Chapitre 3
Je sors du bus 126.
Marche en direction de l'école.
Femme de chambre durant la journée, je change de casquette à seize heures pour celle de nounou.
Mon Pierre. Premier à sortir ! Petit bonhomme blondinet de huit ans, espiègle, vif, doté d'une intelligence remarquable.
Toujours une histoire à raconter, une question à poser. Lorsque je plonge mon regard dans ses yeux, couleur azur, je me noie dans les profondeurs de l'océan.
Cela change des eaux troubles dans lesquelles je nageais, d'après ma mère !
Les bras ouverts, il court vers moi, me serre la taille, me dit bonjour.
Nous allons chercher Éric, son jumeau, la tête dans les étoiles ! Même lorsqu'il marche, ce n'est jamais un pied devant l'autre ! Il me fait penser à Pierrot la Lune.
Sous son apparence calme, il manipule son monde.
Un peu plus grand que son frère. Avec ses manières élégantes, parfois, il me fait penser à une fillette, s'avance vers moi, me fait un bisou.
Et voici ma princesse de dix ans. Jolie blondinette comme sa maman, très grande, très fine. Mère poule pour ses deux petits frères.
Jamais un mot plus haut que l'autre, toujours le cœur sur la main. J'évite de la gronder devant ses frères, bien que de temps en temps, elle me réponde.
Les trois loulous récupérés, nous rentrons à leur maison.
- Kalia ?
- Oui, Pierre.
- Pourquoi les adultes cachent-ils leurs émotions ?
- Je ne comprends pas ta question...
- Pourquoi tu ne souris jamais ?
- Mais si, Pierre, je rigole tout le temps avec vous !
- Kalia ?
- Oui, Éric.
- On peut prendre un bain ce soir ?
- Oui, Éric, si tu te dépêches d'avancer.
En arrivant à la résidence, je pousse la petite porte noire en fer forgé.
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