Chapitre 8
J'arrive à la salle.
Il y règne une atmosphère particulière, presque de compétition. Une odeur de transpiration me perfore le nez.
J'entends des gémissements, parfois même des cris, dus à la volonté de se surpasser et à la douleur engendrée par l'effort. Il n'y a pas d'âge ni de race définis. Personne ne s'occupant de son voisin, chacun restant concentré dans son exercice.
Sur ma droite, des femmes pour la plupart, courent sur des tapis, sympa comme idée, venir courir au chaud par temps froid ! Le casque sur les oreilles, le regard fixe, elles filent vers un objectif. Certaines ont, autour de leurs cous, une serviette éponge.
À côté des marcheurs, sur des vélos elliptiques, les sportifs semblent travailler presque sans efforts leur cardio, ils me font penser à des skieurs de fond.
Derrière eux, deux, trois rameurs, pratiquent pour s'exercer à l'aviron. Allez les gars, souquez ferme !
À ma gauche, la salle des tortures, la musculation pure.
Des équipements encore plus impressionnants que les autres entre : la presse à cuisse qui, comme son nom l'indique, sert à muscler les cuisses. Le banc de développé-couché qui permet de travailler les triceps. Le pec-deck, intéressant celui-ci, il est là pour les pectoraux. Ah ! Et la dernière véritable chaise de torture, la chaise romaine.
Mais je n'ai pas le temps de tout explorer, mes cours de boxing et de yoga m'attendent.
Personne dans les vestiaires ?
Je jette un coup d'œil rapide sur mon apparence. Mon dieu ! J'ai l'air d'un pingouin ! suivi de ma petite voix " Je t'avais prévenue !"
Pas le temps de t'écouter piailler. Je rentre en scène.
Le prof, "Un joli petit brun", aux yeux noisette perçants, des tatouages sur le bras et peut-être même ailleurs ! D'un style un peu loubard, nous fait une démo. Je suis étonnée par sa force de frappe.
L'impact de son coup de pied droit fait bouger le punching-ball qui s'en va valser en plein milieu de la salle. Évidemment, à ce moment-là, aucune porte de sortie n'est possible.
Mitaines enfilées.
"En garde, jambe gauche" nous dit le prof.
Je rapproche mes gants de mon visage, rentre le menton, me concentre sur ma jambe arrière, fixe le punching-ball, prête à en découdre et à le faire twister, comme le prof mais bon.....
Je débute mon enchainement par un jab. Celui-ci me permet de calculer la distance entre mon adversaire et moi, suivi d'un jab cross puis d'un uppercut du droit.
"Déplacement", nous hèle le coach.
J'avance, crochet du droit, recule, reviens, esquive, repars, reviens, jab cross. C'est avec la grâce et la légèreté d'une ballerine que j'attaque mes enchaînements et c'est avec le déhanchement d'une danseuse de salsa que je jigue autour de mon punching-ball.
Pour finir ce marathon de trente minutes de cardio, nous avons droit à dix minutes de stretching. Je ne sais pas si c'est un moment de détente mais j'ai l'impression que mon corps me crie "Halte au supplice !".
Pas le temps de m'écouter, juste le temps de souffrir, il faut que je change de tee-shirt.
Deuxième cours.
Je m'apprête à pénétrer dans une nouvelle sphère. Après la sculpture de mon corps, j'attaque les phases : assouplissement, relaxation, équilibre.
L'univers du yoga n'aura bientôt plus de secret pour moi. Le tapis enroulé sur le bras, je rentre dans la salle et me place au fond.
Je ne suis entourée que par de belles plantes, jeunes, longilignes.
Ne me sentant pas à mon aise, en catimini, j'essaye une esquive en marche arrière. Quand soudain, une jeune femme blonde m'invite à prendre place. Zut ! Trop tard !
Les mains jointes devant la poitrine, elle nous salue.
- Namasté !
Bêtement, je reproduis.
- Commençons par la salutation du soleil.
Encore un fois, je m'exécute sans rien y comprendre. Je me retrouve dans une position peu confortable.
En arc de cercle vers l'extérieur, je me compare à un cobra. En appui sur mes deux bras, au bout de cinq minutes, ils commencent à trembler, je me vois atteinte de la maladie de Parkinson, mon tee-shirt est auréolé de taches de transpiration, j'ai honte, j'ai peur de me ridiculiser.
Je m'imagine déjà, tête plongeante, nez incrusté dans le tapis, mais non, je tiens bon, je m'accroche, me concentre. Vient ensuite la position du A, tête en bas, fesses en l'air. Mon Dieu de quoi ai-je l'air ?
Je prie tous les saints pour que personne ne passe derrière moi. Un vent n'est pas toujours contrôlable ! Et s'il venait à exploser ?
J'entends : "Ma pauvre fille, de quoi as-tu l'air ? " Ça suffit toi, tais toi !
"Namasté." Le cours est fini. "Bravo ! Pour les positions et les enchaînements !" Par instinct, je lève les yeux et comprends que ces compliments me sont adressés. Une chaleur m'envahit, mes oreilles, mes joues rougissent, je dois ressembler à une pivoine, je ne sais que faire. Je fais un signe discret à la prof pour la remercier.
"Alors, tu vois bien que tu as eu raison de le faire, tu peux être fière de toi ! " Tiens je n'entends pas l'autre petite voix ! Rien à dire ?
Soixante-quinze minutes de sport, je suis vannée.
Bonheur sublimatoire ! Le sauna.
Première à l'intérieur, quatre-vingts degrés, comme un ourson en chocolat, je fonds.
Dernière invitation au bonheur suprême. La douche froide. Après m'être transformée en glaçon, je me dirige rapidement vers mon casier en évitant les regards.
Presque aussi fière qu'Artaban, le nez en l'air, je rentre légère comme une bulle.
Annotations
Versions