Chapitre 4

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 Eïko était dans la timonerie et observait, fébrile, les différents leviers en cuivre du tableau de commande. Les deux adolescents s’étaient relayés toute la nuit pour finir les préparatifs à temps, et tout semblait fin prêt. Un peu plus tôt, Aelan et ses amis avaient ouvert l’énorme double porte du hangar, et tiré l’aéronef sur l’éperon de pierre, avant de l’amarrer solidement. Après avoir chargé les cuves d’aeon, tout le monde avait évacué l’appareil, et attendait patiemment que celui-ci prît son envol.

 Face au tableau de commande, avec Aelan à ses côtés, la jeune fille luttait contre son appréhension. Elle respira un grand coup, et entama la procédure de décollage : sur sa droite, elle ouvrit une à une les différentes vannes contrôlant l’alimentation de l’engin, et entendit l’aeon l’irriguer par une multitude de tuyaux. Elle observa attentivement les manomètres, et constata que tout était normal. Alors, en retenant son souffle, elle actionna le levier de démarrage.

 Une vibration naquit des tréfonds de la salle des machines — où de massifs engrenages se mettaient lentement en branle — et se répandit rapidement à travers tout le vaisseau. Brutalement, les multiples hélices de l’appareil commencèrent à tourner, dans un vacarme de plus en plus assourdissant. Alors, Eïko enclencha doucement le levier principal.

 Avec force bourrasques, l’aéronef s’éleva peu à peu au-dessus du sol, sous les applaudissements et les cris de joie de la petite foule. Eïko regarda Aelan, qui se tenait à ses côtés, et sourit. Celui-ci opina du chef, et au travers de la grande baie vitrée de la timonerie, leva le pouce en l’air à destination de ses amis. Alors, ceux-ci coupèrent les amarres, et les deux adolescents s’envolèrent dans l’infinité du ciel.

 Les premières minutes de pilotage furent peut-être les minutes les plus éprouvantes que la jeune fille n’eut jamais vécu. Novice, elle peinait à s’éloigner de l’impressionnante paroi de pierre, contre laquelle elle craignait de finir pulvérisée à tout moment. Aelan, cramponné au tableau de bord, faisait de son mieux pour garder son calme, alors que le vaisseau faisait de violentes embardées. Les forts courants ascendants provenant des racines de l’île n’aidaient en rien la jeune pilote, qui bataillait laborieusement pour les sortir de là au plus vite. Elle finit par réussir à prendre de la distance avec l’île et à stabiliser l’appareil.

Passablement soulagé, Aelan se détendit.

— Tu t’en es bien sortie !

— Merci, désolé pour les secousses…

— Il m’en faut plus que ça ! dit-il, bravache.

Eïko sourit, toujours concentrée sur le pilotage.

— Bon, qu’est-ce qu’on fait maintenant ?

— On met le cap à l’est, et on rattrape ce vaisseau ! proposa-t-elle, résolue.

Eïko observa attentivement la boussole du tableau de bord, dont l’aiguille indiquait invariablement le sud. Celle-ci vibrait doucement, perturbée par la moindre fluctuation des courants d’aeon.

— Accroche-toi, lui conseilla-t-elle.

 Le vaisseau effectua un large virage, puis Eïko actionna les moteurs à pleine puissance, les propulsant sur la mer de nuages. La jeune fille était émerveillée par la vitesse de l’appareil, qui filait comme une comète entre les îles. « Quelle sensation grisante ! » se dit-elle en savourant cette incroyable liberté. Elle approcha l’aéronef de la surface, soulevant des volutes tout autour d’eux.

 Aelan quitta la timonerie pour le pont extérieur et s’aventura près de la rambarde. Il portait un pantalon bleu délavé attaché par une grosse ceinture, une chemise blanche, et un gilet en cuir qui claquait dans le vent. Penché par-dessus bord, il tendit la main pour toucher les nuages. Eïko l’observait en souriant. Comme elle, c’était la première fois que le jeune garçon quittait l’île de Puli, et tout lui semblait incroyable.

 Soudain, Aelan poussa un cri et bascula en arrière. Un hoyra, grand oiseau coloré aux ailes doubles et à la longue queue, venait de surgir de la brume, juste devant lui. Celui-ci exécuta une impressionnante volte, avant de disparaitre à nouveau dans les nues. Abasourdi, le jeune homme se releva et courut regarder au-dessus du bastingage. Très vite, des dizaines de ces créatures volantes se mirent à faire de même, formant un éclatant ballet de part et d’autre de la proue. Il finit par revenir dans la cabine, tout sourire.

— Tu as vu ça ?! C’est incroyable !

— Ils sont superbes, répondit-elle, ravie.

— Tu crois qu’ils vivent dessous ?

Eïko réfléchit un instant, puis écarquilla les yeux, réalisant où ils se trouvaient.

— Quelque chose ne va pas ? demanda-t-il, soucieux.

— Non… rien, un mauvais pressentiment. Restons loin de la surface.

La jeune fille actionna une des manettes, et le vaisseau prit de l’altitude.

— Je ne comprends pas…

— Quelque chose de très gros se balade là-dessous, je l’ai aperçu depuis les montagnes il y a quelques jours.

— Gros comment ? demanda-t-il.

— Assez gros pour avaler notre vaisseau, d’un seul coup.

 Aelan déglutit, peinant à imaginer la taille d’un tel monstre. Les deux adolescents restèrent silencieux, absorbés par le paysage qui défilait sous leurs yeux.

 Ils voyagèrent ainsi pendant trois jours, voguant entre les rochers flottants à la poursuite du funeste croiseur. Pour pouvoir se reposer, Eïko enseigna les rudiments du pilotage à Aelan, qui fut ravi de pouvoir tromper l’ennui. Les deux compagnons n’arrêtaient leur voyage que lorsque le soleil frôlait l’horizon, annonçant l’imminence du crépuscule. L’obscurité rendant la navigation trop risquée, ils amarraient alors l’aéronef à l’île la plus proche, et passaient la nuit à l’abri avant de repartir aux aurores.

 La mer extérieure était composée d’une infinité de petits îlots, dont la grande majorité n’était que de vulgaires cailloux inhabités. Le manque de place et les tempêtes fréquentes poussaient la plupart des gens à peupler les contreforts, ou à vivre au-delà de la barrière d’Ostar. Aussi, les voyageurs n’avaient pas croisé âme qui vive depuis des jours.

Ce matin-là, Aelan pilotait, alors qu’Eïko observait l’horizon à l’aide de sa lunette.

— Toujours rien ? s’enquit-il.

— Non, pas une trace de ce maudit vaisseau !

La jeune fille calcula mentalement.

— On aurait déjà dû le rattraper, je ne comprends pas, pesta-t-elle.

— Il a au moins deux jours d’avance sur nous.

— Merci, je m’en étais rendu compte, répondit sèchement Eïko

L’adolescent hésita.

— Et si nous nous étions trompés de direction ?

— Impossible, rétorqua Eïko, piquée au vif. Je l’ai bien vu partir vers l’est !

 Aelan garda le silence, voyant que la jeune fille était encore contrariée. La veille au soir, les deux adolescents s’étaient accrochés concernant la marche à suivre. Lui voulait approcher le croiseur par-dessus, et le harponner pour tenter de monter à bord. Il pensait qu’en se tenant près des hélices, les artilleurs n’oseraient pas faire feu de peur de faire sombrer leur propre appareil, et que l’un d’eux pourrait se faufiler dans le croiseur pour sauver la mère d’Eïko, saboter l’aéronef, et fuir. « C’est de la folie », avait immédiatement répliqué la jeune fille. Pour elle, ce plan ne les conduirait qu’à la mort. Elle estimait qu’il était plus prudent de suivre l’appareil jusqu’à sa destination, puis de tenter quelque chose là-bas. Le jeune homme s’était alors énervé « Tu veux qu’ils s’échappent c’est ça ? Moi qui te croyais courageuse… tu ne vaux peut-être pas mieux que tous ces vieillards du village, qui n’ont pas bougé le petit doigt pour sauver mon père ! ». Elle lui avait lancé un regard noir, « Suicide-toi si tu veux ! Mais moi j’ai bien l’intention de ramener ma mère vivante ! ». En partant se coucher, elle lui avait adressé une dernière phrase : « Si on échoue, alors ça voudra dire que ton père est mort pour rien ». Cette dernière phrase avait été un électrochoc pour Aelan : son père était mort en essayant de protéger la mère d’Eïko, la sauver était le meilleur moyen d’honorer sa mémoire.

Perdu dans ses pensées, il aperçut au loin de petites taches noires, éparpillées à la surface.

— C’est quoi ces trucs ? demanda-t-il.

L’adolescente tourna sa lunette dans la direction qu’il lui indiquait.

— Ce sont des féloères, ça veut dire qu’il y a un village pas loin…

— On devrait s’approcher, peut-être qu’ils ont vu passer le croiseur !

Eïko réfléchit un instant, puis acquiesça.

— C’est une bonne idée, comme ça on pourra aussi savoir où on se trouve.

— Eïko… désolé pour hier.

  Sans répondre, l’adolescente reprit les commandes et fit décélérer le vaisseau, étant moins novice qu’Aelan dans les manœuvres délicates. Elle dirigea précautionneusement celui-ci entre deux énormes monolithes flottants, avant de descendre près de la surface. Elle immobilisa alors l’appareil, à bonne distance d’un petit groupe d’embarcation. Elle craignait en effet de les mettre en danger avec les turbulences que ses puissants moteurs ne manqueraient pas de provoquer. Les féloères étaient de minuscules aéronefs composés d’une coque et de deux ailes triangulaires. Deux stabilisateurs situés de part et d’autre de la poupe, et un fragile jeu d’hélices assuraient un équilibre précaire. Des pêcheurs, debout avec des harpons, scrutaient les nues à la recherche de krylix, larges créatures volantes dont ils tiraient viande et peau. L’un d’eux, surpris de leur présence, alluma les moteurs et dirigea sa féloère à leur niveau, maniant le petit engin avec une habileté qui déconcertait Eïko.

— Héla voyageurs ! cria-t-il pour couvrir le brouhaha des machines.

— Bonjour ! répondirent-ils en cœur depuis le pont. Savez-vous où est le village le plus proche ?

— Bien sûr !

— Pouvez-vous nous indiquer la direction à suivre ? demanda Eïko.

— J’allais y retourner, suivez-moi ! dit-il en virant soudainement de bord.

 Guidés par le pécheur, ils remontèrent lentement vers les archipels supérieurs où était installé le petit village. Une dizaine de masures s’entassaient sur le flanc rocheux d’une île minuscule, suspendues en arc de cercle au-dessus du vide. Des passerelles de bois et de cordage permettaient la circulation jusqu’à une plateforme centrale d’où rayonnaient quelques jetées.

 Eïko et Aelan accostèrent à un des pontons que leur indiquait le pécheur, et le rejoignirent sur la plateforme. Là, quelques femmes accrochaient des peaux de krylix pour les faire sécher. Elles se tournèrent vers les étrangers avec un regard interrogateur. Au-dessus d’eux, une multitude de petites aéroliennes cuivrées habillaient la structure, qui semblait vibrer au rythme des rafales.

— On n’a pas souvent de visiteurs, déclara l’homme avec un sourire. Moi, c’est Varl !

Les deux adolescents se présentèrent chacun leur tour. Varl était fin et sec, et sa peau burinée par le soleil et le vent. Ses tempes grisonnantes trahissaient le passage de la quarantaine, il reprit :

— Ravi de vous rencontrer ! Qu’est-ce qui vous emmène par ici ? Vous êtes bien jeunes pour voyager seuls…

— On est à la recherche d’un gros aéronef noir qui navigue dans la région, ça vous dit quelque chose ? demanda Eïko.

— Menaçant et couvert de métal ? Ouais, on l’a vu passer hier après-midi avec mon fils, à quelques encablures au sud.

Les deux compagnons échangèrent un regard.

— Je sais que ce ne sont pas mes oignons, mais vous devriez éviter de croiser sa route, les Orcaliens ne sont vraiment pas des tendres…

— Les Orcaliens ? demanda Aelan.

— Ma parole vous n’êtes jamais sortis de chez vous ?! Bon, suivez-moi.

 Avec les deux visiteurs sur les talons, Varl s’engagea sur une passerelle branlante, fragile chemin de bois et de corde balloté par le vent. Aelan, peu rassuré, luttait pour ne pas montrer son appréhension. « Bon sang, c’est quand même hyper haut… », pensa-t-il, songeant à la chute vertigineuse qui l’attendrait en cas de rupture du frêle ouvrage. Après quelques dizaines de mètres de marche dans l’enchevêtrement chaotique de la structure, ils débouchèrent sur un petit éperon au-dessus du vide, où une porte creusée dans la roche les attendait. Ils entrèrent.

 Dans l’obscurité d’une pièce grossièrement taillée, Varl invita les deux adolescents à s’asseoir à une petite table ronde. Il ouvrit deux hublots pour faire rentrer un peu de lumière, dévoilant un habitat dépouillé, que seuls quelques meubles et un réchaud venaient décorer.

— Montrez-moi votre carte.

Eïko tira de sa poche un papier chiffonné, que Varl examina en soupirant.

— Eh ben, vous n’allez pas aller loin avec ça, c’est une carte de la mer extérieure, et elle a au moins vingt ans !

— On n’avait que ça… balbutia-t-elle

Varl se leva, ouvrit le tiroir d’un petit meuble, et revint dérouler une carte sur la table. Précise et colorée, celle-ci indiquait toutes les îles de la mer extérieure et même au-delà, dévoilant des contrées que les deux adolescents découvraient pour la première fois, les yeux écarquillés.

— Mais… c’est gigantesque ! dit Eïko.

— Et encore vous n’avez pas tout vu, cette carte ne montre qu’une petite partie du vaste monde, dit-il en souriant.

Indiquant un point sombre à l’ouest de la carte, Varl leur apprit qu’ils se trouvaient au village de Darot. Plus à l’Ouest, une grande chaine de montagnes appelée « barrière d’Ostar » donnait sur le royaume d’Orcalie, où se dirigeait vraisemblablement leur cible.

— Aux dernières nouvelles, le royaume d’Orcalie était en guerre civile, et à part quelques caravelles, il n’y a plus grand-chose qui nous arrive de là. Si j’étais vous, j’éviterais d’y mettre les pieds.

— On n’a pas le choix… dit Eïko sans plus de précision.

Varl resta silencieux un moment, jaugeant ses interlocuteurs.

— Je vois… alors je vais vous ravitailler, et vous indiquer comment passer Ostar sans encombre. Vous avez encore beaucoup de chemin à parcourir.

Après avoir étudié la carte, puis fait le plein de provisions et d’aeon, les deux adolescents retournèrent à bord de l’aéronef. Sur le ponton, l’homme tendit un paquet à Eïko, contenant la carte étudiée précédemment, ainsi qu’un compas et une loupe.

— Combien on vous doit pour tout ça ?

— Rien du tout, il faut bien qu’on s’entraide entre étrangers, dit-il avec un clin d’œil.

Varl balaya le vaisseau du regard.

— C’est un joli appareil que vous avez là, comment s’appelle-t-il ?

Eïko réfléchit un instant, elle n’avait jamais songé à nommer son aéronef.

— C’est le Haru, comme mon père.

Haru… c’est un joli nom, répondit-il, pensif.

— Merci pour tout Varl…

— Bonne chance, et soyez prudents.

 Alors que le soleil n’avait pas encore atteint son zénith, le Haru décolla à nouveau, cinglant à toute vitesse vers l’est. Cette escale n’avait couté qu’une petite heure aux deux adolescents, et ils escomptaient pouvoir rattraper le croiseur avant la nuit.

 « Titanesque » est le premier mot qui vint à l’esprit d’Eïko quand elle aperçut pour la première fois la barrière d’Ostar. D’abord simple ligne sombre sur l’horizon, elle se révéla être une véritable forêt de pics acérés, crevant les nues pour aller se perdre dans des hauteurs insondables. Étalée sur plus de mille kilomètres du nord au sud, elle constituait la frontière naturelle entre la mer extérieure et l’Orcalie. Des nuages s’enroulaient sur les sommets, annonçant le climat agité qui faisait la funeste réputation de ce lieu.

— Je le vois ! s’écria Aelan.

Un peu plus au sud, le croiseur s’apprêtait à pénétrer dans un défilé.

— Je vais nous emmener dans la vallée juste à côté, de là on devrait pouvoir le suivre discrètement.

 Eïko, engageant le Haru dans le défilé, peinait à camoufler son inquiétude : elle avait un mauvais pressentiment. Dans l’ombre des colosses de pierre, tout était calme. La surface, semblable à la couche de nuages située juste au-dessus, donnait au lieu une atmosphère irréelle qui trompait les sens. Quelques éclairs, étouffés par la brume, venaient parfois briser le lugubre silence qui régnait entre ces parois d’ébène, où rien ne semblait vivre. Suivant les conseils de Varl, Eïko naviguait près de la surface, où la meilleure visibilité lui permettait de rester à distance des éperons déchiquetés de ces immenses montagnes, qui ne semblaient avoir ni bases ni sommets.

 Après une demi-heure à voguer avec précaution, le vaisseau déboucha dans un large espace, où plusieurs vallées se rejoignaient. Ici, de fortes rafales malmenaient l’aéronef, qu’Eïko peinait à stabiliser. Aelan sortit sur le pont extérieur pour scruter les alentours. « Où est-il passé ? » maugréa-t-il, observant dans toutes les directions. Il entendit alors un vrombissement plus grave que celui du Haru, et leva les yeux.

— Eïko, attention ! cria-t-il en se jetant au sol.

 L’aéronef fit une brusque embardée, évitant de justesse une boule de feu et de métal. Au-dessus d’eux, l’immense coque noire émergea des nuages, ses rutilants canons pointés sur leur ridicule embarcation. Aelan courut dans le cockpit, paniqué.

— Il faut qu’on sorte d’ici ! Vite ! VITE !

 De multiples détonations se firent entendre, déclenchant une véritable tempête de flammes dans la vallée, où les projectiles brulants zébraient l’air en tout sens. Poussant les machines à leurs limites, Eïko zigzaguait tant bien que mal pour échapper aux tirs mortels qui la poursuivaient par dizaines. Une explosion sourde retentit loin derrière eux, mettant fin à la salve.

— C’était quoi ?! cria Eïko, dont le cœur battait à tout rompre

Aelan passa la tête par l’ouverture et regarda vers le croiseur. Celui-ci venait d’être touché, et ses canons pointaient désormais vers d’autres cibles.

— Qu’est-ce que… ?!

 Arrivant de partout, une vingtaine d’aéronefs convergeaient vers le vaisseau de guerre, qui déployait des chasseurs de combat pour se défendre. Sous un feu nourri, il se repositionna face à ses nouveaux adversaires et riposta d’un tir de barrage, qui déchiqueta deux appareils dont les débris carbonisés chutèrent dans les nues. Rapidement, de multiples duels aériens se mirent en place autour du croiseur, dans un incompréhensible vacarme de tirs, d’explosion et de manœuvres acrobatiques. Le Haru, hors de danger pour l’instant, continuait de prendre de la distance.

— Il y a des aéronefs partout, ils attaquent le croiseur ! Qu’est-ce qu’on fait ?! cria Aelan.

 Sans réponse, l’adolescent se tourna vers Eïko et écarquilla les yeux de surprise. Absorbé par la bataille, il n’avait pas remarqué qu’un petit appareil s’était approché d’eux, et les avait arraisonnés près de la proue. Avant qu’Eïko ne puisse tenter la moindre manœuvre d’esquive, trois hommes et une femme avaient sauté sur le pont du vaisseau. Cette dernière aboyait des ordres à ses compagnons.

— Erg, Ros, installez les canons ! Goran, tu viens avec moi !

 Pour ne pas être vue, Eïko s’était baissée contre le tableau de commande, tenant toujours la barre d’une main. Aelan, lui, traversa discrètement la cabine avant de s’accroupir derrière une caisse en bois. Il serrait fermement un couteau, bien décidé à défendre chèrement leur vie en prenant les intrus par surprise.

 Ils entrèrent dans la timonerie. La femme, à peine plus grande qu’Eïko, avait des cheveux blonds coupés courts et un air sévère. Derrière elle, le dénommé Goran, véritable tas de muscles, avait dû baisser la tête pour passer la porte. Ils regardèrent tous deux la jeune fille, qui restait tétanisée.

— N’aie pas peur, nous n’allons pas te faire de mal, dit la femme avec douceur.

 Aelan, trop éloigné pour entendre cette phrase, surgit alors de sa cachette, et se rua sur eux en hurlant, couteau en main. D’un geste étonnamment leste pour sa corpulence, Goran lui assena un spectaculaire coup de poing dans la mâchoire, le projetant sur le sol. Le géant récupéra ensuite la lame, et posa son pied sur le dos d’Aelan pour qu’il reste au sol. La femme sourit, à peine surprise.

— Je prends les commandes, déclara-t-elle d’un ton presque guilleret. Goran, quand tu auras fini de t’amuser, lance le signal. On se tire d’ici !

— Mais… qui êtes-vous ? demanda Eïko en dévisageant la nouvelle venue.

— Moi, c’est Nora, le gros balèze s’appelle Goran, et les deux autres sont Erg et Ros.

— Je ne compr…

— Petite, on fait partie de la résistance.

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