! Maître Sho, faisons-lui couler un bain. Vous ferez fondre mon glaçon.

 Okû Sho combuste spontanément ; l'Impératrice l'éteint dans le même instant. L'enfant sans bras applaudit des yeux.

Okû : À vos ordres, Votre Grâce.

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[Lire avec deux olives dans le nez pour écarter les sorciers]

BOOOOUUUUMMMM BAASHPRRRLOUUU

 Le shrapnel olivé de deux attaques simultanées vole de toutes parts, éclaboussant l'impératrice et sa garde rapprochée.

Rice : Haha ! Demain du sang noir séchera au grand soleil ! Pour la liberté et le retour des rizièèèères !

[Lire en étalant sa tapenade]

 B.I.O., lui, serre ses bretelles et se rue vers son fugueur de fils. Il s'en veut, oh ! Comme il s'en veut d'avoir échoué à saboter cet attentat-ci ! C'est qu'on ne peut pas faire confiance aux amateurs de riz : ils font tout dans la quantité, manquent de finesse. Il faut du doigté pour cultiver l'olive et mitrailler une impératrice sans blesser son convoi ! Et les zinzins d'en face qui bombardent au même moment, non mais sérieusement !

BAAAAAAM BLAAAAAARRRRTCHHH

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[Lire en hiver]

 Les colossales miches impériales s'effondrent, soulèvent la terre et la poussière ; chutent sur une chétive enfant sans bras, et... l'étouffent de pied en cap.
 Okû tend la main vers sa souveraine bien aimée, mais trop tard ; mille fois trop tard. Ses doigts se dirigent brièvement vers l'orpheline, mais l'émotion l'embrase, et sans sa Majesté pour l'éteindre...

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[Lire à travers un trou de balle]

 Devant la débâcle, Panpan serre les dents. Clairement, son système de défense présente des imperfections. Contournant le corps calciné de feu le mage de combat, elle s'éclipse dans la campagne familière en zigzagant pour éviter les tirs ennemis.
 Nous ne la reverrons plus.

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[Lire en dégustant sa tapenade]

 B.I.O., bondissant tel un faon, a fondu sur son enfant à l'esprit léger pour le protéger des projectiles imprévisibles. Criblé de noyaux enchantés, il râle, rouspète et radote.

 Son fils, vaguement bousculé, préfère l'ignorer et continue de tailler des hautes herbes inexistantes.

O.G.M. [lire un mot sur deux] : Moi, je... la, euh, Reine, ben... je, euh, la... ah... aime très beaucoup beaucoup !

 B.I.O. secoue la tête. Lentement, car il n'a plus la vigueur de cinq minutes auparavant.

B.I.O. : Fi'd'boudiou, j'hallucinions... Les olives, ça se mange, bordel ! C'est pas fait pour lancer sur les bonnes gens !

 Toche choisit ce moment pour passer et félicite ce camarade tombé, cette énième victime des guerres allergologiques.

Toche [rendant son tablier et dévissant une toute petite bouteille d'huile d'olive] : C'est bien vrai ! [la vidant cul sec] Ces gens qui mangent pas la bouffe, moi ça me bouffe ! Je dirais même plus : ça me brise les olives !

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[Lire sans mentir]

Charles [à Éc] : Eh bien ma puce, encore un employeur parti manger les pissenlits par la racine... Ça change des olives, au moins.
Éc : Nous rev'là au chômage, papa...
Charles : Pas pour longtemps. Tu vois le front en face ? Je parie qu'ils ont un dirigeant incompétent en mal d'augure.
Éc : Ils vont quand même pas tous prendre ton allergie pour le signe d'une grande magie ?
Charles : Parce que tu doutes encore après les quinze derniers ? Allez, tu connais la routine. En route !

 Les deux silhouettes se glissent vers l'aile hostile – mais qu'est-ce qu'un camp adverse quand il y a du pécule à gratter et des pompes ineptes à cirer ?

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[Lire en mangeant]

 Toche, dernier des irréductibles, qui n'a ni fui ni péri, sème des noyaux d'olives dans le sang des tombés pour les honorer – aussi en partie parce qu'à part des olives, il n'y a pas grand-chose à planter dans ce pays.

 Des voix parviennent de l'autre côté du champ de bataille.

Soldat ennemi : Eh mais ! On dirait Patoche la Bidoche !
Autre soldat ennemi [plissant les yeux] : Bien sûr que si, c'est Toche ! Bigleux, va ! Ého, Toooooche ! Ouh-hou !

 Le cuisinier secoue la tête, ignore les importuns, et range ses valises vers un nouveau pays.

Toche [à part] : Et puis quoi ? Le prochain il va interdire la bouffe, c'est ça ?

 Il grommelle mais rien n'y peut, et s'avance sur le chemin vers un nouveau lendemain fait de trop peu de civet de lapin en sauce olives au vin.

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[Lire en bégayant]

 L'ingénu O.G.M., qui n'a toujours rien remarqué, fouette les vents jusqu'au levant.

O.G.M. [en criant] : Bourre la Reine !... Ah... Je veux dire, euh... POUR LA REINE !

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[Lire en jetant des olives]

Rice [au cadavre de B.I.O.] : Aaah ! Vraiment désolée, camarade ! Elle ne t'était pas destinée, cette grenade... Mais tu sais : si tu tombes, un ami sort de l´ombre à ta place. Alors ne t'en fais pas, je prends la relève ! Et un jour, peut-être, dans un avenir radieux, ce pays fera pousser du riz, pêchera du hoki et fera des sushis !

 Dans le dos de Rice Terreau, qui se détourne du charnier, un noyau gorgé de sang germe en olivier blanc. Le corps du fermier reprend des couleurs et...
 … inhale.

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Olives
Olfactives,
Olivâtres dérives,
Oligurie mi-narrative !
Olé ! Mes chers convives :
Olibrius et autres têtes naïves,
Oliphants en bouche, invectivent
Olympe, vile nation archi-fautive.
« Oligarchie : Sus, qu'elle ne vive ! »
Olindes brandie de mains hâtives.
Oh, l'assaut mené sur les chétives
Au surlendemain de l'offensive.
Oléiculteurs sitôt salivent.
Olim de la carte festive :
Olla-podrida endives,
Olivade maladive,
Olivète digestive
Olivet et grive.

Chanson :
« La P'tite Olive » des Wriggles
https://youtu.be/GROJ29zOSLQ

Et aussi un peu « Le Chant des partisans »
https://youtu.be/lXRr9IzW5KI

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