LE CHANGEMENT EST UN PROGRÈS - PARTIE 1

4 minutes de lecture

Bonjour !! Voici la première partie du premier chapitre de "Les Clans"! Bonne lecture !! ;)


J'ai fait le mauvais choix. Je suis solitaire d'habitude, mais lorsque j'ai senti qu'une nouvelle guerre était imminente, j'ai cherché un groupe dans lequel je pourrais aider à lutter contre la destruction du monde par les hommes. Je souhaitais rejoindre les Rebelles, qui luttent pour conserver la paix, mais je n'ai pu les trouver. J'ai donc essayé de m'engager dans un autre groupe...et je me suis trompée. Je pensais avoir rejoint le groupe des Conservateurs, qui combat pour l'évolution du Monde actuel et j'ai rejoint celui des Destructeurs.

Je sais ce que vous allez me dire : « Mais enfin, comment as-tu pu te tromper ? N'y-a-t-il pas une légère différence entre ces deux groupes ? » Je sais. Mais maintenant que je me suis engagée, je ne peux plus en sortir. A moins de mourir. Dans ce groupe, nous n'avons le droit à rien, à part de nous taire, d'obéir et d'accepter notre armement pour tuer au front.

Le front... Chaque jour, on nous oblige à défendre les murs de notre enceinte et on nous prie de tuer un maximum d'ennemis possibles. Si nous n'en tuons pas assez, on nous enferme au cachot sans eau ni nourriture pendant quelques jours, ou on nous lance du haut des murs, pour l'exemple.

J'ai longtemps réfléchi à ces punitions, et le fait de se faire pousser du haut d'un mur de trente mètres n'est pas vraiment un problème en soi : il y a des douves remplies de substance non-identifiable autour des murs, on peut donc, avec de la chance, survivre à la chute. Le réel problème, c'est d'arriver au-devant des soldats que vos camarades tuent. D'une façon ou d'une autre, vous finissez tué.

Tué...ce mot décliné en tués, tuée, tuées, tuer... Je suis obligée d'exécuter ce mot tous les jours. Mais aujourd'hui, je me suis promise de ne pas le faire, de tirer sans jamais toucher ma cible. Je sais que j'encoure une punition, mais je souhaite tenter ma chance. Etre jetée du haut du mur pour enfin, réparer mes erreurs - si j'ai la chance de survivre jusqu'à là -.

Au fond de moi, je sens que cela est possible. Je sais que je peux survivre à cette chute. D'une façon ou d'une autre. Depuis sept mois que je suis ici, j'ai appris à suivre les règles, contre mon gré, j'ai appris à me taire, contre ma volonté. Mais je n'ai jamais perdu de vue l'idée de partir, de m'allier à une force adverse afin de renverser ce clan. Je veux ma liberté. Et j'essaierai de l'avoir par tous les moyens mis à ma disposition. Y compris par la Mort.

J'entends des pas dans le couloir: ils arrivent. Il va falloir que je me prépare. Encore. Je me lève et prends le fusil posé à côté de ma paillasse. Des soldats entrent. Je sors. Je me place derrière mes camarades dans le couloir et j'avance au même pas qu'eux.

Il nous faut quelques instants avant d'arriver devant la Porte qui mène au chemin de ronde. L'homme à la tête du groupe l'ouvre à la volée et s'engouffre par l'ouverture. Nous le suivons en courant, accroupis afin d'échapper aux balles de nos ennemis en contrebas. Nous prenons place, repoussant du pied les cadavres abandonnés de nos compagnons. Installée, je cale mon fusil sur son bipied et place le canon dans une meurtrière. Je focalise ensuite mon regard à travers mon viseur à œilleton.

Je ne vois d'abord que l'obscurité. Puis quelques points lumineux. Et enfin, eux. Ils sont une cinquantaine, cachés derrière des planches trouées à divers endroits. J'attends l'ordre de tirer. Il va arriver. Un, deux, trois, quatre...maintenant ! Je rate ma cible, comme je le souhaitais et continue à tirer en ne touchant personne, malgré les occasions qui s'offrent à moi : un pied, une main qui dépasse... Je sens le regard lourd de sens de la personne sensée compter mon nombre de morts.

Après quelques heures de confrontation, l'ordre de se replier nous arrive et nous nous préparons à courir tour à tour vers la sortie. Je range mon arme et attends en me protégeant des tirs des soldats ennemis. J'ai atteint mon objectif : je n'ai tué ni blessé personne durant cette bataille.

On me fait signe. J'enjambe les corps des soldats tués durant ces quelques heures et rejoins la porte à toute vitesse. Rentrée dans l'enceinte, je vais me placer derrière le reste des soldats et ensemble, nous nous dirigeons vers nos dortoirs pour ranger nos armes. Ensuite, nous partons vers les douches communes -féminines et masculines-.

***

Après nous être lavés, nous partons manger à la cantine durant un quart d'heure. Comme tous les jours, on nous sert une bouillie blanchâtre accompagnée d'un aliment noir à la forme indéterminée, puis les soldats qui nous surveillent nous amènent dans un couloir où on nous appelle tour à tour pour faire le point sur notre nombre de victimes de la journée.

« Soldat Ettel, au rapport ! me hurle-t-on.

_ Sergent ! » dis-je, rejoignant une pièce où se trouve un de mes dirigeants.

J'entre, salue l'homme devant moi et attend qu'il prenne la parole :

« Je viens de recevoir le rapport de ton camarade en charge d'observer ton travail. Ton nombre de victimes est de zéro ! En trois heures, aucune victime, j'attends des explications !

_ Mauvaise vision, sergent ! m'exclamé-je.

_ Il y a une règle qui s'applique lors des combats, soldat, continue-t-il. Une seule. Une seule petite règle qui stipule que les ramassis de personnes comme toi doivent tuer au moins une personne par sortie. Ne connais-tu pas cette règle ?

_ Je la connais, Sergent ! répondis-je.

_ Tu seras jugée pour non-respect de cette unique règle. Ton sort sera décidé par le Colonel Molda quand il le souhaitera. En attendant, soldats ! Emmenez-la aux cachots, dit-il en claquant des doigts. »

Deux personnes me menottent et me sortent de la pièce. Ils m'emmènent quelques étages plus bas, dans une salle obscure, où seule trône une chaise en fer. Ils me forcent à m'asseoir dessus, m'y attachent les poignets et les mollets puis ils sortent de la salle, refermant la porte derrière eux, me laissant seule, dans le noir.

Annotations

Vous aimez lire BurondoNoTako ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0