81 (contenu sensible)

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C'est là qu'elle habite Corinne ? Ça a l'air tranquille. Petit mais tranquille. À peine nous rentrons que son père m'interpelle...

— Ah c'est lui ton Roméo ? Entre mon grand ! Assieds-toi. Qu'est-ce que je te sers ?

— Je veux bien une bière comme la vôtre ? — Allez ça roule...

Il regarde sa fille d'un air consterné.

— Et toi là ! Reste pas comme ça ! C'est à toi de le bichonner, pour une fois qu'un gars s'intéresse à toi, avec ta tête d'ahurie là... La même que ta mère...

— Ça fait combien de bières que tu bois aujourd'hui ?

Le père n'apprécie pas la réponse de sa fille et lève sa main...

— Tu la veux celle-là ? Bon je vous laisse, y a mon feuilleton qui va reprendre.

Je descends ma bière d'une traite et accompagne Corinne dans sa chambre, juste à côté du salon. Je ferme vite derrière nous avant de la plaquer au mur. Un mur recouvert de posters en tous genres, conservés comme les vestiges d'une enfance révolue. Les Alliage, les Spice Girls, Céline Dion, Buffy, Daisy, La Belle au Bois Dormant... assisteront au spectacle.

Je la tripote sans retenue, dans un corps à corps fusionnel, elle et moi semblables à une bête à deux dos. Elle m'embrasse... Goulûment... Ce n'est pas désagréable mais sa laideur gâche un peu le moment, j'ai du mal à m'y habituer ! Le dégoût prend le dessus, je me replie alors sur ses seins. S'ensuit une routine naturellement mise en place à force de coucher ensemble. Préliminaires variées, allant du classique à l'original. Peu importe les organes utilisés, mon exaltation naît de la conviction qu'y met Corinne. Les sensations, bien que parfois agréables, sinon neutres, ne m'intéressent qu'en second lieu. Mon plaisir vient d'abord du don d'elle-même. Elle se laisse faire. J'adore. Ses bruits en tous genres m'excitent. Gémissements, hurlements, respirations difficiles et autres sons gutturaux... Le tout résonne comme un florilège de témoignages involontaires, de fait authentiques, de mon emprise sur Corinne. Sur sa nature profonde. Son inconscient. Sa partie la plus intime, cachée à tous y compris elle-même, imperceptible même quand elle est nue.

Finis les amuse-bouche... Elle prend place sur le dos, jambes levées, la position maintenue en écartant ses orifices. Elle sait que j'aime la voir dans une posture avilissante. Par un geste circulaire de l'index, je l'invite à se retourner. Allez en piste ! Les mains sur ses hanches moelleuses, j'ondule du bassin. La bouche de ma blonde laisse déjà échapper ses premiers soupirs contenus. Ses yeux mi-clos, braqués sur l'oreiller, évoquent l'évanouissement, trahissent sa honte. Elle est à point. Le rideau se baisse. La Corinne du quotidien lâche le joli masque arboré en société, plus présentable mais tellement plus épuisant.

Un rythme plus vif s'impose. Mouvement piqué. Nos chairs s'entrechoquent au tempo nerveux et régulier d'un métronome. L'intensité amène mes premiers essoufflements. Ses soupirs se changent peu à peu en des cris incontrôlables. Cris de victoire en ce qui me concerne. Cris de défaite pour Corinne. Une défaite agréable qui crée en elle un seuil supérieur de plaisir. Elle se familiarise à mes coups d'épée comme à l'eau froide d'une baignade en mer. Qu'est-ce que c'est bon...

Ça fait bien cinq minutes que je donne. Je souffle. Ses cris faiblissent en decrescendo à l'instant où je m'arrête. Elle réclame en bougeant ses fesses. La petite garce... Elle ne paie rien pour attendre. Je plaque l'oreiller contre le mur, invite ma douce à poser sa tête dessus, et reprends ma délicieuse besogne. Doucement. Gentiment. Petite caresse sur son visage doux et laid. Cette douceur momentanée lui plaît. Je continue lentement. Toujours lentement. Ses gémissements reprennent de plus belle.

Et tiens !! Accélération brusque. Sans transition. Un cri aigu et déchirant remplit la pièce. Les coups deviennent si vifs que sa tête cogne le mur à travers l'oreiller. Je suis une bête libérée de son costume d'homme civilisé. Sauvage et terrifiante. La chaleur envahit mon être. Mes veines se dilatent. Je tire ses hanches avec rigidité. Mon cœur s'emballe. Essoufflé, je peine à lui lancer des mots doux en hachant les syllabes...

— Pe-ti-te sa-lo-pe !

Ma blonde hurle d'une voix délicieusement plaintive, de plus en plus larmoyante, symptôme d'une certaine ambiguïté entre plaisir et souffrance. Elle a abandonné tout contrôle d'elle-même. Mentalement et physiquement. J'ai l'impression de secouer un pantin désarticulé. Ma poupée de chair. Ses seins ballottent dans tous les sens. Même ses mains ne tiennent plus.

— Oh ! Faites moins de bruit les mômes, j'entends plus la télé !

Putain ! Le père nous entend ! Je m'arrête un peu et Corinne me regarde d'un air hébété, les yeux lourds de honte. Quelque peu déstabilisé, je répercute sur elle ma rage de bête troublée dans sa brutalité.

— T'as honte hein ? Papa t'a entendue ? Avoue que t'as honte ?

Elle baisse la tête, silencieuse, en guise d'aveu.

— T'inquiète pas... Il savait déjà comment t'es au lit...

De toute façon c'est presque fini. Un mouvement mécanique reprend forme dans une alliance efficace entre force et vitesse. Les cris de ma copine retrouvent une intensité qu'elle tente en vain de cacher, la bouche collée à l'oreiller. Ce bruit étouffé n'en devient que plus enivrant. Le dos droit et immobile, je temporise avant le coup fatal. Les secousses plus rares, mais plus puissantes, saupoudrent sa jouissance d'une pincée de douleur. Je sens que ça vient. Le dernier coup de poignard, planté jusqu'à la garde, colonisant les contrées les plus reculées de sa chair comme si je voulais percer son cœur, s'accompagne de nos hurlements libérateurs poussés à l'unisson. Je me sens meurtrier. Je m'allonge à côté de Corinne, quant à elle toujours à quatre pattes, abasourdie, haletante, presque autiste.

— Tu vas me chercher une bière ?

Elle laisse s'écouler dix bonnes secondes, les fesses toujours tendues, avant de se lever, enfiler son peignoir et exécuter ma requête en silence.

— Tu m'aimes ?

Un faible oui, suivi d'un sourire fatigué, sort de sa bouche tandis qu'elle quitte la chambre. Moi aussi je l'aime ma Corinne. Je sais à quel point sa vie n'était pas toujours simple, ses amies m'en racontent pas mal là-dessus. Si elle se donne si facilement, c'est parce que je suis le premier à avoir caressé avec tendresse son visage disgracieux. Un visage triste, celui d'une fille qu'aucun homme n'a jamais appelée princesse. Aucun prince charmant ne viendra la sortir de son cauchemar, et elle le sait quand elle dort avec moi qui ne suis ni prince ni charmant. Il ne reste que des hommes avec leurs vices, leur violence, et elle s'en contente. Dans mes bras elle exorcise un passé plein d'humiliation, elle oublie les insultes qui résonnent toujours en elle, aussi entêtantes que le rire sardonique d'un esprit malfaisant. Tous ses rêves d'enfant, toutes ses illusions se sont évanouies. J'ai retrouvé une Corinne en mille morceaux, avec elle je manipule des fragments que rien ne recollera...

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