ÉPILOGUES - Hiver

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Bonjour !! Voici le second épilogue de "Les Clans". Comme vous avez pu le voir au titre, il y aura quatre épilogues : un épilogue pour chaque saison. Voici donc la saison de l'hiver. Bonne lecture !


-- L'action se déroule quatre années après la première rencontre de Tomas et de la Princesse. --


« Puisque je vous dit que cela n'aura aucune conséquence grave ! Obéissez-moi, je suis votre roi !!!

_ Mais... mon roi, en tant que votre conseiller personnel, je me dois de vous faire réfléchir sur vos décisions... Déclarer la guerre en usant de forces très, voire trop, imposantes à un pays inconnu... on ne sait quelles peuvent en être les conséquences...

_ Et moi je vous dis que les conséquences que cette guerre engendrera ne seront pas différentes de celles de d'habitude ! Alors préparer les hommes et mettez en place le plan de guerre !

_ ...à vos ordres mon roi. »

J'ai surpris cette conversation sans le vouloir, et je suis quelque peu effrayée de la réaction de mon père : déclarer la guerre à des inconnus en envoyant tous les hommes (à ce que j'ai compris) sans en redouter les conséquences... ? Cela paraît insensé. Je me dirige donc vers la salle du trône, avec le souhait de lui parler de cette décision.

Arrivée sur place, je le vois devant moi, assis sur son trône majestueux aux reflets dorés, les yeux plongés dans une carte. Je m'éclaircis la gorge avant de prendre la parole :

« Père, j'ai à mon encontre entendu votre conversation avec votre conseiller et...

_ Je ne veux pas en parler, réplique-t-il vivement. Si ma décision ne te plaît pas, ça m'est égal, je ne perdrai mon temps à en discuter avec toi.

_ Bien... »

Je m'éloigne en silence pour rejoindre ma chambre. Après avoir veillé à bien fermer la porte derrière moi, j'ouvre la fenêtre qui mène à mon petit balcon. L'air froid de l'hiver s'engouffre dans ma chambre, amenant dans sa traînée les quelques flocons de neige qui tombent dans le ciel. Ce froid me calme.

Je reste ainsi quelques temps, à contempler le ciel pur par sa blancheur de décembre. Quelqu'un place une couverture sur mes épaules. Je me retourne. Mes yeux trouvent Tomas. Comme à son habitude, il apparaît quand mon moral est au plus bas... après quatre ans à le côtoyer, je ne sais toujours pas comment il s'y prend.

« Salut Tomas...

_ Qu'est-ce qui se passe ? me demande-t-il. A rester dehors ainsi couverte, tu vas mourir de froid ! Qu'est-ce qui t'as mise dans cet état ?

_ Oh... rien de grave, répondis-je doucement. Seulement un très mauvais pressentiment que je n'ai pu partager avec mon père...

_ Un pressentiment à propos de quoi ? me questionne-t-il, soucieux.

_ J'ai surpris une conversation entre lui et son conseiller, expliqué-je. Père souhaite déclarer la guerre à ce pays lointain et inconnu qu'est l'Empire... sans même savoir leur force armée, il veut les attaquer avec tous les moyens militaires à sa disposition...

_ Cela ne me dis rien qui vaille...

_ A moi non plus, mais il ne veut rien entendre... »

Nous restons ainsi, à parler auprès de l'âtre durant toute l'après-midi. A l'heure du dîner, alors que l'on m'appelle, Tomas reste assis dans ma chambre, pensif avant de me dire tout bas :

« Au fait, tu as encore deux mois pour décider ce que tu souhaites pour ton anniversaire... C'est encore loin, mais j'attends ta réponse.

_ C'est compris. Je vais y réfléchir consciencieusement. »

***

La semaine qui suivi ma ''conversation'' avec mon père, la guerre fût déclarée. Toutes les forces armées du Royaume étaient prêtes, autant physiquement que mentalement : ils allaient vers une nouvelle gloire.

Je les regarde s'éloigner du Palais, le sourire aux lèvres, l'esprit tranquille, si je puis dire, lançant des au revoir à la foule qui acclame leur départ. Mon cœur leur lance un ultime adieu, teinté de tristesse et de colère : je sais, je sens, que plus jamais je ne les reverrais. Tous ces hommes vont vers la Mort.

Les troupes se dirigent vers un camp à quelques kilomètres de la capitale. Elles y resteront pour un soir, le temps que les stratèges et le Roi organisent leur plan d'attaque et délèguent les tâches : mon père ne participera pas directement au conflit, ma mère doit accoucher d'un nouvel enfant dans quelques jours, voire quelques heures...

Je rentre dans le Palais. Je rejoins les cuisines et m'installe auprès d'un four encore chaud : sa chaleur me réchauffe doucement. Je reste assise, perdue dans mes pensées, assez de temps pour que mon père rentre du camp. Il m'appelle. Je ne veux pas le voir.

Je sors discrètement du Palais, faisant attention aux seuls hommes armés restés à la Capitale : les membres de la Garde Royale.

Je les évite facilement en empruntant des chemins que moi seule connaît. Je me dirige vers la Cabane : la cachette secrète que Tomas et moi avons trouvée. On ne se rend là-haut que lorsque les choses vont mal... preuve que le climat dans lequel nous sommes n'est pas idéal...

Il est assis devant notre petit édifice en bois, à même le sol. A l'entente de mes pas, il se retourne vers moi : malgré ses yeux rougis et son visage ravagé par les larmes, il m'adresse un sourire. Je m'arrête. Je viens de réaliser que je ne l'avais jamais vu craquer devant moi. Je m'approche doucement de lui, le relève et le prend dans mes bras, essayant de le consoler, le réchauffant par la même occasion (il est gelé !).

Je ne parle pas. Lui non plus. Nous nous sommes compris sans parler : cette guerre nous atteint au plus profond de nos êtres. Nous passons la fin de l'après-midi ainsi, assis côte à côte sur le sol de la Cabane. Le soleil disparaît doucement à l'horizon mais lui comme moi ne voulons pas rentrer. Nous décidons de dormir ici.

***

La nuit fût courte et n'apporta pas de repos : nos esprits étaient trop occupés. Les pensées qu'ils engendraient étant trop grandes pour être contenues dans des endroits si petits.

Lorsque le jour se décide à poindre, le son de la corne de brume de la Garde Royale nous décide à nous lever.

Il s'est passé quelque chose. Quelque chose de grave. Nous nous dirigeons, le cœur rempli d'appréhension vers le Palais. L'affolement des personnes sur place prouve que quelque chose d'irrémédiable s'est produit. Se faufilant dans la foule, Tomas et moi rejoignons l'intérieur du Palais. Une gouvernante me repère. Ses yeux se remplissent de larmes. Elle prend la parole :

« Princesse...

_ Que se passe-t-il je vous prie ? répliqué-je.

_ Veuillez me suivre... »

J'évite tout contact humain pendant qu'elle nous mène vers les appartements de mes parents, je ne veux pas leur parler, je ne veux pas les toucher... seule la main froide de Tomas dans la mienne me rappelle que je suis dans la réalité.

Arrivée sur place, je les vois. Tous les six, étendus dans des lits distincts, leurs corps raides. Ils sont morts... tous morts. Les larmes remplacent les mots. J'observe de loin leurs visages pâles. Ils sont partis... c'est fini.

On m'appelle doucement. Tomas... je me retourne vers lui : il a les larmes aux yeux. Son regard me supplie de partir de cet endroit : la Mort y rôde encore.

J'écoute son regard. Nous prenons la fuite, courant vers la sortie, évitant les gens, fuyant leurs cris, essayant de semer le Mort à nos trousses.

Nous nous enfuyons loin, nous nous enfonçons progressivement dans les coins obscurs de la Capitale. La seule chose qui est sûre dans nos esprits est celle qui nous force à fuir : la souche d'une nouvelle épidémie vient d'apparaître, résidant dans les corps de la défunte famille royale.

Nous fuyons pour vivre.

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