Le Spationef Coincé (5)

6 minutes de lecture

Naturellement, nous nous retrouvons à bricoler une machine étrange à laquelle je ne comprends rien mais qui semble donner du fil à retordre à mon nouveau pote. En ce qui me concerne, je patiente. Et j'en profite pour en savoir un peu plus.

-    Dis-moi, Marcel, ça fait combien de temps que vous êtes là ?

Plongé dans les entrailles de son enfer mécanique, il tarde à me répondre. Aurais-je posé une question indiscrète ? Pourtant, ma question semble logique parce que j’ai en main un exemplaire d’un journal vieux de plus cent ans…
Il bricole encore quelques appareils, s’éponge le front d’un large revers de la main, laissant au passage une épaisse traînée de graisse noire sur son front, abandonne la réparation du bidule puis, dans un soupir, me balance tout d’un coup :

-    Je pense que, selon vos méthodes de calcul, on est coincés ici depuis un peu plus de cent de vos années, un truc de ce genre. Pourquoi ? répond-il enfin, une curieuse lueur dans les yeux.
-    De quoi ? Cent ans !! Mais…
-    Comment on fait pour survivre, c’est ça ? Pas facile au départ, c'est vrai. Mais, à force de triturer les molécules de vos semences agricoles, on a fini par trouver un juste équilibre. Pour le reste, je pense qu'il faudrait que je t'en dise un peu plus à notre sujet, pas vrai ?

Je suis tellement stupéfait que je ne sais plus quoi dire. Comment croire une chose aussi extravagante ? Heureusement, il précède mes pensées, mes questions.

-    On a percuté la surface de votre planète en quittant une trajectoire lumière mal calculée. Les imbéciles des Services des Longs Parcours avaient mal apprécié la fréquence de révolution de votre planète et, presque à la dernière seconde, ils se sont aperçus de leur bêtise. Ils nous ont donc forcés à sortir de l’hyper-espace en un millionième de seconde, pour éviter la catastrophe. Pas de bol pour nous, c’était encore un poil trop court. On est entrés un peu trop vite dans votre atmosphère et les rétro-fusées n’ont pas pu encaisser la charge dynamique. Elles ont rendu l’âme avant l’impact et on s’est vautrés un peu trop vite sur l’écorce de ce continent. Fatalement, on s’est retrouvés à plusieurs de vos mètres sous la surface, moteurs cassés. Et pas moyen de lancer un message de secours…

-    Mais…Dark Vador ? Que fait-il içi ?

-    Oh lui ? Ben, il nous poursuivait avec ses vaisseaux de croisière… ils ont tenté de nous traquer jusqu’au dernier instant mais ils ont fait la même bêtise que nous. A peu près pour les mêmes résultats, d'ailleurs, à la différence près qu’il est le seul à s’en être sorti. Pas de bol, hein ? Il a fallu qu’on hérite du pire… soupire Marcel en finissant de ranger ses outils. En plus, quand il est tombé avec son vaisseau à la manque, les réacteurs ioniques ont explosé et réduit votre ville en cendres. Je te dis que ça… ça brûlait de partout, il a fallu des jours et des jours pour éteindre tout ce bazar !

-    Tu veux dire que l’incendie de 1906… c’était vous ??

-    Non ! C’était Lui tout seul ! De toute façon, il n’a jamais rien fait comme les autres, celui-là !

Pour ma part, je reste abasourdi. Pourtant, j’ai des millions de questions en tête.

-    Bon, je pense que tu ne pourras pas nous aider, toi non plus ? fait-il en me considérant d’un regard critique. Tu ne sais rien des mouvements quantiques des molécules de Matière noire, j’imagine ? Donc, pour les réparations de mon moteur, je peux me l'arrondir, hein ?
-    A vrai dire…
-    Que dalle, c’est ça ? coupe-t-il d’un ton un peu impatient.
-    Voilà ! confirmé-je d’un air dépité.
-    Ok… bah comme ça, on est fixés, hein ? Allez, viens avec moi, on va s’en jeter un à la cantine…

Alors, on reprend notre chemin, en inversant seulement le sens. Seulement, comme c’est moi qui me retrouve en tête de file, je suis sans arrêt obligé de m’arrêter aux carrefours pour lui demander la bonne direction. Et je ne suis pas loin de penser que ce petit farceur s’amuse à me faire faire le tour du périphérique.

A mon grand regret, la visite est peu instructive et je commence à souffrir des genoux. Je suis trop grand et trop gros pour continuer de me promener dans ces couloirs trop étroits. En plus, maintenant je suis couvert de graisse et de substances bizarres que je préfère ne pas identifier. Il est temps de remonter à la surface. Au moins aux étages supérieurs du Faucon, histoire de tenter ma chance pour rencontrer d’autres héros, non ? C’est vrai, avec une peu de chance, je pourrais croiser Han, Luke ou un de ces fameux mercenaires de la République ? Et, qui sait, ils accepteront peut-être de me prêter un sabre laser. J’en ai toujours rêvé. J’en ai même un faux à la maison !!

A force de tours inutiles dans ces couloirs huileux, j’ai fini par prendre mes repères et c’est en tête que j’arrive au seuil du bar, enfin du restaurant, ou le self. Bref, on arrive là où il est possible de s’asseoir et discuter autour d’un verre. La salle est vide, toujours en désordre. Pas un bruit, sauf un lointain ronronnement qui vient de je ne sais où. Marcel est fatigué, il pose sa sacoche sans s’inquiéter, n’importe où pourvu qu’il ne l’ait plus à l’épaule. Quelques effleurements sur un tableau de commande lumineux et nous voilà bientôt servis…gratos.
J’aime le futurisme !

-    Bon, j’imagine que tu voudrais savoir les pourquoi des comment et tout le reste ? me demande bientôt le mécanicien.
-    Bah…c’est vrai que l’idée à fait plus que me titiller… avoué-je sans détour. Si tu voulais un peu éclairer ma lanterne, ce serait bien sympa de ta part. Sans compter que ça m’éviterait peut-être quelques faux pas avec qui tu sais
-    Darky ? Pfff, t’inquiète pas ! Il fait le nounours mais, en fait, c’est rien qu’un môme gâté. Tu sais, il prétend avoir des idées sur tout et n’importe mais, en fait,  il a surtout n’importe quoi comme idées. Non, le plus important des mecs c’est Obi Wan, bien sûr.
-    Et pourquoi ça ?
-    Ce type est un vrai Jedi, pas un de pacotille comme Luke. Lui, il en a plein le choux. D’ailleurs vous, les humains je veux dire, c’est grâce à lui si vous en êtes là aujourd’hui…

Il a prit un air hyper mystérieux, me regardant par-dessus sa canette de mousse et en utilisant sa grosse voix pour mieux m’impressionner… Et ça marche : je meurs de curiosité. Comme c’est un Wookie sympa, il ne tarde pas à étancher ma soif.

-    Quand on est arrivés, on a d’abord fait la liste des dégâts. Ce fut vite fait et tout allait relativement bien, compte tenu de la violence du choc, bien sûr. Mais on a vite vu que les moteurs étaient hors service. Ça, et nos moyens de communication. Quand on a voulu sortir pour une inspection générale, on a vu que la coque était enfoncée en profondeur dans le sol. On n’avait pas pu le savoir plus tôt parce que nos écrans de protection étaient restés déployés et, sans moteur pour les alimenter, on ne pouvait pas les refermer… Idiot, non ?
-     Et ensuite ?
-     Bah, c’est à partir de là qu’on a vu les capacités d’Obi Wan à contrôler une situation de crise. Critique, la crise…
-    Mais encore ?? trépigné-je.
-    Ben, il a donné ses premiers ordres. Comme les Jedis ont un fluide, je sais pas trop quoi, il a vite senti la présence de Dark Vador et il lui a tendu une super embuscade. Je ne me souviens plus trop des détails, mais il est évident que le grand méchant chef s’est trouvé coincé vite fait !
-    Mais, qu’attendez-vous pour repartir ? m’exclamé-je, presque apoplectique.
-    Bah, pour ça, il nous faudrait quelques petites bricoles… et elles n’existent pas encore sur ta planète, mon gars !
-    Ça veut dire que vous êtes condamnés à rester ici, pour toujours ?
-     Non, Obi a pensé à un truc malin. Ouais, super malin…même s’il faut attendre encore un peu.
-    Il a pensé à quoi ?

Marcel connaît bien son histoire. Je sens bien qu’il l’a racontée des centaines de fois, au moins, et il distille ses petits effets avec une parcimonie savamment étudiée…

-    Eh bien, il a décidé qu’il serait utile à tout le monde que votre civilisation, qui n’en est encore qu’aux débuts de la modernité, fasse quelques progrès…

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