Sur la lune on danse
On lance des galets qui ricoche sur l’onde, on saute sur des cases dessinées à la craie sur le bitume, on dribble une balle… Et puis un matin, au pied d’un mur ou sur un écran, on voit le pas beau, l’horreur ou le mal. Alors, fonction du bois dont on est charpenté, de l’armure qui caparaçonne nos tricots de corps, on perd le sourire, parfois le temps d’un nuage, parfois à jamais. Chacun sa route, chacune sa fuite, l’évasion dans le rêve ou la vengeance dans les jeux de l’art. Certains d’entre nous se révoltent, d’autres ramènent le drap sur leurs yeux, d’autres encore s’accrochent désespérément à l’enfance. Manset se souvient de ses jours en bord de Marne, à guetter la carpe, à se laisser surprendre par une renarde ou une fauvette. Longtemps après, en capitaine solitaire, il nous revient livrer son affaire : l’imaginaire d’un monde perdu dans la stratosphère clodoaldienne. Et parce que la terre n’y suffit plus, il nous propose de nous alunir. Car là-haut, on danse. Voyez-vous le soir Et très loin la terre A sa gorge bleutée Dans son innocence Entourée de mystère… (L’Algue bleue – avril 2024).

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