Vink

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Je suis un vétéran, un vieux de la vieille et je suis las de cette planète. J’ai tout fait ici, tout vécu et fait le pire. J’en suis de ceux qui ont formé de plus valeureux guerriers de l’armée des Rouge. Celle qui a soumis tous les empires. Mais ne parlons pas de ma légion et parlons plutôt d’une autre. Une milice faiblarde composée d’une poignée d’hommes et de femmes dont l’Amiral en chef Opéria Spirit en dirigeait les lignes. Une femme que l’on ne peut oublier, car elle est l’une des fondatrices de mon royaume, une femme digne, coriace, forte et le reste, je me le réserve…

 — Et, moi, Vink, général en chef de l’armée des Rouge, va vous dire à tous ce qu’est avoir des couilles !

  Elle était là, face à moi, couteau entre les dents, accroupis prête à bondir comme un félin. Elle n’avait pas eu froid aux yeux quand je l’avais pointé avec mon arme. Me défier moi, alors que j’étais en train d’anéantir les siens ?!

  Mais avant d’arriver à notre duel, partons plus loin dans le temps. Soit vingt-six ans auparavant. En l’an 23O du calendrier des Ors. J’étais à cette époque qu’un soldat de pacotille, un bleu dont l’estomac se retournait à la vue d’un cadavre. J’étais un de ceux qui se faisaient dans le froc à la vue d’un champ de bataille. Or, j’ignorais à la même période où j’avançais à tâtons contre l’ennemi, qu’elle cognait ses poings contre les joues de mercenaires dans une cage de combat clandestin. Oui, elle était de ceux qui aimaient se battre à main nue.

  Pendant que je montais en classe, elle découpait la chair et les os avec son sabre et commençait à se faire un nom. Mais passons mes classes et venons-en au fait. Car oui, je ne suis à côté d’elle qu’un enfant de chœur. C’est pourquoi, j’ai récupéré tous les enregistrements où l’Amiral et sa milice menaient et guidaient les fronts et croyez-moi, nous n’en menions pas large. Maintenant, observez toutes et tous, comment à elle seule, Opéria Spirit pouvait renverser quinze des nôtres.

 Leçon numéro une :

  Ne jamais tourner le dos à son ennemi. Mais il fallait croire qu’elle avait toujours le don pour se trouver derrière. Telle une anguille sous roche, elle s’insinuait dans les noirceurs. Elle avançait toujours en talons aiguilles et, dans le plus grand silence, Opéria Spirit tranchait, transperçait le front ennemi, alors que tous se croyaient en sûretés, car en surnombre.

  Voyez-vous l’homme bien portant, deux mètres zéro sept, grosse mitraillette, se faire découper la tête dans l’obscurité du campement Nord ? Eh bien, ce grand dadet est mort, car il était trop sûr de la taille son fusil. Là, ici, maintenant, observez bien la lueur dans son regard, quand son sabre dépassa le corps de… comment il s’appelle déjà ? Oh, et puis on s’en fout !

 — Que voyez-vous, soldats ? Eh bien, je vais vous répondre moi ! De la « dé-ter-mi-na-tion » !

Opéria se faufilait entre des tentes. Toujours à l’affût, elle savait qu’elle baignait dans son élément, tuer était pour elle comme naturel. Opéria était fine, un mètre soixante-dix-sept, légère comme une plume, elle progressait silencieusement dans le campement Nord. Toujours recluse dans l’ombre, elle ne faisait plus qu’un avec elle. Au bout de la rangée, elle entendit :

 — Attendez que je l’attrape cette chienne. Et vous verrez la fessée que je vais lui mettre !

 Et de la tente s’échappèrent des rires bien gras.

  Opéria n’avait rien dit, rien fait, juste fermé les paupières une fraction de seconde. L’histoire se répétait toujours de cette manière alors elle se contenta simplement de passer outre la vulgarité de ces abrutis de l’armée des Rouges, car elle savait que tous étaient de vrais tocards. Opéria n’aimait que tuer et elle prenait un malin plaisir à montrer à quel point elle faisait si bien son métier. Au départ, ce n'était qu’une simple mercenaire qui ne travaillait que pour décomposer. Elle était d'une telle agilité qu’Opéria passait inaperçue dans le noir, on aurait même pu croire qu’elle en faisait partie surtout son regard. Il était sombre et froid et personne ne l’avait vu briller.

  Elle sautait de toit en toit pour aller se charger d’annihiler ce campement tout entier. Sa mission allait de pair avec éradication tant elle détestait l’armée des Rouges. Presque arrivée au point zéro, elle ralentit le pas pour ne marcher plus que sur la pointe des pieds. Silencieuse comme jamais, elle y parvint et sous ses yeux se trouvait le quartier des bombes. Et il fallait croire qu’elle aimait ça faire exploser les bombes, cette analogie la représentait tellement bien, car elle était aussi belle qu'explosive. Enfin, elle jeta un coup d’œil furtif au-dessus du toît afin de voir combien de soldats étaient éveillés cette nuit et pour son plus grand plaisir, ils s’étaient regroupés telle une meute de chiens galeux pour jacasser et rire dans le noir.

  À cela, elle sourit discrètement. En effet, Opéria avait tout calculé sur la manière et surtout sur la méthode d’opération de cette mission nommée : « Un canon parmi les bombes ». Quand elle avait entendu le nom de sa mission, elle noua ses cheveux d’un chignon sans montrer d'émotions. Rien ne l’affectait, même si elle avait bien ri dans les tréfonds de son âme, on aurait pu même se demander si elle en avait une. Elle n’avait jamais trouvée chaussure à son pied et on aurait même pu croire que son cœur était noir de jais, comme la tenue qu’elle portait en ce moment, pendant qu'elle se mit à observer autour, et elle jeta un regard au ciel.

« Parfait, le temps joue en ma faveur. »

  En effet, un épais nuage était passé sous l’astre lunaire accentuant ainsi l’obscurité et par la même occasion assombrissait son regard. Toujours sur les toits, elle contournait le groupe plus bas. À pas de loup, elle convergeait dans les ténèbres croissantes et quand elle se trouvait en face au hangar ciblé, elle se saisit de ses jumelles.

  Le premier à tomber était un gringalet. Clope au bec, il n’avait pu expulser sa dernière taffe, une clé de bras l’avait soudain étouffée. Elle accompagna sa chute et le tira en même temps qu’elle écrasa sa cigarette avec la pointe de son pied puis elle le cacha dans un coin oublié. Il fallait faire vite, alors elle se rua vers l’avant d’un camion et s’accroupi, attentive. Elle tendit l’oreille pour écouter ce qu’il se disait au loin, mais les soldats de l’armé des Rouges étaient des faibles. De toute manière, ils n’avaient rien d'intéressant à dire ou du moins rien de qui pourrait attiser sa curiosité.

  Opéria était de ces femmes qui aimaient écouter au lieu de parler, puis des bruits de pas s’approchèrent. elle s’était dissimulée sous ce camion et elle se mit observer attentive la paire chaussures qui lui faisaient face. Quarante-huit et sur mesure, Opéria en avait déduit qu’il devait être son homme. Elle retient sa respiration et glissa insidieusement comme un serpent vers l’arrière du camion. Elle reprit son souffle, mais le soldat à l’ouïe fine pressa le pas mais surprit de ne rien voir, le géant n’eut pas le temps de réagir qu’une pointe sombre lui avait transpercé le corps. Mort sur le champs, il n’avait eu temps de crier gare. L’instant d’après, il tomba à genoux et Opéria retira sa lame et our éviter que le poids de son corps n’éveille de soupçons, elle l’avait retenu par les cheveux puis déposa sa dépouille sur le flanc. Elle avait fait d’une pierre deux coups.

  Le verrou passa du rouge au vert. Main sur la poignée, elle ouvrit délicatement la porte et l’intérieur du hangar était lumineux. Au loin, les hommes avaient cessé de jacasser quand un frisson courut le long de son échine dilatant subitement ses pupilles accentuant ainsi le noir de ses prunelles. Un problème important lui faisait face mais son flair était plus sensible que celui d’un chien et elle avait repéré d’un seul coup d’œil le container qui allait faire d’elle sa renommée.

  Opéria, sautait de toit en toit, lancée comme une balle de pistolet et son allure en disait long sur le temps qu’elle s’était donnée. Arrivée à la rangée par laquelle elle s’était introduite, Opéria entendit encore la voix de ce grossier personnage. Il était encore en train de geindre, alors qu’il urinait contre la toile de sa tente :

 — Oh, Rick ?! Ça te dit de goûter mon nectar chaud et sucré.

  Opéria avait vu le paquet de cet homme tout sourire et lorsqu’il eut fini de s’égoutter, elle appliqua sa justice et il fallait croire qu’elle était grande, fine, mais surtout divine. Alors qu’elle courait à grande enjambée dans les égouts, une détonation monstrueuse éclata provoquant ainsi un terrible tremblement de terre.

  Mission, un canon parmi les bombes, accomplie !

Oui ! Opéria était de ceux qui faisaient trembler les terres. Elle avait perdu son âme alors qu’elle n’était qu’une enfant et sa souffrance était telle qu’Opéria avait immunisé son cœur. À croire qu’il ne lui restait plus que lui. Fait de carbone, il fallait à tout prix qu’il devienne aussi pur que du diamant. Pour cela, on la testait et on lui envoyait les plus beaux spécimens de la race humaine.

 — Toi ! Oui toi ?! As-tu le cœur pur ?! Ne dis rien, car j’en étais sûr ! Seul un cœur pur pouvait avoir la peau d’Opéria. Alors, lui envoya sont double, aussi grand que lui, là.

 — Moi ?!

 — Oui toi ! Comment mesures-tu ?!

 — Un mètre cinquante-sept, mon général.

  Aaah, j’aime ça ! La taille parfaite ! Oui, messieurs vous pouvez rire, mais surtout avoir de quoi rougir. Car, seul le cœur d’un petit homme pouvait faire changer la noirceur absolue du sien. Nom de code : Love-Spirit ! Et vous allez vous demander pourquoi, moi, Vink général en chef de l’armée des Rouges la nomme Opéria Spirit ?! Eh bien accrochez-vous à vos miches et vos couilles soldats ! Car on va y passer plus d’une journée pour vous montrer à quel point elle était insaisissable, impossible.

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