Chapitre 4: L’intrigue s’épaissit, à Nankinmachi

15 minutes de lecture

Le crépuscule tombe sur Dotonbori. Mêlé à la foule de citadins, je retourne vers les bureaux de la Gazette du Dragon. Aujourd’hui fut une journée fructueuse dans mon enquête. Je sais désormais ce que je dois faire. Les réponses à mes questions se trouvent à Nankinmachi, parmi les redoutables triades chinoises. Qu’importe si je vais devoir baigner dans les eaux du crime organisé, dans les eaux sombres d’un syndicat ayant franchi les frontières de son pays pour étendre sa corruption atroce, où se cache un vorace requin prêt à me dévorer. Je me dois d’essayer. Non, de réussir! Lorsque l’aube se lèvera sur Osaka, j’aurais fait des informations des triades, les miennes…

Pour l’heure, il fallait que je rapporte l’interview que j’ai eu avec Kimura à mon éditeur en chef. Je l’ai trouvé très instructif. Les motivations de Justice For Japan sont parfaitement compréhensibles. Ils se surnomment les justiciers du Japon, n’est-ce pas? Je n’ai pas vraiment le temps d’être engagé dans une cause comme la leur, mais je respecte leur valeurs. J’ai moi aussi quelqu’un à sauver des ténèbres.

Je retourne aux bureaux de la Gazette du Dragon, et montre mes notes à Haruo. Il les lit, faisant des petits bruits d’excitation, et hoche la tête. Il me félicite

-Bien, ça! Excellent même! Nous en savons plus sur Justice for Japan, grâce à toi! Donc ils sont favorables à l'ascension de Satoru Machida, le candidat de droite… Très intéressant! Je crois que je sais déjà de quoi notre prochain article traitera!”

Je ris nerveusement et me gratte l’arrière de la tête

-Au plaisir, mais je crois que ça devra attendre demain, n’est-ce pas?”

Haruo ricane

-Bien sûr! Tu as fait du bon boulot, Kasai! C’est avec plaisir que tu es engagé dans la gazette du Dragon! D’ailleurs, Mitsuki m’a dit que tu étais nouveau en ville, et donc que tu ne savais pas trop où dormir. Elle m’a vraiment supplié, et j’ai cédé. Tiens.”

Il me remet les clés du bureaux, ainsi qu’un chèque

-Voilà un double. Tu pourras dormir ici lorsque je serais chez moi. Et ça, c’est de ma part. Tout travail mérite salaire, non?”

Je souris. Même si mon amnésie me tourmente, c’est une bonne chose d’avoir trouvé une vie stable. Un QG où orchestrer mes enquêtes, et des amis vers lesquels me tourner. La vérité n'apparaît plus si lointaine, d’un coup. Je répond poliment et m’incline pour le remercier, tout en ajoutant

-Merci infiniment! Je prendrai soin de ces clés. A demain! C’est… Rafraîchissant de travailler avec un éditeur en chef aussi passionné..."

Haruo jongle avec un stylo, et dit avec confiance

-Carrément! Le journalisme, c’est toute ma vie, Kasai-kun! C’est juste incroyable tout ce qu’il se passe dans notre monde aujourd’hui, et si t’ouvres bien ta paire de mirettes, l’information, le savoir est tien!”

De toute évidence, cette profession, c’est du sérieux pour lui. Mais ça m'intéresse de voir comment un éditeur en chef se passionne autant pour son travail. Et puis, je pouvais bien briser la glace avec lui. Je dois beaucoup à ce nouveau supérieur hiérarchique… Je me permets de le taquiner légèrement

-Si vous n’étiez pas éditeur en chef, je parie que vous cumuleriez 100 interviews par jour! Une véritable pile électrique!”

Haruo rit de plus belle et me tape l’épaule chaleureusement

-Tu devrais doubler ton estimation, mon bon vieux Kasai! Mais vois-tu… J’ai fait le choix stratégique d’être éditeur en chef… Pourquoi? Parce qu’au lieu d’être seul à charbonner sur les histoires passionnantes qui se cachent à Osaka, je vais pouvoir diriger une dizaine de journalistes pour obtenir encore plus d’articles! C’est pour ça que notre Gazette, c’est la Gazette du Dragon! Le nom est un peu kitch, ok, mais nos articles auront cette puissance légendaire, un jour!”

Le petit frère de Mitsuki avait des rêves plein les yeux… Je comprends qu’il puisse être frustré par la passivité de ses employés… Je lui fais remarquer ce trait de caractère, sympathisant avec son but

-On dirait que pour l’instant… Le dragon n’a pas encore pris son envol, hein?”

Il soupire, mais garde le sourire

-Ouais… Mais je ne baisse pas les bras! Un de ces jours, je vais les motiver! Je comprends qu’ils n’ont pas une flamme aussi intense que la mienne quand ça parle de journalisme… C’est surtout des gens qui ont besoin d’un salaire, d’un toit sur la tête et de bouffe dans leurs assiettes… Je ne vais pas les mettre à la porte juste car ce ne sont pas des mordus du stylo comme moi… Ce serait juste cruel et idiot. J’ai foi en eux!”

Je souris à mon tour. Haruo avait bon cœur, comme sa sœur. Je suis content que la famille Hanayama me soit venue en aide… La nuit tombe, et Haruo rentre chez lui, me laissant dans les bureaux de la Gazette du Dragon. Mais il n’est pas du tout le temps de dormir pour Ryuto, pour l’identité que j’ai oublié, et pour cette personne que je dois sauver. L’enquête ne dors pas, même sous les étoiles encerclant Osaka. Je me connecte à Internet pour faire imprimer un billet de train pour Kobe. Il est 22 heures lorsque je prends le dit train, et 22h15 le temps d'arriver à Kobe. Ces trains sont très rapides et pratiques. C’est du temps gagné sur cette grande escapade de nuit. Je hèle un taxi à la sortie de la gare de Shin-Kobe. J’utilise le reste de mon argent pour aller à Nankinmachi, économisant le chèque de Haruo.

Nous y voilà enfin. Nankinmachi, le repère des Triades du Kansai. Tout comme l’avait décrit Kimura, cet endroit peut apparaître comme époustouflant pour des touristes. Des lampions rouge feu illuminent le chemin de promenade d’une douce flamme. Le brouhaha convivial des marchands et des piétons curieux est tel la chanson de ce quartier. Sur ces étalages, des plats exotiques aux milles et une saveurs, mais aussi divers objets, qui démontrent l'impressionnant savoir-faire chinois aux touristes émerveillés. Mais je ne suis pas dupe. Je sais, comme l’a dit Kimura, que 1 enseigne sur 5 profite à un commerce des ténèbres, celui des triades.

Maintenant… Comment trouver un membre des triades chinoises? Puis, ça me revient. Kimura dit que, tout comme les Yakuzas, les triades chinoises utilisent le racket pour subsister. Je décide ainsi de faire le tour du marché en plein air pour repérer quelconque extorsion. Soudain, je remarque après un quart d’heure des hommes dans une veste de velours brune imprimée à fleurs. Ils prennent discrètement des billets d’un étalage, alors que le caissier se laisse faire. Pas de doute, c’est eux. Je décide de les prendre discrètement en filature, me mêlant à la foule et gardant une distance raisonnable entre eux. Soudain, ils entrent dans un magasin vendant divers bibelots asiatiques et disparaissent dans l’arrière boutique. Il fallait que je les suive. Des sbires pareils ne me donneront aucune information sur ce que je recherche, il faut que je remonte la piste jusqu’à trouver le chef.

Seulement, l’arrière boutique est gardée par son vendeur, et il ne me laissera pas entrer là dedans comme dans un moulin. Il fallait que j’attire son attention sur quelque chose, pour créer une diversion. Soudain, je remarque un couple examinant un vase ming. Une idée me vient en tête, même si elle est légèrement cruelle. Je sors rapidement et prends un caillou du chemin de pierre, avant de rentrer à nouveau dans la boutique. Je m’assure que personne ne me regarde, et jette le caillou sur le vase que le couple examinait. Le fragile vase se brise, et le vendeur en devient fou de rage, mais pas sur moi, sur les malheureux boucs émissaires. Il se précipite sur eux, hurlant.

“Vous! Payez! Vous avez brisé ce vase, alors payez!”

Le couple tente bien de se défendre de ces accusations, ce qui me fait gagner du temps. Je me rends vers le comptoir, désert, et entrouvre la porte de l’arrière boutique. Personne à l’horizon. J’entre alors prudemment et refermant la porte sans un bruit. Cette arrière boutique était un véritable bazar poussiéreux. Des tableaux, des sculptures, de la poterie, et tant d’autres babioles y étaient entreposées. Je remarque toutefois des armes à feu et des armes blanches, preuve que ce magasin était un simple écran pour le business des triades. Soudain, j’entend une conversation à ma gauche. Une porte menait à une autre salle, cette fois-ci, occupée. Malheureusement, je ne comprenais pas le chinois, donc j’était incapable de dire si cette conversation contenait des informations utiles à mon enquête. Il fallait que je recrée une diversion pour entrer. Je décide de bousculer un vase en céramique pour qu’il se brise en tombant par terre. Alors que les membres des triades ont entendu le bruit, je me cache sous une bâche. Ils entrèrent dans l’arrière boutique et l'examinent avec attention, avançant pour inspecter plus en détail. Alors qu’ils me font dos, je sors de ma bâche en toute discrétion et entre dans cette seconde salle.

En refermant la porte pour les laisser dans l’arrière boutique, le bruit les alerte, malheureusement, étant trop près. Ils essayaient d’enfoncer la serrure, que je tenais pour les empêcher d’entrer. Je place une chaise sous la serrure, et la ferme à clé. Je n’ai que quelques minutes pour trouver quelque chose d’intéressant dans cette pièce, avant de partir. Je remarque sur le mur, le portrait d’un homme. Il était d’origine chinoise, avec une large balafre sur la lèvre, une mèche de cheveux noirs sur l'œil gauche, l’autre côté de son visage rasé. Son nom chinois et japonais était indiqué sous le cadre: Zhaomola Higuchi. Je sais maintenant qui chercher. Soudain, un vacarme assourdissant se fit entendre: les deux sbires que j’avais enfermé ont défoncé la porte d’un impressionnant coup de pied. Ils me hurlèrent dans ma langue

-Personne n'est autorisé ici! Tu vas souffrir!”

Le premier mafieux me charge. Le combat était inévitable... Je me mets en garde. Je reste stable alors qu’il m’assène des coups vifs et précis du plat de la main. Je me retrouve poussé contre une table, sur laquelle ils jouaient au mahjong. J'attrape un cendrier et lui frappe la tête avec. Il gémit de douleur, mais réplique d’un coup de paume en plein dans mon torse. La respiration coupée, je suis distrait. Son collègue se jeta sur moi en un coup de pied sauté. Presque instinctivement, je me décale sur le côté et l’attrape par le dos, en plein dans son saut. Dès lors, j’écrase son corps contre la table, se brisant avec l’impact. Alors que des dalles de Mahjong furent éparpillées partout dans la pièce, le premier sbire des triades tente de me balayer. Je recule in extremis, avant de l’attraper par le col et de l’étourdir d’un coup de boule. Je profite de son moment d’étourdissement pour le frapper d’un crochet final, en plein dans la joue.

Incroyable. Je venais de vaincre deux soldats des triades, entraînés au combat. Je ne vois qu’une explication possible: je devais être un très bon combattant dans ma vie antérieure, pouvant rivaliser avec des sbires des triades chinoises… Ce style de combat était presque instinctif, et il s'apparenterait à de la savate... Je regarde le portrait. La nuit du 4 au 5 décembre... Les triades chinoises… Si je veux des réponses, il faut que je continue sur ma lancée afin de trouver Higuchi...

Je relève un membre des triades, et lui pointe le portrait

-C’est ton chef, c’est ça? Où est-ce que je peux le trouver?”

Il gémit de douleur, prenant sa tête à une main

-Aïe… Je ne peux pas comprendre le Japonais… Je peux pas le dire…”

Frustré, je brandis mon poing et menace de le frapper au visage une énième fois. Je ne pouvais pas laisser cette piste partir. Qui plus est, cela se voit qu’il bluffe. Il prend peur et avoue

-Le restaurant! Le restaurant Wok Du Chat!! Oui! Higuchi mange ici en VIP!”

Je le lâche, et sort par la porte de derrière. Prochaine destination, le Wok du Chat… Je me réfère à une carte de Nankinmachi pour repérer le restaurant. J’espère qu'Higuchi sera plus coopératif que ses sbires. Même si la perspective de rencontrer un baron du crime chinois ne m’enchante pas, c’est nécessaire pour que je retrouve la mémoire. En plus, après avoir vaincy ces membres des triades, il n’y a pas de retour en arrière. Allons jusqu’au bout, allons rencontrer Higuchi!

J’arrive au restaurant chinois. C’était un large établissement, en plusieurs étages. Le restaurant était décoré d’un tapis rouge de velours, d’un énorme chandelier doré, et de tables en bois. De sublimes baies vitrées permettent aux clients de voir la végétation du quartier. Le rez-de-chaussée était réservé aux simples citoyens de Nankinmachi, tandis que le premier étage abritait… Higuchi lui-même. Je le vois à l’étage supérieur, qui dîne. Il est facilement trouvable, avec sa balafre et sa mèche.

Je décide de monter au premier étage pour choisir ma table, devant Higuchi. Le serveur m’avertit qu’il est deux fois plus cher de s'asseoir ici. Je hoche la tête, et sans perdre de temps, m’adresse à Higuchi

“Zhaomola Higuchi, n’est-ce pas? J’ai quelques questions pour vous.”

Il continue de manger calmement, haussant le sourcil.

“Qui êtes-vous donc?”

Pas de temps à perdre avec de vaines présentations. Je pose ma question, je le cuisine, j’obtiens les infos, et je m’en vais avant que les mafieux que j’ai vaincu puissent partir à ma poursuite. J’ouvre ma chemise et lui montre les blessures de balles au thorax.

“Est-ce vous, où l’un de vos sbires, qui a tenté de m’assassiner dans la nuit 4 au 5 décembre 2019?”

Higuchi continue de savourer sa soupe calmement

“Oh. Vous devez être l’un de ces Yakuzas de Tokyo. Je suis surpris que vous preniez la peine d’engager un dialogue avant de me tuer. On dirait bien que votre code de l’honneur est toujours en vie, après tout…”

Un Yakuza de Tokyo? Ainsi, mon passé serait bien mêlé au crime organisé… Je fronce les sourcils, confus.

-C-Comment ça?”

Il continue, buvant un thé

-Inutile de jouer le candide à ce point. Dans cette affaire, c’est votre clan qui a porté le premier coup, dès la journée du 5 décembre…”

Higuchi me le confirme. Je suis bien… Un Yakuza. Si Kimura savait ça… Pour l’instant, aucun souvenir ne me revient. Mais je suis convaincu que je suis lié à cette tuerie dans la nuit du 4 au 5 décembre. Peut être que le maillon manquant est la triade chinoise d’Higuchi…

Soudain, des pas se font entendre en bas. Il s’agissait des deux sbires des triades que j’ai battu. Ils hurlèrent à leur boss une mise en garde en mandarin, et Higuchi me jeta un regard noir.

-Vous êtes ici pour des questions, dites vous? Entrer par effraction dans un commerce et agresser deux travailleurs ne m’a pas l’air très amical, à mes yeux. Quel imbécile j’ai été de croire en vous, Yakuza… Peut-être suis-je trop bon...”

Je bégaie :

-Attendez, c’est un quiproquo! Je ne souhaitais en aucun cas les attaquer! Je ne faisais que me défendre!”

Higuchi me répond avec colère :

-Vous défendre? Vous étiez en effraction sur leur territoire! Et de toute manière, je préfèrerais toujours croire mes frères plutôt qu’un Yakuza… Vulgaire serpent… Si tu souhaites me tuer… Alors battons nous!!”

D’un côté, Higuchi avait raison. Cogner ces mafieux allait se retourner contre moi, tôt ou tard… Je l’ai braqué. Je suppose qu’au moins, j’ai la confirmation que je suis un Yakuza… Mais on dirait bien que ni Higuchi, ni ses sbires ne me laisseront partir. Les clients lambdas évacuent le restaurant, et me voilà pris au piège, seul à seul avec la redoutable triade chinoise...

Higuchi se lève d’un bond, et projette la table vers moi d’un coup de pied. Désorienté, je me lève aussi et recule maladroitement, examinant les alentours. Légèrement nerveux, je regarde les sbires d’Higuchi se dirigeant vers moi. Leur chef s’adressa à eux :

-Messieurs, merci de m’avoir prévenu. Je vais m’en occuper moi même. Passez moi mes sabres, s’il vous plaît.”

Ils hochent la tête, et le caissier de la boutique de bibelots jette deux sabres en direction de Higuchi, qui les attrape adroitement et s’échauffe en les faisant tourner sur ses poignets. Il se met en garde, tandis que je m'arme de sang froid pour tenter de lui faire face...

Je décide de lui jeter une chaise pour le ralentir. Sans surprise, Higuchi la tranche en deux. Il fallait que je le désarme. Je respire profondément et me rue sur lui pour attraper ses bras, et me débat pour oter ses sabres. Malheureusement, Higuchi savait également se battre au corps à corps. Il m'assène un coup de genou et un coup de pied en revers. Je suis projeté contre le balcon du premier étage, menaçant de tomber. Alors qu’Higuchi tente de me pousser d’un coup de pied, j’attrape sa botte et le pousse à mon tour de toutes mes forces. Il tombe par terre, et je saisis ma chance pour le maîtriser. Alors que j’essayais de lui écraser les poignets pour qu’il lâche ses armes, il se releva en effectuant une balayette. Je tombe par terre, et il me provoqua

-Oh ça, je ne suis pas aussi facile à tuer que vos précédentes proies, monsieur le Yakuza!”

Il tente de m'attaquer au sol avec ses sabres. J’attrape une seconde chaise pour me défendre et gagner du temps. Je ressens déjà des coupures sur mon corps. Je dois en finir vite. Je décide de lui donner un puissant coup de pied dans le tibia, ce qui l’étourdit pendant un bref instant. Je saisis ma chance pour me relever en un bond, et le frapper avec les restes de la chaise que je tenais, en plein dans la tête. Higuchi recula, et hocha la tête.

-Impressionnant. Tu as de la ressource, même à terre. Tu es tout aussi tenace que moi. Mais je vois ta peur et ta nervosité. C’est ton premier job d’assassin, peut-être. Ne t’en fais pas, je vais en finir rapidement. On passe à la vitesse supérieure! Messieurs, passez-moi l’alcool!”

Ses sbires lancent une bouteille d’alcool, qu’il fend en deux avec ses sabres. Il couvre ses armes de ce liquide, et un second sbire lui lance un briquet. Avant que je ne comprenne que c’était de l’alcool à brûler, Higuchi pointait déjà ses sabres en feu vers moi. Je reste en retrait pour essayer de trouver une stratégie, mais il se lance à l’assaut sans relâche. J’arrive à esquiver adroitement en me décalant au bon moment, mais je devais aussi éteindre les légères braises qui se déposaient sur ma chemise. Tout au plus, Higuchi enflammait les murs et la carpette du restaurant en essayant de m’attaquer...

L’heure était critique. Je décide de lui jeter une table en donnant un coup de pied dedans de toutes mes forces. Alors qu’elle glisse vers Higuchi tel un palet de hockey, le membre des triades l'utilise comme tremplin pour m’attaquer en un saut. Je recule encore plus, et me rends compte que je suis une nouvelle fois dos au balcon, sans issue.

En un éclair, une idée me vient. Alors que Higuchi m'attaque, je glisse sous ses sabres pour me retrouver derrière lui. Je lui bloque les bras, l’empêchant d’agiter ses sabres enflammés en ma direction. Cette manœuvre avait malheureusement fait en sorte que mes cheveux prennent feu. J’ignore la douleur, grimaçant. Il fallait que je désarme Higuchi coûte que coûte. Il tente de se débattre. Je bloque ses jambes en passant les miennes devant les siennes, et en retire une de temps en temps, très brièvement pour lui asséner des coups de genoux dans les côtes.

Après plusieurs minutes, Higuchi se fatigue, et lâche ses sabres un à un. Mais j’avais oublié que le chef des triades se défendait très bien au corps à corps également, et il m’assène un coup de boule étourdissant. Sans ses sabres, il se dégage de moi facilement, et se retourne pour me donner un puissant coup de paume en plein dans les abdos. Je suis projeté à travers la pièce, ayant de la peine à respirer. Higuchi déclara

-Tu n’es pas un Yakuza comme les autres, ça se sent… C’était un beau combat… Il faut que je te félicite pour m’avoir désarmé, mais malheureusement, j’ai vaincu… À moins que tu aies encore l’énergie de te battre?”

Les flammes picotent mon regard, et ne distinguent désormais que Higuchi s’avançant vers moi. J’avais encore de la peine à respirer à cause de ce coup de paume. La fatigue m’accable: j’ai mis toute mon énergie à le désarmer, et le combat d’avant contre les deux mafieux chinois a été très éprouvant aussi. On dirait bien que cette infiltration à Nankinmachi se solde par une défaite… J’avais juste la force de ramper mollement pour tenter d’échapper au chef de la triade, mais c’était sans effet. Je n’avais même pas la force pour exprimer une immense frustration à l’intérieur de moi, la frustration d’avoir échoué en plein dans cette enquête pour sauver cette personne mystère. Je suis désolé. J’ai été vaincu. La fumée du feu s’approche de mes yeux, prêt à les voiler du voile grisâtre de la mort. Une seconde fois… Je tousse, alors que les pas de Higuchi se font à la fois proches et distants… La vie de Ryuto Kasai a été gâchée, elle aussi…

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire YakuZac ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0