L'épreuve du mur
Voici une scène racontée par Ludyl, un de mes personnage elfe, apprentie magicienne. Elle est évaluée dans sa formation avec une camarade disciple qu’elle considère comme sa rivale. La scène n’existe pas dans mon histoire. Je l’ai écrite à l’occasion du défi.
La pièce était deux fois moins grande qu’une salle de classe. Elle était sombre, pavée de dalles éraflées et encadrée de larges colonnes en pierre grises. Mélia s’avança sur ma gauche, un orbe de feu rougeoyant dans le creux de sa main.
Face à nous, le mur était couvert de runes et de tracés d’incantations à l’encre. La paroi n’avait aucune aspérité, hormis deux ouvertures de conduits qui s’enfonçaient dans le mur. Mélia se positionna devant l’une d’elle et je l’imitai. La disciple parcourait les inscriptions du regard. C’était un langage ancien que je découvrais à peine dans les livres.
— Ce sont des runes Halfelines, déclara Mélia. On doit chacune insuffler par les ouvertures pour agir sur les sceaux.
Malgré l’air supérieur qu’elle aimait prendre, sa traduction manquait de précision. Les runes étincelantes serpentaient le long de la cavité en spirale, et s’engouffraient à l’intérieur du mur. Qu’est-ce que la maîtresse-magicienne avait-elle bien pu imaginer pour nous évaluer ? Sans prévenir, Mélia, les deux bras en avant, cracha un jet de flamme par son ouverture. Des langues de feu jaillirent de mon ouverture et lacérèrent mon visage, me recouvrant d’une chaleur étouffante. Le rebord circulaire était noirci par les flammes. Mélia eu un rictus qui me donna envie de lui arracher les lèvres.
Je reportai mon attention sur le mur et me figeai. Les runes qui recouvraient le rebord, par leurs associations, formaient une multitude de sceaux imbriqués. Et cette rune triangulaire d’action, que Mélia n’était pas parvenue à traduire, je la connaissais bien. C’était la rune de la destruction. Il fallait détruire les sceaux pour remporter l’épreuve.
A mon tour, je me plaçais en position d’attaque face à l’ouverture, et lançai un premier rayon aux éclats aveuglants. Comme prévu, l’ouverture de Mélia étincelât et une bonne partie de l’incantation en jailli, la contraignant à s’écarter. Je reprenais aussitôt position pour frapper plus fort encore, mais Mélia, en un regard emplit de haine, sembla comprendre ce que je cherchais à faire, et inonda sa cavité de jets de flammes.
Le mur vibra quand nos sortilèges s’entrechoquèrent à l’intérieur. C’était un bras de fer, mais j’avais de l’avance, et je comptais bien la garder. Des filets de vapeurs s’échappèrent par l’ouverture et les interstices de la pierre, fusèrent entre mes doigts incandescents. La sueur dégoulinait sur mon front et mes épaules, nos cris de rages s’entremêlèrent aux crépitements des flammes et des éclairs de nos incantations. J’avais un avantage certain dans la nature même de mon attaque, dotée d’une énergie immensément plus centrée que celle du brasier de Mélia. Brutalement, l’ouverture de Mélia explosa, nous propulsant toutes deux en arrière.
Le nuage de poussière retomba peu à peu dans la pièce. La maîtresse-magicienne nous dévisageait avec gravité.
— Vous avez échoué, annonça-t-elle simplement.
N’avais-je pourtant pas détruit le sceau de Mélia ? Comment pouvions-nous avoir toutes deux échoué à l’épreuve ? Il y avait forcément une gagnante et une perdante. Je me redressai à la hâte, une boule chaude dans la poitrine, les mains crispés par la frustration.
Sans un mot, Mylène nous tourna le dos et fit face au mur. Elle plaça ses paumes entre les deux ouvertures et fit apparaitre d’autres pentacles à la surface de la pierre. Le mur se découpa en courbes et en lignes, s’ouvrit comme un bourgeon à la nouvelle saison. Les conduits de nos ouvertures se rejoignaient au cœur d’une sphère constituée d’anneaux tourbillonnants. Tout comme les bords de nos ouvertures, ces anneaux étaient eux aussi recouverts de sceaux.
— Vous ne survivrez pas aux épreuves du premier cercle sans coopérer.
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