La voix : il est là, en face de toi maintenant.

Elle : je ne peux pas, je ne peux pas.

La voix : pourtant, tu peux l’éliminer pour toujours.

La sueur perle sur son front, coule sur sa nuque.

La voix : il est dans ta ligne de mire, bon sang ! Fais quelque chose !

Les images surgissent. Des flashes. Lui, le monstre.

Elle positionne sa main sur le déclencheur du canon laser.

Lui, qui cogne, cogne encore.

Une pression suffirait pour l’anéantir.

Sur sa chair, dans sa chair.

Le rire sadique du monstre envahit tout le cockpit.

Elle : je ne veux plus l’entendre !

L’image de sa cible se trouble sous ses larmes.

Un hurlement. Sa propre rage. Le vortex aspire tous ses silences, toutes ses souffrances avalées jusqu’à l’écœurement.

Elle : je voudrais enfoncer mes doigts dans l’orbite de tes yeux, jusqu’à l’explosion. Verser un liquide acide et âpre pour qu’il coule dans tes viscères. Infuser la douleur dans les méandres de ton cerveau de haine.

La pulpe de son index touche le déclencheur laser.

Elle : puisses-tu ne jamais retourner à la terre. Puisses-tu pourrir jusqu’à la fin des temps.

Dans une explosion de métal, le crâne, les tripes, le sexe de son bourreau volent en éclats. Elle contemple les lambeaux de peau en apesanteur dans le froid de l’espace.

Voix : tu es libre maintenant.

Elle reconnaît le son de sa propre voix.

Nina déclenche le propulseur de son vaisseau spatial qui l’emporte à des années-lumière de son passé.