Chapitre 2

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- Attendez, madame ! l’interpella Aslinn. D’où m’avez vous expliqué que vous veniez, déjà ? demanda-t-il d’un ton neutre. Je ne me souviens plus de ce que vous m'avez dit.

Lywia se retourna et le fixa droit dans les yeux.

- Peut-être parce que je ne vous l’ai jamais dit, répondit-elle en fronçant les sourcils et en le regardant d’un air de défi.

Aslinn l'observa suspicieusement.

  • Mais si vraiment vous tenez à le savoir, je suis de Gilmora, un tout petit village un peu plus au Sud.
  • Gilmora vraiment ? dit Aslinn songeur, d’un air méfiant. Pourtant, vous ne portez pas leur tenue traditionnelle.
  • Vous y êtes déjà allé ? s’étonna Lywia.
  • Oui, il y a quelques années. Mais je me rappelle parfaitement leurs tenues colorées festives.
  • Quand je voyage, je préfère me faire discrète. Les routes ne sont plus sûres de nos jours. Une cape noire n’attire pas l’attention, répondit-elle avec un petit sourire satisfait.
  • En effet, cela est certain, rétorqua Aslin d’un ton toujours méfiant.

Soudain, une brusque rafale de vent surprit son cheval, qui se cabra et le renversa. Effrayé, l’équidé partit au triple galop, sautant par dessus la faille et s’enfonçant vers les territoires sauvages.

  • Merde ! s’emporta Aslinn en se remettant debout.

Devant lui, Lywia ne put se retenir et éclata de rire à la vue de l’homme trempé et couvert de boue.

  • Cela vous fait rire ? s'énerva Aslinn. Je viens de perdre un de mes plus précieux chevaux, qui, par dessus le marché, vient de partir en direction des territoires sauvages, ce qui signifie que je ne le retrouverai jamais. Et qui sait ce que ces barbares lui feront quand ils le trouveront ! Il finira probablement mangé ! Je ne trouve pas cette situation très amusante, pour ma part ! s’emporta-t-il d'un ton grave.
  • Excusez… Excusez-moi, répondit Lywia, tentant toujours de se retenir de pouffer de rire. C’est juste que.. Eh bien…
  • Eh bien ?
  • Eh bien, la situation était quand même un peu comique, avouez le. Vous êtes tombé sur vos fesses, presque au ralenti… Et votre expression… Votre expression...

Elle laissa échapper un autre petit rire, qu'elle tenta d'étouffer en cachant sa bouche avec sa main.

  • Excusez-moi, se reprit-elle, j’ai tendance à rire dans ces moments-là, il ne faut pas m’en vouloir. Et puis, il faut voir votre tête… dit-elle amusée en le dévisageant. Vous êtes couvert de boue et de neige…
  • Hum… grogna Aslinn en s’époussetant rapidement.
  • Ne vous inquiétez pas pour votre cheval, il reviendra peut-être, tenta-t-elle de le rassurer.
  • J’en doute fortement, répondit Aslinn d’un ton sombre. Puis, dans tous les cas, je suis bien dans le pétrin pour rentrer. Je ne pourrai jamais être revenu au village avant la tombée de la nuit si je me déplace à pied. Il va falloir que je trouve une autre monture.
  • Ça risque d’être compliqué… Il n’y a pas vraiment ombre qui vive autour de nous. Il vous faudra bien plusieurs heures de marche avant de rejoindre le plus proche village, et qui sait s’ils possèderont des chevaux ! Non pas que je veuille vous décourager..
  • Bien sûr, vous faites tout pour me remonter le moral, c’est certain ! répondit Aslinn ironiquement.

Lywia baissa la tête d’un air penaud, mais sourit néanmoins sous cape. Mais la neige commença à tomber plus brusquement, plus fort.

  • On dirait bien qu’en plus de ça, une tempête de neige se prépare ! grommela Aslinn. Décidément, c’est mon jour de chance !
  • Allons, ne vous apitoyez pas sur votre sort ! Qu’est ce qu’un peu de neige ? répondit innocemment Lywia.

Mais elle sembla vite se raviser en observant l’épaisse quantité de poudre blanche qui s’accumulait rapidement au sol.

  • Hum, on dirait bien qu’il va falloir trouver un abri, et rapidement, si on ne veut pas finir congelé…
  • Quelle a été votre dernière étape pour vous rendre ici ? l’interrogea Aslinn. Dans quel village vous êtes-vous arrêtée ? Nous pourrions nous y rendre.
  • Impossible, répondit Lywia en secouant vigoureusement la tête.
  • Pourquoi donc ? s’impatienta Aslinn.
  • La dernière fois que je me suis arrêtée dans un village, c’était il y a déjà plusieurs jours. En général, je dors à la belle étoile, quand le temps n’est pas trop rude bien sûr..
  • Voilà qui nous avance !
  • Vous n’avez qu’à partir par là et moi de l’autre côté, proposa Lywia. Le premier qui trouvera un village cherchera des chevaux et ira retrouver l’autre.
  • Êtes vous folle ? Nous risquerions de nous perdre tous les deux et de ne jamais trouver de village. Mieux vaut rester ensemble.
  • Je ne pense pas que…
  • Je vous assure que ce sera plus sûr ! Vous voulez vraiment partir seule alors que la nuit tombe, sous cette tempête de neige ? Alors même que nous sommes proches de la faille et que des attaques ont récemment eu lieu ? Qui sait qui vous pourriez rencontrer ?
  • Et bien, vu comme cela, je suppose que vous avez raison, concéda Lywia.
  • Bien, mettons nous en route. D’ici quelques heures, nous n’arriverons sûrement plus à avancer si la neige continue de tomber ainsi. Il nous faut nous presser. Montrez moi d’où vous êtes venue et nous allons tâcher de retrouver le chemin que vous avez emprunté, indiqua Aslinn.

Lywia tourna sur elle même et observa le paysage qui l'entourait.

  • Humm… Je.. Je pense que c’est de là que je suis arrivée, dit Lywia en indiquant du doigt d’une manière peu certaine un endroit au loin à sa gauche.
  • Et bien, c’est compliqué vous savez… Je ne m rappelle plus exactement…
  • Je rêve ! Mais vous avez emprunté ce chemin il y a moins d’un jour, comment avez vous pu oublier ?
  • Il faisait nuit noire, d’accord ? Et puis, pour ma défense, je n’ai pas un très bon sens de l’orientation, s’énérva Lywia en croisant les bras.

Aslinn secoua la tête de droite à gauche, abasourdi. Décidemment, cette femme allait le rendre fou.

  • J’ y crois pas… marmonna-t-il entre ses dents
  • Qu’avez vous dit ? l’interpella Lywia
  • Rien du tout. Allons y, nous allons prendre la direction que vous pensez avoir empruntée pour venir, puis on avisera. De toute façon, on a pas vraiment le choix, il faut qu’on bouge d’ici ou bien nous allons tous deux mourir.
  • Entendu, je mène la marche, répondit Lywia d’un ton assuré en le dépassant rapidement.

Aslinn leva les yeux au ciel mais ne protesta guère, et suivit ses traces.

Au bout de près d’une demi-heure, la neige était montée à hauteur de leurs genoux, et le vent s’était intensifié de manière spectaculaire. Aslinn et Lywia peinaient à avancer, d’autant plus que les violentes bourrasques de vent les déstabilisaient à chaque instant. Les flocons de neige brouillaient leur vue, et la nuit était presque tombée, leur vision s’en trouvant d’autant plus réduite.

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